Le test de matière organique OM246 expliqué en vidéo

Publié le 13 mars 2024 à 07h00

Catégorie : Pratiques

Le célèbre scientifique Micah Woods, fondateur de l’Asian Turfgrass Center, a expliqué en vidéo sa méthode OM246 pour mesurer exactement la quantité de matière organique présente dans le sol et son évolution au fil du temps.

Source : Asian Turfgrass Center

Inutile de présenter Micah Woods dans le monde du gazon. Le scientifique Ph.D est le fondateur et directeur scientifique de l’Asian Turgrass Center et le directeur de PACE Turf Information Service. Il a notamment créé la méthode de nutrition MLSN (Minimum Level of Sustainable Nutrition) qui consiste, à base d’interprétation de résultats d’analyse de terre pour les gazons, à fixer des seuils minimums à respecter pour obtenir une pelouse optimale.

Le chercheur a également mis en place une méthode pour évaluer la matière organique présente dans le sol : la méthode OM246. « OM » pour « Organic Material » (matière organique), 246 car la méthode permet d’évaluer la matière organique présente à une profondeur de 0 à 2 cm, de 2 à 4 cm, et de 4 à 6 cm. Dans une vidéo publiée sur la chaine YouTube d’Asian Turfgrass Center, Micah Woods nous en dit davantage sur sa méthodologie.

La méthode OM246 comporte 4 étapes :

    • L’échantillonnage
    • L’analyse en laboratoire
    • L’interprétation des résultats
    • Les recommandations basées sur l’interprétation

L’objectif de ce test est d’évaluer, avec un test fiable, la quantité de matière organique présente au-dessus de la zone racinaire en la contrôlant au fil du temps. « Je recommande la vérification annuelle. Vous pouvez savoir si la quantité de sable ajoutée et ou de matière organique enlevée est suffisante pour maintenir la cohérence de votre zone racinaire ou si vous devez en faire plus », précise Micah Woods.

Dès lors qu’il est possible de savoir à quelle vitesse la matière organique s’accumule, et quelle quantité de sable est nécessaire pour produire les conditions de jeu souhaitées, il sera plus aisé d’améliorer la situation.

L’échantillonnage 

La première étape consiste à prélever 5 carottes ou profils de sol et à les couper à des profondeurs précises : 0-2, 2-4 et 4-6 cm sous la surface du sol. Pour les échantillons OM2 (0-2 cm), il est important de conserver les parties végétales (feuilles, racines). Il faut ensuite rassembler les différents segments entre eux avant envoi au laboratoire : les cinq segments 0-2 cm (OM2), les cinq segment 2-4 cm (OM4) et les cinq segments 4-6 cm (OM6).

A : prélèvement d’un échantillon de 6cm de profondeur. B : Segmentation de l’échantillon en 3 couches, 0-2cm, 2-4cm et 4-6cm. C,D : Idem avec un profil de sol. E : rassemblement des échantillons de même profondeur avant envoi au laboratoire. Source : Asian Turfgrass Center.

Pour un golf 18 trous, Micah Woods recommande de prélever 5 échantillons sur 3 greens différents chaque année. « Après avoir prélever 5 échantillons sur 3 greens différents, je suis convaincu que la valeur moyenne OM2 est exacte et fiable comme critère de décision », indique-t-il.

Retrouvez les instructions d’échantillonnage en cliquant ici ! 

 

L’analyse en laboratoire

Selon Micah Woods, l’avantage de la méthode OM264 est que l’intégralité de l’échantillon est mesurée, rien n’est jeté.

Le test en laboratoire se fait par perte au feu. C’est-à-dire que l’intégralité des échantillons est brulée à 440°C jusqu’à la combustion de la matière organique, alors transformée en cendres. La perte de masse après combustion donne la matière organique totale de l’échantillon.

 

Interprétation des résultats

Après avoir déterminé le taux de matière organique total, la suite du processus consiste à établir une évolution dans le temps de cette valeur. D’une année à l’autre, et pour chaque segment, le pourcentage de matière organique reste-t-il le même ? Diminue-t-il ? Augmente-t-il ?

Micah Woods propose également de comparer les taux de matière organique entre greens de même espèce, mais également entre tous les greens.

 

Recommandations

Avant de faire toute recommandation, Micah Woods observe quelques données additionnelles : la quantité de sable appliquée, le nombre de carottage, d’injection de sable ou de scarification effectué, la vitesse de croissance de la plante. « A partir de ces trois données : sable, gestion des matières organiques et croissance de la plante, le travail peut être adapté afin de produire de meilleures surfaces de jeu à l’avenir. Si les surfaces ont la juste fermeté et retiennent la bonne quantité d’eau, alors je souhaite que ma matière organique totale reste la même au fil du temps. Je pourrai alors ajuster les top dressing et autres opérations en conséquence. Si les surfaces sont trop molles et retiennent trop d’eau en surface, alors je souhaiterais que la matière organique totale diminue au fil du temps. J’augmenterais alors les sablages et autres opérations », explique-t-il. Avant d’ajouter : « Ne courez pas après un taux de matières organiques dans le sol qui est déconnecté de la performance de surface de vos greens de golf ».

En appliquant cette méthode plusieurs fois, Micah Woods a tiré quelques enseignements qu’il nous livre pêlemêle :

  • « Avec un gazon sain ou un meilleur environnement de culture, les valeurs de matière organique ont tendance à être plus élevées »
  • « Même sans carottage ou sans top dressing, la matière organique ne change pas beaucoup tant que la croissance est maintenue sous-contrôle. »
  • « Vous pouvez également vérifier la distribution granulométrique du sable OM246 après la combustion de la matière organique. Ce test supplémentaire est utile pour vérifier le type de sable au sommet de la zone racinaire et comment ce matériau se compare avec le matériau de la zone racinaire d’origine et avec le sable de la couche supérieure. »
  • « Si vous voulez faire des changements dans la zone racinaire, vous pouvez vérifier non seulement comment la matière organique change, mais aussi comment la gradation du sable change »

En France, le greenkeeper de L’Ecogolf Ariège Pyrénées, François Viovy, a testé cette méthode. Il en parle dans un article publié sur son blog greenkeeper09.

 

Corentin RICHARD

Visitez nos
autres sites