La préparation du Tournoi international de Montaigu

Publié le 12 avril 2024 à 07h00

Catégorie : Pratiques

La pelouse du Stade Maxime Bossis accueillait le Tournoi international de Montaigu du 25 mars au 1er avril. En 8 jours, la pelouse est mise à rude épreuve avec près de 20 heures de fréquentation. Pour qu’elle résiste, Régis Malidin, responsable des espaces verts de Montaigu Vendée, ainsi que son équipe composée de Mickael Gendron (chef d’équipe) et de Ludovic Bodet (technicien stades), la préparent toute l’année.

Le 25 mars 2024 marquait le début de la 51e édition du Tournoi de Montaigu. Un tournoi international qui accueille aussi bien des clubs professionnels que des sélections nationales dans la catégorie U16. Pour cette édition 2024, 22 équipes participent pendant 1 semaine, dont Brest, Rennes, Lyon, Nantes, Strasbourg, etc. Si tous les matchs sont répartis sur plusieurs sites en Vendée, la plupart d’entre eux, dont les phases finales, sont disputés sur la pelouse du Stade Maxime Bossis de Montaigu-Vendée.

Au fil des années, le tournoi a acquis une renommée internationale et a vu de grands talents y participer : Cristiano Ronaldo, Andrea Pirlo, Gheorge Hagi, Karim Benzema, Kylian Mbappé et plus récemment la pépite brésilienne Endrick. Véritable lieu de rendez-vous des recruteurs, le tournoi accueille également des sélections féminines depuis 2019. Les potentielles stars de demain foulent donc le pré de Montaigu. Et Régis Malidin, responsable des espaces verts de Montaigu Vendée, ainsi que son équipe stades composée de deux techniciens, travaillent toute l’année pour fournir aux joueurs une pelouse à la hauteur de leur talent.

 

Une vitrine pour la commune-nouvelle de Montaigu Vendée

Le tournoi de Montaigu mobilise de nombreux bénévoles. Mais pour ce qui est de l’entretien des pelouses, c’est une affaire des services de la ville, et plus particulièrement de l’équipe stades. Le mode de fonctionnement communal s’est vu quelque peu modifié lorsqu’au 1er janvier 2019, cinq communes (Boufféré, La Guyonnière, Saint-Georges-de-Montaigu, Saint Hilaire de Loulay et Montaigu) se sont réunies pour former la commune-nouvelle Montaigu-Vendée. Les services et les compétences ont fusionné, et, Régis Malidin, nommé responsable des espaces verts de la nouvelle commune de plus de 20 000 habitants, a participé à la création d’une équipe dédiée à l’entretien des pelouses sportives. Cette dernière s’occupe des 6 pelouses en herbe et des 4,5 pelouses synthétiques du territoire, dont celles accueillant le tournoi international. Au-delà du tournoi, la pelouse du Stade Maxime Bossis accueille également des équipes évoluant au niveau régional.

Véritable vitrine pour Montaigu Vendée, le tournoi bénéficie du soutien total de la ville, qui n’hésite pas à investir pour avoir des infrastructures modernes, mais également à mettre ses techniciens dans de bonnes conditions, comme en témoigne l’achat en 2022 d’un Tiny Mobile Robot traceur de lignes. Un outil extrêmement précieux pour l’équipe stades, composé d’un chef d’équipe et d’un agent. « Ces deux techniciens sont passionnés de football. Je pense que c’est important pour ce métier. Ils ont vraiment les compétences, les formations nécessaires pour ce métier très exigeant », rend hommage Régis Malidin. Le responsable des espaces verts est d’ailleurs conscient de la chance que Montaigu-Vendée a d’avoir en son sein des techniciens spécialisés dans les terrains de sport : « très peu de communes ont ce profil d’agent », lance-t-il.

 

Un véritable défi pour l’équipe stades

A seulement 3 personnes, comment préparer une pelouse qui sera utilisée 20 heures en seulement 8 jours ? A titre de comparaison, pour une pelouse honneur accueillant deux matchs de championnat par week-end, 20h de fréquentation correspond à un mois de compétition.

Le tournoi dure 8 jours, mais la préparation de la pelouse et son entretien durent toute l’année. « Nous ne préparons pas un terrain seulement pour 8 jours. Un terrain nécessite une attention perpétuelle, toute l’année », ajoute-t-il. Il n’empêche que le tournoi de Montaigu représente le climax de la saison de ces trois techniciens, qui mettent en place des plans de fertilisation, des actions mécaniques et autres tout au long de l’année pour avoir un enracinement et une pelouse de qualité.

Le terrain principale, celui du stade Maxime Bossis, a été construit en 1976 avec la technologie Sell System, « une espèce de bac à sable étanche qui se remplissait comme une piscine sous le terrain et où le gazon venait chercher l’eau en profondeur », vulgarise Régis Malidin. Une technologie certes vieillissante, et assez rare, mais qui permet à la surface de jeu d’être très drainante. Un système d’arrosage traditionnel complète cette technologie afin d’avoir une irrigation optimale. Aux vues du piétinement intense auquel le terrain est confronté, le choix des graminées s’est porté sur du 100 % Ray-grass anglais.

 

Entretenir la pelouse avant, pendant et après le tournoi

Dès janvier, le terrain est préservé avec un seul match par week-end, avec l’accord du club résident. Ensuite, l’équipe d’entretien applique un plan de fumure dès mi-mars ou mi-avril, en fonction des conditions météorologiques, pour booster la croissance de la plante. « Nous avons tout un programme avec un fournisseur d’engrais dans lequel nous apportons des oligo-éléments, des biostimulants afin d’améliorer l’enracinement et de renforcer le système foliaire », ajoute Régis Malidin. 15 jours avant le début du tournoi, l’équipe d’entretien multiplie la fréquence des tontes (3 à 4 fois par semaine) afin de stimuler l’enracinement. Pour garantir une meilleure qualité de coupe, la pelouse est tondue avec une tondeuse hélicoïdale John Deere à trois éléments.

En parallèle, l’équipe réalise plusieurs opérations mécaniques un mois avant le tournoi : aérations à lames quasiment toutes les semaines, aérations à louchets, verti-drain, piquage, regarnissage si besoin. « Tous ces travaux mécaniques font vivre le sol. Nous aurons beau apporter tous les éléments possibles, si le terrain n’est pas aéré et décompacté, cela ne servira à rien », complète le responsable des espaces verts.

L’arrosage, surtout en été, est déterminant pour que la pelouse passe l’hiver et arrive au printemps dans les meilleures conditions pour le tournoi. « Nous avons mis en place des arrosages en fin de nuit, vers 4-5h du matin, lorsque l’évaporation est faible », ajoute-t-il. La ville a également investi dans des sondes d’humidité afin de contrôler les besoins en eau de chaque terrain. La hauteur de tonte est réhaussée à 45 mm en juillet pour que le ray-grass ait plus de réserves. L’été dernier, l’équipe d’entretien a également testé des agents mouillants afin d’améliorer la pénétration de l’eau dans le sol. L’intégration de ces produits dans le protocole est en réflexion.

Pendant le tournoi, la principale mission de l’équipe d’entretien est la tonte journalière. Le traçage est géré par le robot. En fonction des conditions, une aération peut être réalisée pendant le tournoi avec le Verti-Drain. « Au bout de 20 h de fréquentation, il va bien sûr y avoir de l’arrachement, mais surtout du tassement. Il faut régulièrement percer le terrain pour qu’il soit bien drainé », explique Régis.

A la fin du tournoi, le gazon est naturellement fatigué. Le sol a été piétiné et compacté. Dans un premier temps, un décompactage est réalisé. La pelouse est ensuite tondue à la rotative, voire griffée avec une herse afin d’enlever le feutre. Le terrain est alors sablé voire amender. Il n’a pas vraiment l’occasion de souffler car le club résident rejoue sur la pelouse peu de temps après. « Nous devons relancer le terrain mais avec grande vigilance. La pelouse a été soumise à des conditions extrêmes avec des tontes régulières. Nous devons faire attention au stress post-tournoi après un tel matraquage pendant 8 jours », ajoute-t-il. Le tournoi ayant lieu au début du printemps, il n’y a pas, en règle générale, de grosses chaleurs, ce qui limite le nombre de maladies à déceler.

 

Jongler entre exigences et réalité du terrain

La pelouse du stade Maxime Bossis accueille chaque année des équipes jeunes de clubs professionnels. L’exigence est importante, et Régis Malidin doit parfois tempérer certaines demandes et s’adapter à une réalité de plus en plus difficile pour l’entretien des pelouses sportives de haut niveau. « Certains clubs et certaines nations nous demandent de baisser la hauteur de tonte à 25 mm, mais ce serait occulter la résistance du gazon. Aujourd’hui ce n’est plus possible. Nous essayons de remonter progressivement la hauteur du gazon pour qu’il se regénère bien. Nous n’utilisons plus de produits phytosanitaires, notamment pour les graminées indésirables. Plus le gazon se porte bien, moins il y aura d’indésirables donc c’est dans l’intérêt de tout le monde », explique le responsable espaces verts. Aujourd’hui, la hauteur de tonte est fixée à 32 mm. « Il ne faut pas tomber dans l’excès de l’exigence internationale. Le monde du football, des techniciens du sport, doivent comprendre que nous sommes des techniciens du sol et que c’est dans l’intérêt de tous que nous nous entendions », ponctue-t-il.

Au fil des années, Régis et son équipe se sont prêtés au jeu et ont, chaque année, élevé leur propre niveau d’exigence. Mais, aujourd’hui, est-ce toujours compatible avec les conditions climatiques actuelles ? « Nous avons monté le niveau assez haut, je pense que nous avons trouvé le juste équilibre entre les exigences sportives et les impératifs environnementaux et financiers auxquels nous sommes confrontés », se satisfait-il.

Aujourd’hui, Régis et son équipe peuvent se targuer d’avoir atteint une qualité élite à force de travail et de passion. Et ce n’est pas un hasard si plusieurs clubs de National, Ligue 2 ou Ligue 1 disputent des rencontres de pré-saison au Stade Maxime Bossis. Une véritable reconnaissance pour la qualité de leur travail.

 

Corentin RICHARD

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