Le Golf de la Presqu’île remplace ses greens synthétiques par la permaculture
Publié le 9 août 2024 à 08h00
Catégorie : Actualités
Le Golf de la Presqu’île à La Faute sur Mer a lancé un projet de rénovation de ses greens synthétiques. Ces derniers seront convertis en greens en permaculture, une pratique récente durable qui pourrait être une solution à un avenir sans produits phytosanitaires.
Les tests d’Arthur Lecomte au Golf National commencent à s’exporter. Le Référent Environnement du Golf National mène depuis de nombreux mois des essais de greens en permaculture. L’évolution de l’expérimentation partagée sur les réseaux sociaux attise la curiosité. Certains vont même franchir le pas et s’inspirer de cette méthode qui consiste à recréer tout un sol basé sur la symbiose naturelle. C’est le cas du Golf de la Presqu’île à La Faute sur Mer, qui s’est lancé dans un projet de conversion de ses greens artificiels en greens en permaculture.
Le Golf de la Presqu’ile, situé à La Faute sur Mer, est un 9 trous dont la gestion a été repris en avril 2024 par le Golf La Rochelle Sud. Ce dernier a récemment reçu le Label Or Golf pour la Biodiversité et compte bien mener des projets novateurs alliant la pratique du golf et le respect de l’environnement. Le projet Permagreens en fait partie et s’ancre parfaitement dans un contexte d’interdiction des produits phytosanitaires en 2025. D’autant plus lorsque les greens en synthétiques ne donnent plus satisfaction.
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Des risques d’échec identifiés et contrôlés
« Nous nous intéressons à un sol tellement vivant que certains pathogènes n’y auront pas leur place car ils seront déjà concurrencés par d’autres organismes bénéfiques. Cette approche repose sur la symbiose naturelle, telles que les mycorhizes, et les associations d’organismes et de micro-organismes du sol pour créer un environnement hostile aux pathogènes. De plus, le modèle de permaculture s’intègre parfaitement dans une économie circulaire. La permaculture utilise des déchets verts comme matière première pour enrichir le sol et favoriser la biodiversité. Nous avons déjà des partenaires prêts à nous fournir ces déchets verts, ce qui réduit les coûts et les impacts environnementaux liés à leur gestion. En transformant ces déchets en ressources, nous contribuons à un cycle de production plus durable et responsable. Avec ce modèle, le renouvellement ou l’agrandissement des surfaces devient moins coûteux et peut être effectué plus régulièrement », explique Robert Eugène, gestionnaire du Golf de la Presqu’île, dans une interview pour le fond de dotation FFgreen.
Ce modèle a déjà fait ses preuves en agriculture, pas encore sur les terrains de sport. Et plusieurs raisons d’échec peuvent être envisagées.
Les 4 potentielles raisons d’échec d’un green en permaculture :
- Fonctionnalité agronomique non optimale : la surface de jeu ne présente pas une assez bonne croissance et densité du gazon et une résistance aux maladies
- Hauteur de tonte : la permaculture rend le maintien d’une hauteur de tonte très difficile
- Déformations ingérables par entretien régulier : la surface de jeu est irrégulière/déformée et ne peut pas être réparée avec des opérations d’entretien régulier
- Besoins en eau classiques : malgré des efforts de réduction des besoins en eau, les permagreens nécessité une irrigation similaire aux greens traditionnels
Pour Robert Eugène, la capacité des permagreens à offrir une fonctionnalité agronomique optimale fait très peu de doutes, notamment au vu de la réussite de cette méthode dans divers contextes agricoles. Concernant la hauteur de tonte, il faudra sans doute adapter certaines pratiques dont le travail du sol pour parvenir à tondre à une hauteur optimale. Le gestionnaire estime également que les déformations de la surface seront lentes et que des opérations telles que des sablages réguliers pourraient pallier ce problème. Enfin pour ce qui est de la gestion de l’eau, une autre innovation pourrait être testée, en complément, pour réduire drastiquement la consommation en eau des greens. Il est toutefois trop tot pour en parler. « L’innovation comporte toujours une part de risque, mais c’est aussi ce qui permet de réaliser des avancées significatives pour un avenir durable », ajoute Robert Eugène.
Economie locale et valorisation des déchets
Outre l’aspect vie du sol et respect de l’environnement, le projet se montre aussi vertueux au niveau de l’économie locale. « Notre projet de transformation des greens, adoptant la permaculture, se distingue non seulement par son impact environnemental positif mais aussi par son modèle économique innovant, basé sur l’utilisation optimale des ressources locales et recyclées », indique Robert Eugène. En effet, le Golf de la Presqu’île à nouer plusieurs partenariats avec des entreprises et des collectivités locales pour la récolte de déchets verts. Ces déchets seront valorisés et utilisés pour l’élaboration des substrats en permaculture. C’est en outre un deal gagnant-gagnant : les partenaires se débarrassent de déchets dont le golf a besoin, tout en renforçant les liens de la communauté locale.
L’initiative attire également la curiosité des joueurs et des visiteurs du golf. « Beaucoup sont intéressés par l’idée de jouer sur des greens plus écologiques qui contribuent à la préservation de l’environnement local. Cette curiosité est alimentée par une conscience croissante des enjeux environnementaux et une volonté de soutenir des initiatives durables », ajoute le gestionnaire. Un véritable cercle vertueux.
Un suivi scientifique à organiser
Sur les surfaces sportives, exceptée l’expérimentation d’Arthur Lecomte au Golf National, les retours d’expérience manquent encore. C’est pourquoi il est primordial de mettre en place un suivi scientifique très poussé afin de suivre l’évolution de ces surfaces de jeu durables. Pour cela, le Golf de la Presqu’île bénéficie du soutien de la Fédération Française de Golf (ffgolf) et du fond de dotation FFGreen.
A ce titre, Robert Eugène laisse la porte ouverte à toute collaboration extérieure qui pourrait permettre un suivi scientifique des plus précis. « Plus nous aurons de collaborations, meilleur sera le suivi scientifique à tous les niveaux. Sans un suivi très poussé, il manquera toujours des réponses cruciales. Il faut faire cela à fond pour garantir le succès de l’initiative », explique-t-il.
Même si à l’avenir le projet tourne à l’échec, son initiateur voudra en connaitre les raisons et ajuster les pratiques en conséquence en se basant sur les données scientifiques récoltées, aussi bien sur les conditions de jeu que sur les conditions abiotiques. Et le jeu en vaut clairement la chandelle : « Si nous réussissons, cela pourrait ouvrir de belles perspectives pour le golf en tant que sport en harmonie avec la nature. Le succès de ce projet pourrait inspirer d’autres clubs à adopter des pratiques durables, créant ainsi un impact positif à grande échelle », conclut Robert Eugène.