Golf de l’Isle d’Adam : Une vision photogénique du golf

Situé à quelques kilomètres à l’Est de Paris, le Golf de l’Isle d’Adam a connu une montée en gamme ces dernières années. Son greenkeeper depuis 2021, Etienne Pillier, est guidé par une ambition esthétique photogénique de son parcours. Dans la lignée de son père, à qui il a succédé, et aidé par une flotte 100 % John Deere, l’intendant se donne les moyens de ses ambitions.

Dans le paysage des nombreux golfs parisiens, celui de l’Isle d’Adam a peu à peu réussi à se faire une place. Situé à 45 minutes de la Capitale, ce golf composé d’un 18 voit le jour en mai 1995, sous les coups de crayons de l’architecte Ronald Fream. En 2013, le golf est racheté par un fonds d’investissement chinois, First Shanghai Investment, ce qui redonne de l’élan au projet initial. L’ambition est de proposer un parcours de qualité, et pour ce faire les équipes et le matériel d’entretien sont renforcés. En 2019, un hôtel 4 étoiles+ attenant au golf est construit.

Être greenkeeper à l’Isle d’Adam : une histoire de famille

Tombé amoureux du parcours à sa première venue, Leslie Pillier n’a pas hésité lorsque l’occasion d’y travailler en tant qu’intendant s’est présentée. Durant plusieurs années, il aura participé à la montée en qualité du parcours avant de partir à la retraite en 2021. Son remplaçant n’est nul autre que son fils, Etienne Pillier. Père et fils ont donc partagé la même passion, sur le même golf, pendant 4 années. « Il n’a pas réussi à me dégouter du métier », lance Etienne en rigolant.

Très jeune, à l’âge de 8 ans, Etienne aidait son père sur un parcours. Après avoir obtenu son bac pro paysager, Etienne Pillier suit un CS jardiniers de golf, ce qui lui permet d’effectuer une alternance au Golf de Saint-Cloud pendant une année. Dans la foulée, il retourne travailler au Golf de Morfontaine pendant 13 mois, l’occasion pour lui d’apprendre le greenkeeping haut-de-gamme sous la houlette de Jonathan White, le head greenkeeper de l’époque. Après cette expérience enrichissante, Etienne Pillier prend du galon du côté du Golf de Feucherolles, qu’il rejoint en juillet 2015 en tant qu’adjoint. A Feucherolles, il apprend une approche de l’entretien du parcours plus débrouillarde et autonome, avant de devenir l’adjoint de son père en février 2017 au Golf de l’Isle d’Adam.

Le fils est désormais seul à la tête de l’entretien du parcours depuis 2021, même si le père n’est jamais très loin. « Avec l’expérience et le temps, nous connaissons les bonnes actions à mettre en œuvre, mais nous avons toujours besoin d’une épaule, d’un guide et d’un mentor dans ce métier, et cette personne c’est mon père », reconnait-il.

La beauté au cœur de l’entretien

Si son père a réussi à élever la qualité du parcours à un certain standing, Etienne Pillier veut aller encore plus loin, tout en prenant en considération les préoccupations environnementales contemporaines. Au Golf de l’Isle d’Adam, l’utilisation de produits phytosanitaires est minimisée, en ultime recours. Et pour cela, les opérations d’entretien doivent être nombreuses et régulières. « Avec une routine d’entretien intense et régulières, la pression maladie se réduit », indique le Head Greenkeeper. C’est le prix à payer pour Etienne Pillier, afin de se donner les moyens de ses ambitions. « J’ai une approche assez photogénique du golf pour offrir une véritable expérience aux golfeurs », confie-t-il, tout en ajoutant vouloir rester fidèle à la « philosophie des Pillier : ne pas faire comme les autres, ou le moins possible comme les autres ».

A ce titre, et afin d’atteindre une qualité visuelle très haute, une très grande attention est portée aux greens, naturellement. Etienne Pillier et son équipe de neuf salariés ont mis en place des actions simples mais régulières. Les tontes en croisé sont réalisées six fois par semaine, la tonte des fairways se fait avec bacs de ramassage toute l’année. Les greens sont roulés au moins cinq fois par semaine. De légers sablages sont effectués chaque semaine, quelques sablages plus lourds sont réalisées aux périodes d’aération (aération avec louchets pleins 2-3 fois dans l’année et 2 micro-extractions dans l’année). Toutes les semaines, des aérations spike sont faites pour aider au mieux la percolation. 

Le Golf de l’Isle d’Adam fertilise en liquide toute l’année les greens, avant-greens et départs. Sur les fairways organo-minérale avec des appoints liquides, tout comme sur les départs. En parallèle, Etienne Pillier utilise de plus en plus de produits de biocontrôle. 80 % des intrants liquides sont des biostimulants. Des acides aminés sont également régulièrement appliqués. Ce protocole a permis de limiter le feutre qui était très présent auparavant, à la prise de fonction de son père.

Le parcours a encore une belle marge de progression au niveau de l’irrigation. Plusieurs vagues de rénovations de l’arrosage sont prévus afin d’avoir une irrigation homogène sur les fairways. Quant aux greens, Etienne Pillier applique de la céramique cinq fois dans l’année afin d’éviter les dry-patchs. Il utilise également des agents mouillants.

Un parc matériel 100 % John Deere

Depuis de nombreuses années, le Golf de l’Isle d’Adam est le premier golf français à utiliser un parc matériel intégralement composé de machines John Deere (excepté quelques indispensables d’autres marques). Cette opportunité a été enclenchée par Leslie Pillier en 2015, et perpétuée par son fils Etienne, plus que satisfait par la marque au cerf jaune.

Le Golf de l’Isle d’Adam est en contrat de location avec John Deere. Le parc matériel est régulièrement renouvelé, ce qui permet d’avoir des machines presque constamment en bon état, une nécessité pour maintenir le parcours vers le haut de gamme.

La relation privilégiée qu’entretient le golf avec la marque lui permet de tester les nouveautés avant les autres, comme l’autoguidage lorsque celui-ci est sorti. Un outil à l’utilisation amusante selon Etienne Pillier, qui permet un travail au millimètre près avec le pulvérisateur notamment. « Dans la philosophie économie de produit, c’est très utile », confie-t-il.

Les bunkers, la signature du parcours

En 2016, le Golf de l’Isle d’Adam lance une vague de travaux sur ses bunkers sur un programme de 5 hivers. L’objectif est d’apporter du défi aux golfeurs, et d’apporter une véritable signature au golf. C’est désormais chose faite. Chaque bunker présente des lèvres léchées. Au trou n°8, considéré comme le trou signature, nous retrouvons un complexe de bunkers, dont un en forme d’île. Deux nouveaux bunkers ont été créés au trou n°13, et celui du trou n°12 a été rénové dans un design totalement original en épousant la forme du logo du club : un vanneau. Ce dernier bunker fait désormais office d’emblème du parcours de l’Isle d’Adam. « En amont, nous avions fait venir le cabinet d’architecte Golf Plan, créé par Ronald Fream, afin d’avoir carte blanche pour embellir le parcours. Nous avions pour objectif de faire des bunkers à fond plat pour être plus rapide dans le ratissage à la main. Avec l’amour de l’architecture et l’inspiration de grands noms d’architecte de golf, j’ai moi-même élaborer la topographie des bunkers sans perdre l’esprit et le dessin original de Fream. Certains bunkers ont été rétréci, d’autres sur fairway bouchés pour correspondre aux mieux au jeu actuel », explique Etienne Pillier.

Ce projet de bunker, impulsé et suivi minutieusement par Etienne Pillier et son équipe, est en quelque sorte la pierre qu’il a su apporter à un édifice façonné en grande partie par son père. Il a été mené sans perturber la conception originale de Ronald Fream. Il est désormais l’une des marques de fabrique de l’Isle d’Adam, l’une des composantes d’un tableau harmonieux qui a su rester entre traditions et modernité.