Solidays à l’Hippodrome de Longchamp : Comment gérer un festival sur les pistes ?
Publié le 12 septembre 2024 à 07h00
Catégorie : Pratiques
Depuis 1999, le festival Solidays se déroule à l’Hippodrome de Longchamp durant le mois de juin. Un événement qui nécessite une certaine organisation pour les équipes d’entretien des pistes. Eloi Lebrun revient sur la préparation d’un tel événement et les conséquences sur les pistes.
Bonjour Eloi, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je m’appelle Eloi Lebrun, j’ai 29 ans. Je travaille depuis quatre ans à l’Hippodrome de Longchamp au sein duquel je seconde le directeur technique. J’ai également des missions de conseil et de formation en agronomie auprès des autres hippodromes de France Galop. J’ai auparavant travaillé quelques années dans le greenkeeping, notamment au Golf de l’Isle d’Adam (95) ainsi qu’au Golf National lors de deux Open de France et de la Ryder Cup en 2018.
Quand et où les Solidays ont-ils eu lieux ?
Le festival Solidays s’est tenu du 28 au 30 juin au centre de l’hippodrome, qui nous sert habituellement de parking, ainsi que dans ce que nous appelons les coteaux, c’est à dire les prairies extensives situées entre nos différentes pistes. Le festival se tient à Longchamp depuis 1999.
En termes d’infrastructure et de public, qu’est-ce que ce festival représente ?
Tous les ans, l’association Solidarité sida installe de nombreuses structures imposantes (scènes, chapiteaux, villages…) , ainsi que des zones de camping et de logistique. L’emprise du festival s’étend sur la quasi-totalité de l’hippodrome, à l’exception de la piste de galop et de nos installations (tribune, bureaux, ateliers…). Ce festival a l’habitude de recevoir en moyenne 230 000 festivaliers ces dernières années.
Pourquoi est-il organisé à l’Hippodrome ? Est-ce que cela colle avec votre calendrier des courses ?
C’est la Ville de Paris – dont nous sommes locataires- qui a attribué cet emplacement au festival. Nous n’avons pas de réunion pendant le festival en lui-même, mais son installation représente un défi organisationnel et nous devons aménager le calendrier des courses en conséquence.
En tant que régisseur de pistes, à quels dégâts avez-vous du faire face ?
Hormis les surcoûts auxquels nous devons concéder pour la bonne tenue de l’évènement (prêt de matériels, de matériaux et de personnels), les dégradations sont surtout des détérioration du mobilier, des déchets type ordures ménagères ; et évidemment le piétinement massif exercé par les festivaliers, les infrastructures et les engins de chantiers.
Le grand parking central qui est dédié à un usage intensif, est conçu et entretenu à cet effet. Les coteaux cependant, qui sont le reste de l’année des prairies fleuries, souffrent beaucoup de ce piétinement et le couvert végétal met du temps avant se régénérer, d’autant plus qu’il nous est demandé de faucher ces prairies naturelles avant la période de maturation et de dissémination des semences. Une chute de la diversité végétale et animale est d’ailleurs observée depuis plusieurs années avec une diminution des variétés de plantes à fleurs, des populations d’insectes, ainsi qu’une fuite durable des mammifères et passereaux.
L’impact sur les courses quant à lui est causé par les traversées de piste que nous devons pratiquer à de nombreux endroits, notamment en déplaquant le gazon. Le plaquage et replaquage des mêmes zones tous les ans n’est pas sans conséquence sur la planéité et la compaction du substrat, et à fortiori sur la sécurité des chevaux et des cavaliers lorsqu’ils sont lancés à plus de soixante kilomètres /heure.
Les conditions climatiques actuelles n’aident pas j’imagine ?
Par temps sec le vent charrie beaucoup de poussière sur la piste, par temps pluvieux les engins créent des ornières…
Comment préparez-vous un tel événement pour limiter les dommages sur le gazon ?
Afin de limiter au mieux ces dommages, nous agissons sur plusieurs sujets : l’irrigation, afin d’apporter une réserve d’eau suffisante au gazon sans trop assouplir le sol qui mènerait à des déformations ; le passage d’une tonne à eau toute la journée sur les chemins dégageant de la poussière ; la clôture de toutes les zones accueillant le festival.
Quels travaux suivent la tenue du festival ?
Après le départ du festival, nous devons décompacter et aplanir les traversées de piste pour ensuite les replaquer avec le gazon que nous avons gardé en gauge. Nous devons également reprendre la planéité du chemin faisant le tour du practice du Golf Paris Lonchamp.
Enfin, il faut rattraper les retards d’irrigation car nous ne pouvons pas déclencher nos programmes habituels pendant la durée du festival.
Après le festival, quelle est la suite pour les pistes de Longchamp (travaux ou changement à prévoir) ?
Notre prochaine grande échéance était l’organisation du Grand Prix de Paris le 13 Juillet. Viendra enfin notre plus grosse réunion de l’année, le weekend du Prix de l’Arc de Triomphe, les 5 et 6
octobre.