Perpignan : Le second souffle de la pelouse d’Aimé Giral

Publié le 15 novembre 2024 à 07h00

Catégorie : Actualités

Durant l’été 2024, la pelouse du Stade Aimé Giral de Perpignan a été refaite, pour le plus grand bonheur de Yann Pabbruwee, Head Groundsman pour Parcs & Sports. Le terrain n’avait pas été changé depuis 70 ans, ce qui rendait son entretien difficile. Avec une pelouse hybride flambant neuve, un nouveau défi s’offre à ce responsable passionné.

Aimé Giral Perpignan nouvelle pelouse

L’été 2024 a été intense pour le Stade Aimé Giral de Perpignan et son Head Groundsman, Yann Pabbruwee. Pour la première fois depuis plus de 70 ans, la pelouse du domicile de l’USAP a été totalement rénovée. Un nouveau départ, pour Yann Pabbruwee, qui a dû composer jusqu’alors avec les conditions climatiques extrêmes de la région et un substrat vieillissant. Le jeune Head Groundsman, passé par St George’s Park, s’est impliqué corps et âmes dans ce projet, bien épaulé par son adjoint Philippe Juanole. Retour sur un été de transformation.

 

Le déroulé des travaux

Les mois de juin, juillet et août ont été très animé au Stade Aimé Giral de Perpignan. Les travaux, gérés en co-traitance par Parcs & Sports, Spie Batignolles et Natural Grass, sous la maitrise d’œuvre de la société Osmose mandatée par la mairie de Perpignan, ont permis de remettre entièrement la pelouse à neuf. La première phase de l’été a principalement mobilisé les équipes de Natural Grass et Parcs & Sports, qui ont travaillé sur le fond de forme, la couche drainante, les bordures et l’amendement. Yann Pabbruwee a pris le relais en procédant au semis de la nouvelle pelouse le 12 août, réalisé de nuit pour profiter de conditions optimales.

Un pari risqué compte tenu des conditions climatiques et de la composition en sable pur du nouveau substrat. Mais le défi a été relevé avec succès avec une météo clémente : les nuits étaient chaudes sans être caniculaires, permettant au gazon de lever rapidement. Yann Pabbruwee avait opté pour un mélange de paturin américain et de Ray-grass pour avoir une certaine densité.

Il fallait au moins cela pour espérer livrer le nouveau terrain le 28 septembre pour la réception de Clermont. Seulement 34 jours après le semis, le terrain a été stitché (GrassMax). Une étape stressante pour le groundsman, jusqu’alors très serein dans le déroulé des travaux. « Je connais bien mon métier et j’avais la météo de mon côté. Mais le moment le plus stressant a sans doute été le passage des machines à stitcher sur la jeune pelouse », reconnait-il. Pendant 7 jours, le jeune semis a dû résister aux passages des grandes machines à coudre imposantes.

 

Nouvelle pelouse, fin des problèmes ?

Grâce à cette rénovation, Yann Pabbruwee et son adjoint Philippe Juanole peuvent tourner la page d’un terrain qui leur donnait du fil à retordre chaque saison. L’ancien substrat, un terre-sable initialement, avait été amendé chaque année, créant un sol hétérogène avec des zones argileuses et d’autres sableuses, entrainant une grande disparité de drainage (de 10 à 50 mm/h selon les zones). Cela nécessitait de nombreuses opérations mécaniques et une gestion localisée minutieuse de la part du Head Groundsman.

A ce substrat vétuste s’ajoutaient des conditions climatiques extrêmes l’été qui contribuaient à faire de la pelouse un terrain propice aux maladies. L’été, la pelouse était régulièrement touchée par le sclerotium rolfsii (mildiou ou southern blights), une maladie du gazon qui se développe sur substrat terre-sable dans des conditions de fortes chaleurs et d’humidité. Avec ce nouveau substrat en 100 % sable, Aimé Giral devrait être mieux protégé contre cette maladie.

Passé par St Georges Park, le centre d’entrainement national d’Angleterre, Yann Pabbruwee a l’habitude de travailler sur des surfaces hybrides. Ce nouveau terrain ne devrait d’ailleurs pas bouleverser son plan d’entretien. « Peu de choses changent dans mon programme d’entretien finalement. Nous défeutrions déjà beaucoup. Mais avec ce nouvel outil, nous allons pouvoir faire du détail et de la précision, là où auparavant nous nous battions pour la maintenir dans un état correct », ajoute-t-il. 

Le terrain s’est très bien comporté lors des 4 premières rencontres qu’il a accueillies. Bien qu’une légère perte de densité ait été observée par endroit, aucun arrachement n’a eu lieu, en partie grâce à un système racinaire solide, développé en profondeur jusqu’à 20 cm. Une grande satisfaction pour Yann Pabbruwee.

Racines Aimé Giral

 

Un terrain digne de l’USAP et de l’investissement de l’équipe terrain

Chaque été, l’état de la pelouse d’Aimé Giral faisait couler beaucoup d’encre dans les médias. Une mauvaise presse qui ne reflétait pas l’investissement mis par l’équipe de terrain. « Ce n’est jamais agréable à vivre… Malgré tous nos efforts, la surutilisation de la pelouse nous mettait dans des impasses. C’était parfois compliqué de faire face aux critiques malgré notre engagement », admet Yann Pabbruwee. Cet aspect médiatique fait malheureusement partie intégrante du métier de Head Groundsman. Les pelouses font la Une lorsqu’elles sont en mauvais état, avec les groundsmen en première ligne des critiques.

Avec ces travaux, le jeune Head Groundsman espère que les étés seront plus calmes, tant sur la pelouse que dans les médias. Il a en tout cas tout fait pour durant les travaux. « Pendant un mois ce terrain a été mon bébé. Je me suis impliqué complètement, quotidiennement jusqu’à la livraison. En tant que passionné du gazon, ce sont des choses qui font partie intégrante de notre vie. Nous pensons toujours à notre pelouse, nous allons toujours la voir, nous nous en soucions constamment », confie-t-il.

« Nous nous sommes donné les moyens de nos ambitions, poursuit-il. La pelouse est digne du club ! » Les joueurs et le staff n’ont pas manqué de le faire savoir, les retours sont plus que positifs. Et l’avenir semble prometteur pour Aimé Giral et son Head Groundsman. En guise de symbole, la nouvelle pelouse a même été bénie par un imam, un rabbin et un évêque. De quoi offrir beaucoup de sérénité à l’USAP et à Yann Pabbruwee.

Corentin RICHARD

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