Carnets de confinement – Episode 1
Publié le 9 avril 2020 à 05h00
Catégorie : Actualités
Vous avez été nombreux à répondre à notre questionnaire portant sur la crise du Coronavirus et nous vous en remercions. Dans ce premier épisode, nous revenons sur vos témoignages quant à la réorganisation du travail en période de confinement.
Cela fait maintenant trois semaines que la France vit au rythme – forcément ralenti – du confinement que doit observer la population afin d’endiguer la propagation du Coronavirus. Pour autant, la grande majorité des professionnels du gazon ont dû continuer à occuper le terrain pour ne pas laisser leurs surfaces engazonnées en déshérance, à l’instar de Julius le Tutour, régisseur des hippodromes de Lyon, que nous avons rencontré quelques semaines auparavant :
« Je suis pour ma part de retour sur mon tracteur, ainsi qu’aux opérations quotidiennes (arrosage, traitement, semis). »
De là à dire que rien n’a changé dans le quotidien des intendants, il y a un pas : le confinement induit des conditions de travail inédites, comme nous en fait part un greenkeeper adjoint :
« Il est évident que notre quotidien n’est plus le même depuis l’annonce du confinement (…). L’entretien quotidien que nous avions l’habitude de faire pour préparer le parcours aux golfeurs avant leur arrivée a laissé place aux bonnes pratiques culturales et à un entretien plus bénéfique à la santé du gazon et du végétal qu’au jeu de golf. »
La raison la plus évidente étant que les staffs ont dû se réorganiser en vue de respecter les consignes de sécurité sanitaire et ainsi éviter la propagation du Covid-19 :
« L’objectif est qu’il y ait le moins possible de jardiniers en même temps sur le parcours et dans les bâtiments d’entretien: horaires décalés, pas ou très peu de travaux manuels (afin d’éviter les échanges d’outils), désinfection du matériel après chaque utilisation, les machines restent dehors au soleil, le réfectoire n’est plus utilisé et le vestiaire au stricte minimum… Nous n’avons rien imposé au personnel, les plannings se font en concertation et sur la base du volontariat. »
– Guy Talpe, greenkeeper, Golf Country Club de Cannes-Mougins
Une réorganisation qui a conduit certaines directions d’équipes à recourir au chômage partiel, comme le détaille un autre greenkeeper :
« Nous travaillons 12 heures par semaine réparties sur 7 jours pour avoir un maximum de 4 jardiniers sur site et éviter qu’ils ne se croisent trop. Un jardinier par véhicule et un maximum de deux par tâche. Nous assurons les tontes et, à temps perdu, ( il y en a peu) quelques travaux (tronçonneuse, ramassage de branche….) »
Plusieurs témoignages soulignent un autre facteur de changement : l’absence du public, qui de fait supprime les opérations de remise en état des gazons, et permet d’effectuer des opérations mécaniques, ainsi que l’application d’intrants (amendements, engrais…).
A propos d’intrants, l’une des stratégies possibles en période de confinement – et donc d’effectifs réduits – est justement de limiter l’utilisation d’engrais pour réduire le nombre de tontes, quand bien même certaines zones, telles les greens de golf, restent des zones entretenues en priorité.
« Pour limiter les risques (sanitaires), la quasi-totalité de l’entretien se limite à de la tonte. Nous avons remonté toutes les hauteurs de coupe et nous ne faisons que de très faibles apports d’engrais, pour limiter les fréquences de tonte. »
– Guy Talpe
Reste que l’incertitude quant à la durée de ce confinement rend aléatoire la planification des opérations, comme l’indique Christian Veyret, intendant du Stade des Alpes à Grenoble :
« Des travaux – scarification, regarnissage, sablage et perforation – ont été effectués la semaine avant le confinement. Nous attendons de voir l’évolution du confinement pour peut-être envisager d’autres travaux. »
Nous devrions en savoir plus lundi prochain, après la déclaration du Président de le République.
redaction.gsph24profieldevents.com (Idir Zebboudj)