Guy Talpe : "Nous constatons une évolution de notre flore avec de plus en plus de « bermuda » et d’agrostides"

Publié le 21 octobre 2019 à 08h00

Catégorie : Pratiques

Guy Talpe, greenkeeper du Golf Country Club Cannes-Mougins depuis presque 25 ans, a accepté de répondre à nos questions sur l’entretien de ce magnifique parcours. Découvrez cette interview exclusive.

Depuis quand êtes-vous présent sur ce golf ? Quel est votre parcours personnel ?

Je suis arrivé au Golf Country Club de Cannes-Mougins (GCCCM) en 1995 après avoir travaillé cinq au Golf d’Hulencourt en Belgique et je suis de la promotion 88-89 du CCPA de Dunkerque.

De combien de personnes se constitue votre équipe pour entretenir le parcours ?

Nous sommes une équipe de 13 personnes composée de deux adjoints, un fontainier, un mécanicien, sept jardiniers dont un alternant (B.T.S.) et un jardinier pour les abords du club house.

Quel est le substrat utilisé sur votre golf ?

Nous avons trois types de greens sur le parcours :

10 greens plus les putting green qui datent de la rénovation complète du parcours (1976) : sable calcaire qui vient d’une carrière locale avec un « massif drainant »
5 greens aux normes USGA construits en interne entre 1998 et 2001
4 greens aux normes USGA construits en 2014 et 2015

Nous avons en projet de refaire les plus vieux greens assez rapidement.

Les départs ont presque tous été refaits depuis que je suis arrivé avec un mélange 25-30% de terre végétale et 70-75% de sable. Ils sont essentiellement constitués d’agrostides.

Les fairways et roughs sont sur le substrat naturel et sont très hétérogènes (argilo-limoneux et limono-argileux avec la présence plus ou moins profonde de roche calcaire) avec une alternance de zones « séchantes » et de zones humides et donc une flore, elle aussi, hétérogène.

Comment se déroule, de façon générale, l’entretien de votre parcours ? (Semaine type, opérations mécaniques, plan de fertilisation etc…)

La configuration de notre parcours (en longueur, dans une vallée avec une surface limitée) nous oblige à démarrer l’entretien le plus tôt possible avec un matériel conséquent pour ne pas gêner les joueurs et perdre le moins de temps possible, et, l’architecture de nos bunkers nous oblige à faire un ratissage manuel. La tonte des greens se fait donc à deux machines et les opérateurs effectuent le ratissage des bunkers en même temps. Pour les départs et avants-green (mardi, jeudi et samedi) ainsi que les fairways (lundi, mercredi et vendredi) nous utilisons trois machines et les opérateurs s’occupent aussi du ratissage des bunkers de fairway.

Sur green :

Cette année, nous avons effectué deux « verticuts » profonds (20 mm) avec apports de sable sec (40 tonnes par opération), une aération profonde (pointes de 20 mm à 20-25 cm), une aération avec des pointes de 12 mm et plusieurs aérations avec injection d’air.

– 2 à 3 top-dressing par mois

– Fertilisation en très grande partie liquide

Sur départ :

– Fertilisation : mixte solide-liquide

– Deux aérations/an

Sur fairway

– Fertilisation : mixte liquide-solide

– Une aération à lames, type Shockwave

– Sablage important : l’objectif est de mettre 2000 tonnes/an pour reconstituer un nouveau profil homogène.

Avez-vous mis en place une réduction de produits phytosanitaires ?

Oui, nous essayons afin de limiter au maximum notre dépendance et limiter notre impact sur l’environnement.

Comment se déroule l’arrosage de votre parcours et d’où provient l’eau ?

Nous avons deux forages avec une réserve de 15 000 m². Nous avons une eau très chargée en bicarbonates (plus de 480 mg/L) avec un titre hydrotimétrique proche de 50, qui nous oblige à utiliser un système d’acidification. Malgré tout, nous constatons une accumulation de ces bicarbonates, qui rend la gestion de l’arrosage et du parcours de plus en plus compliquée, au fil de l’été. Les pluies automnales ou, avec un peu de chance, les pluies estivales, permettent un lessivage de ces bicarbonates et donc une remise à disposition des éléments nutritifs et une meilleure perméabilité du sol.

Nous essayons d’espacer au maximum les apports d’eau et de les fractionner lorsqu’ils sont faits. Donc pas d’arrosage quotidien (sauf pendant la période la plus sensible) avec un apport en plusieurs fois dans la nuit pour éviter la formation de rosée. L’humidité des greens et départs est contrôlée quasiment quotidiennement avec une sonde hygrométrique mobile avec des apports d’eau manuels si nécessaire.

Quelles difficultés avez-vous rencontré ? (Maladies, etc.)

C’est le dollar sport qui nous pose le plus de problèmes avec des attaques à la fois plus précoces et plus tardives, ce qui a permis à Ecoumène(organe d’épidémio-surveillance de l’Agref – ndr) d’avoir un champ d’essai intéressant.

Nous constatons aussi une évolution de notre flore avec de plus en plus de « bermuda » et d’agrostides, mais surtout le développement important de certaines graminées indésirables, qui seront difficiles à éliminer dans quelques années avec la disparition annoncée du glyphosate (éleusine, paspalum dilatatum et vaginatum, sporobole…).

Vous retrouverez d’ici quelques jours les réponses de Guy Talpe pour notre série de tribunes : « Zéro phyto : mythe ou réalité ?« .

redaction.gsph24atprofieldevents.com (Lucas Sanseverino)

Crédit photos :Golf Cannes Mougins

Rédaction GSPH24

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