Denis Bertrand : « Le golf est devenu pour certains un simple loisir où le pratiquant a beaucoup moins de respect pour les greenkeepers. »

Publié le 24 juillet 2019 à 12h29

Catégorie : Pratiques

Rencontré à l’occasion de la Green Golf Convention, Denis Betrand, Directeur du Golf de Font-Romeu, évoque les différentes évolutions de son métier, de l’image des greenkeepers et du rapport avec les joueurs au recours à de nouvelles méthodes de travail, en passant par l’impact du changement climatique.

Quels sont les perspectives d’évolution du métier d’intendant avec la réglementation sur les produits phytos et les nouvelles règles du golf ?

Nous allons travailler différemment et surtout mécaniquement c’est à dire qu’il y aura des besoins très importants dans l’emploi de machines comme il y a quelques années, et donc une utilisation très réduite de produits. Le risque est que les golfs qui ont recours à l’utilisation importante de produits et qui travaillent peu mécaniquement vont ressentir des difficultés à s’adapter aux nouvelles réglementations.

Les nouvelles règles de golf vont quant à elles influencer la vitesse du jeu. Le comportement du golfeur a changé, le golf était auparavant un sport à part entière avec beaucoup plus de respect du parcours et du personnel qui l’entretient. Aujourd’hui le golf est devenu, pour certains, un simple loisir où le pratiquant a beaucoup moins de respect. Les règles vont permettre de ré-accélérer le jeu. On va également pénaliser les gens qui ne respectent pas le parcours. Cela va permettre de remettre tous les golfeurs sur un pied d’égalité. Tout va redevenir simple et saint, ce qui est très important pour les greenkeepers qui vont être bien plus respectés.

Comment le métier d’intendant a évolué avec la technologie et la data ?

Cela nous a permis de gagner en précision concernant nos dosages. Quand tout cela n’existait pas, nous étions vu comme des gaspilleurs. Avec l’utilisation d’applications telles que celles dédiées à l’arrosage par exemple, nous avons prouvé que nous n’étions justement pas des gaspilleurs. Il y a un respect optimal de l’utilisation de l’eau grâce à ces avancées technologiques. C’est devenu fondamental pour notre métier et l’image que l’on dégage. Nous maîtrisons tout à distance, depuis chez soi par exemple. Cela est plus confortable et donne une image valorisante de notre profession. Cette technologie nous a également permis de réduire considérablement nos coûts en rendant notre travail plus précis.

Comment gérez-vous le stress quotidien avec la pression des médias, des clubs et des organisations professionnelles ?

J’ai la « chance » d’avoir une double casquette : celle de directeur et également d’intendant mais je suis tout de même confronté à stress très réel. Aujourd’hui, on se préoccupe plus de l’arrivée de groupe et de l’aspect financier que de l’entretien des golfs, c’est une hérésie totale. Il y’a beaucoup de report concernant les tâches de l’intendant et du greenkepper et ils n’ont plus la force de se faire écouter sauf pour ceux qui ont un statut professionnel. Nous sommes dans une logique où il faut être encore plus professionnel pour être écouté.

Quand le changement climatique a-t-il commencé à impacter votre métier ?

Je le ressens depuis 10 ans. Il y a changement au niveau du ressenti des mois. C’est-à-dire que la période juillet-aout devient celle de septembre-octobre, nous faisons place à un véritable décalage ou il a plus de temps d’été que d’hiver. Un autre problème inquiétant et celui de la faune et la flore qui se sont déplacés. Des maladies de la flore proviennent de Tunisie et arrivent en France. Nous allons donc travailler avec de nouvelles problématiques ainsi que de nouvelles variétés de produits et cela très inquiétant pour notre métier.

Crédit Photo :Viviane & Jean Phillipe Vignaud

redactionateprofield.com (Lucas Sanseverino)

Rédaction GSPH24

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