Golf d'Aix-les-Bains : une gazonnière de 1100 m² sur place

Publié le 18 mai 2022 à 05h00

Catégorie : Pratiques

Le Golf Club Aix-les-Bains Riviera des Alpes 1895 a la particularité d’avoir sa propre gazonnière. Stephen Leoty, le greenkeeper, nous explique les avantages de ce choix.

Comment est né ce projet?

Nous avons déjà essayé de créer une première gazonnière il y a 6 ans en arrière sur une prairie avec un gazon de hauteur de fairway. Nous avons fait appel à une entreprise pour faire les fonds de forme pour une gazonnière de 1000 m2 mais, après les travaux, elle a été laissée à l’abandon.

J’ai décidé de tout reprendre il y a 3 ans. Nous avons tout enlevé, tout décontaminé et tout refait en rajoutant du sable et des matériaux. Il y avait une couche drainante en gravier et, par-dessus, nous avons ajouté une vingtaine de centimètre de sable de construction de green, amendé avec de la matière organique pour que ça ne soit pas que du sable pur. Un système d’arrosage périphérique a ensuite été installé pour arroser la gazonnière au même titre que les greens, les fairways et les départs. Puis nous avons semé.

Justement, quelles variétés avez-vous sélectionnées ?

J’ai découpé la gazonnière en deux parties : l’une est consacrée à la culture des graminées du parcours, tandis que l’autre est plutôt une zone de test. Ces expérimentations sont menées en partie avec la société Team Green, qui nous a proposés plusieurs graminées pour les différentes surfaces de jeu du parcours. Le suivi quotidien de la gazonnière me permet de voir quelle variété s’ acclimate le mieux. J’ai testé mes graminées, notamment des variétés américaines de ray-grass et de pâturin des prés. J’ai fait des tests également de fétuques élevées en demi-pur ou en mélange avec du ray-grass. Pour moi, c’est l’avenir au niveau des fairways, des roughs et des départs avec les étés de plus en plus chauds que l’on subis. J’ai également testé du bermuda grass sur 4 m2 mais les résultats n’ont pas été concluant. Cette variété n’est pas adaptée à notre région, avec une période de dormance très longue allant d’octobre à mai.

On a semé la zone test en avril et, trois mois après, la zone dite de « culture ». Je savais au bout de trois mois ce que je voulais en terme de levée et de couleur au niveau des graminées.

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Qu’en est-il de la parcelle de culture?

Dès que j’ai eu les premiers résultats concluant en fonction du climat et du site, j’ai fait ma parcelle de culture. Il fallait que les graminées répondent à la couleur, à la résistance, à la sécheresse et à la capacité d implantation. Au niveau des dimensions, il y a 1100 m2 au total dont 100 m2 pour la zone test de green, 300 m2 pour la culture des greens, 150 m2 pour la zone test des fairways et des départs et 550 m2 pour leur culture.

Quels sont les autres avantages d’avoir une gazonnière sur son golf ?

Cette gazonnière me permet d’être autonome en placage et d’éviter les contraintes de la livraison. Lorsque tu te fais livrer des rouleaux, ils peuvent parfois avoir chauffé sur la palette et en plus tu es obligé de les poser rapidement. Avec cette gazonnière, je peux tout maîtriser. On coupe des plaques de 25 cm de large sur 1,50 m de long qui sont roulées et emmenées directement sur la zone à plaquer avec le transporteur.

Mais avoir une gazonnière n’est pas de tout repos. Nous avons par exemple eu une invasion de mauvaises herbes dont du pâturin annuel au moment de la levée du gazon. Nous avons dû nous mettre à 3 ou 4 en ligne pour le désherber à la main, ce qui a représenté beaucoup de travail. Mais, par contre, ça paye ! Quand on a commencé à déplaquer au mois de mars, on a eu un gazon bien maillé au niveau de la zone de culture fairways et départs, avec de belles plaques bien épaisses. Par ailleurs, nous prenons juste ce dont on a besoin : fini les surplus et la pression pour les utiliser comme on peut le faire d’ordinaire. Sans compter que la qualité est top : le gazon est coupé à la hauteur que l’on veut avec la graminée que l’on veut et il n’est pas pollué par des mauvaises herbes. On y gagne beaucoup en fin du compte. Une astuce pour ceux qui voudraient se lancer : pensez à mettre une bâche d’1 m de large tout autour de la gazonnière pour éviter la contamination par les graminées extérieures.

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Cette gazonnière va-t-elle dans le sens du Zéro Phyto?

La zone test nous permet de prévenir les maladies en sélectionnant des mélanges résistants. J’ai fait un départ avec ma zone test et c’est le seul qui n’a pas été attaqué par le dollar spot, sachant que je n’avais pas mis plus d’engrais qu’ailleurs. Et surtout, je n’avais pas traité sur ce départ puisqu’il est très résistant face au dollar spot. Je me suis donc dit qu’il fallait que je le cultive. C’est de là qu’a germé le projet : j’en ai parlé à ma direction qui a tout de suite validé le développement de ce projet.

Quel est l’investissement pour un tel projet?

Il a coûté 2 000 euros de graines et 20 000 euros de sable. Par contre, une fois en place, il n’y a plus aucune opération à réaliser.

Un mot pour vos collègues qui souhaiteraient tenter l’expérience ?

Si vous avez la possibilité de mettre en place une gazonnière, ne serait-ce que 300 m2 de zone pour green, foncez ! On n’est peut-être pas gagnant à l’investissement mais par la suite cela permet d’être autonome et de pouvoir réagir vite en cas d’attaque de maladies ou de fuite d’huile sur un green.

Je ne cache pas que cela représente un travail supplémentaire. En plus des pannes d’arrosage, je suis obligé d’y passer du temps notamment au moment des semis de greens : pour lutter contre les lapins et les corneilles, j »y allais à 21h mettre des effaroucheurs à ultrason. Ce n’est pas de tout repos. Mais j’ai l’intention de l’agrandir et de faire une deuxième zone de 300 m2 pour les greens !

Lucas Sanseverino

Rédaction GSPH24

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