Second Sun : Du soleil pour les gazons de sport
Publié le 8 décembre 2023 à 07h00
Catégorie : Pratiques
L’entreprise danoise Second Sun a développé un système innovant de réflexion solaire afin de lutter contre les zones ombragées sur les terrains de sport. La technologie est aussi bien adaptée aux stades qu’aux parcours de golf.
Avec l’essor des grands stades, les gestionnaires de terrains de sport doivent depuis de longues années faire face à un problème récurrent : la gestion des zones ombragées. Les grandes tribunes ne permettent pas un ensoleillement complet de la pelouse, et cela peut parfois causer quelques problèmes de croissance sur certaines parties du terrain, régulièrement en maque de lumière et de chaleur. Les progrès techniques et technologiques ont apporté une solution aux professionnels avec les rampes de luminothérapie, qui permettent un ensoleillement artificiel modulable aux besoins de la plante.
Mais alors que les consommations d’énergie sont de plus en plus scrutées (notamment en France, dans le cadre du Plan Sobriété Energétique mis en place), l’utilisation des rampes de luminothérapie peut être considérée comme étant très couteuse financièrement et énergétiquement. Le problème est également transposable aux parcours de golf où certaines zones de jeu sont, de manière plus naturelle, dans l’ombre des arbres. L’utilisation de la luminothérapie y est plus difficile que dans les stades voire impossible compte tenu des surfaces concernées.
Dans ce contexte, l’entreprise danoise Second Sun a pour ambition de proposer une alternative durable avec l’utilisation de réflecteurs solaires. Ce système est notamment utilisé dans le stade de Brondby au Danemark et au Sydsjællands Golfklub. « Nous avons une approche scientifique et axée sur les données et nous avons développé notre propre logiciel pour analyser les problèmes d’ombre à l’intérieur des stades et sur les terrains de golf basé sur des données météorologiques historiques et des informations structurelles locales, qui sont le point de départ avant de discuter de tout type de solution », explique Nicolai Moustgaard, CEO de Second Sun.
Le réflecteur solaire, comment ça marche ?
Les réflecteurs solaires conçus par Second Sun s’apparentent à de grands miroirs. Leur mission est de rediriger la lumière naturelle du soleil vers les zones ombragées. « Il s’intègre parfaitement dans les stades / paysages. Le système fonctionne automatiquement et ne nécessite donc pas de main-d’œuvre supplémentaire. Les grands miroirs high-techs réfléchissent les rayons du soleil sur les zones souhaitées, en fournissant la lumière et la chaleur nécessaires pour une croissance optimale de l’herbe », indique Nicolai Moustgaard. Ils sont installés en bordure du toit dans les stades afin de recevoir un maximum de lumière solaire, mais ils peuvent également se rétracter sous le toit pendant les matchs. Pour les golfs, les miroirs sont installés dans des endroits stratégiques, attachés à des poteaux ancrés au sol.
« Le système de réflecteur solaire est intelligemment conçu pour toujours savoir où se trouve le soleil positionné sur dans le ciel ainsi que l’endroit où la lumière du soleil doit être redirigée. Avec cette information, le système peut ajuster automatiquement sa position en conséquence assurant ainsi que la lumière du soleil est projetée sur les zones souhaitées », ajoute-t-il.
Les miroirs réfléchissent plus de 90% de l’énergie du soleil, fournissant ainsi à la fois la chaleur nécessaire ainsi que le rayonnement actif photosynthétique aux zones ombragées. La lumière du soleil fournie aidera à réduire la pression de la maladie, à améliorer la croissance et à qualité globale du gazon. Mais l’utilisation de ces réflecteurs pourraient également permettre aux professionnels de drastiquement réduire leur empreinte carbone. Car contrairement à la luminothérapie, très gourmande en énergie, les réflecteurs solaires consomment très peu.
Les miroirs sont exploités dans deux directions avec la précision de 0,1 mm permettant au système de refléter la lumière du soleil avec précision. « Le système surveille en permanence la quantité de lumière du soleil reçue dans une zone donnée pour s’assurer également qu’aucune zone n’est surexposée à la lumière du soleil », détaille Nicolai.
Une analyse détaillée du site
Avant l’installation des réflecteurs solaires, Second Sun réalise une étude précise du site en question, en l’occurrence soit du stade soit du parcours de golf, afin de localiser et de quantifier les problèmes d’ombre. Cette étude se fait en 3 étapes. D’abord, l’analyse de la lumière du soleil : les données structurelles de la zone ombragée ainsi que les données météorologiques locales historiques sont recueillies afin de découvrir le problème d’ombre plus en détails. Ensuite, à partir de cette première étude, l’entreprise peut simuler la quantité de soleil que le système pourra refléter tout au long de l’année en fonction de l’historique des conditions météorologiques. La conception de la solution est ensuite présentée, puis le système Second Sun est installé.
Concurrence ou complémentarité avec la lumière artificielle ?
Les réflecteurs solaires n’ont pas nécessairement vocation à remplacer la luminothérapie comme le souligne le PDG de Second Sun. Cette solution durable dépend en grande partie du climat et des cycles d’ensoleillement. Certains pays n’ont pas un taux d’ensoleillement assez important pour que ce type de technologie soit utilisé toute l’année. C’est notamment le cas dans les pays d’Europe du Nord. L’idée est alors d’utiliser les réflecteurs solaires en complément des rampes de luminothérapie lorsque les conditions climatiques le permettent.
En revanche, certains pays pourraient réunir des conditions d’ensoleillement optimales pour une utilisation prolongée des réflecteurs. C’est notamment le cas de…la France. « Nous ne somme pas encore présents sur le marché français, mais les conditions météorologiques en France en font, selon notre analyse, l’un meilleurs endroits pour utiliser notre technologie », indique Nicolai Moostgard. L’entreprise danoise est en contact avec plusieurs clubs de Ligue 1 sans toutefois avoir noué d’accord. Du moins pour le moment. Car nul doute qu’avec le Plan sobriété énergétique et ses impacts sur l’entretien des pelouses sportives, les gestionnaires de terrain tenteront de se tourner vers des alternatives susceptibles de réduire les couts énergétiques.