Arthur Gach (Aurillac) : « Les critiques sont faciles, mais les compliments beaucoup plus rares »
Publié le 17 mars 2025 à 07h00
Catégorie : Pratiques
A 27 ans, Arthur Gach est le responsable de l’équipe d’entretien des terrains de sports extérieurs de la Ville d’Aurillac. Sa passion pour le rugby l’a mené à l’entretien de la pelouse du Stade Jean Alric où évolue le Stade Aurillacois Cantal Auvergne en Pro D2. Dans cette interview, il revient sur son parcours, la situation particulière d’Aurillac, son apprentissage auprès de Georges Lafarge et sa vision du métier.

Bonjour Arthur, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Arthur Gach, j’ai 27 ans et je travaille pour le Service des sports de la Ville d’Aurillac. Je suis responsable de l’équipe de l’entretien des terrains de sports extérieurs de la Ville d’Aurillac. Nous avons notamment en charge l’entretien du Stade Jean Alric où évolue le Stade Aurillacois Cantal Auvergne en Pro D2.
Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’a amené à travailler dans l’entretien des terrains de rugby ?
Après mon Baccalauréat, j’ai poursuivi mes études en BTS Gestion forestière puis en Licence professionnelle Aménagement Paysager. En parallèle, j’étais joueur au Stade Aurillacois. Une fois mon contrat arrivé à son terme, j’ai postulé au service des sports de la Ville d’Aurillac dans la cellule où je suis maintenant. Durant ma licence, j’avais déjà effectué mon stage dans la collectivité mais dans le service Espace vert.
Qu’est-ce qui te passionne le plus dans ton métier ?
Bien que le domaine se rapproche de l’aménagement paysager classique, cela est complètement différent. L’objectif n’est pas la même et la gestion non plus. Si l’ensemble des équipes sportives évoluent chaque week-end sur un terrain en sécurité et esthétiquement convenable alors l’objectif est rempli.
Pour le stade Jean Alric, les attentes sont encore plus poussées avec une exigence télévisuelle très importante. De plus, deux contrôles sont réalisés par la Ligue Nationale de Rugby. Notre terrain est évalué suivant des caractéristiques agronomiques, physiques, biomécaniques… Suite à ces tests une note est donnée pour chaque terrain de Top 14 et Pro D2.
Vous avez pris la suite de Georges Lafarge, une figure emblématique à Aurillac. Comment avez-vous vécu cette transition ?
La transition s’est faite naturellement puisqu’il m’a appris le métier de mon embauche jusqu’à son départ. Georges c’est plus de 40 ans au service des sports de notre collectivité…
Avez-vous reçu des conseils précieux de sa part avant son départ ?
Bien sûr, et même encore, par exemple il nous a rendu visite amicalement durant la dure semaine du match reporté contre Mont-de-Marsan. Il a déjà vécu des situations similaires et sait les efforts que nous faisons durant ces périodes là…
Aurillac est connu pour son climat particulier, notamment en hiver. Quels sont les plus grands défis pour maintenir une pelouse de qualité ?
Il est vrai que l’hiver est froid à Aurillac, mais nous savons comment lutter contre celui-ci pour permettre le déroulement d’un maximun de match. Malheureusement, cette année encore la nature a été plus forte que nous durant la J17. Nous sommes équipés d’un système de bâche pour le terrain où nous envoyons de l’air chaud à l’aide de gros aérothermes. C’est un travail très exigeant pour les agents et durant ces semaines là on peut observer la solidarité présente dans notre service.
A contrario, nous ne rencontrons que très peu les problématiques liées au climat du sud de la France avec ses fortes périodes de sécheresse ou encore leurs terribles attaques pathogènes…
Peux-tu présenter la pelouse du Stade Alric ?
C’est une pelouse 100% naturelle pour l’instant… En effet, le choix a été fait par la collectivité de passer en terrain synthétique durant l’été 2026. Cette pelouse n’avait jamais été rénovée et le choix s’est porté sur une pelouse synthétique, pour pouvoir répondre au mieux aux exigences de la Ligue Nationale de Rugby et aux capacités financières d’entretien de la collectivité.
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Y a-t-il des moments particulièrement stressants dans ton travail, par exemple en période de match ?
Lors des matchs hivernaux, toutes les semaines sont très importantes pour nous, car la gestion de ces bâches peut se jouer à quelques jours… Il est vrai qu’il faut attendre que le coup d’envoi ait lieu car cela peut se jouer dans les derniers instants.
En tant que jeune professionnel, comment perçois-tu l’évolution du métier de groundsman ?
C’est un métier qui a mis du temps à être mis en valeur dans le monde du sport, les pionniers sont les greenkeepers et leurs gestions des golfs. Le football professionnel et son exigence a permis une meilleure valorisation du métier de Groundsman et le rugby est en train de suivre son chemin notamment avec les terrains hybrides. Ces terrains dernières générations permettent d’associer les avantages des terrains naturels à ceux des terrains synthétiques mais la gestion est aussi très exigeante.
Quelles compétences ou qualités sont essentielles pour réussir dans ce domaine ?
Il faut être passionné tout simplement, c’est vrai pour tous les métiers mais celui-ci encore plus je pense. Il est nécessaire d’avoir toujours envie de faire mieux et que son terrain s’améliore. L’évolution de son terrain n’est souvent visible que pour ses gestionnaires. Les critiques sur l’état du terrain sont beaucoup plus faciles à obtenir que ce soit par les joueurs, la presse ou le public alors que les compliments sur un beau terrain sont plus difficiles à recueillir mais on y travaille…
Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui voudrait suivre ton parcours ?
Une marque de l’évolution du métier est visible grâce aux formations qui sont maintenant disponibles pour devenir Groundsman comme des Certificats de spécialisation. Ce sont des formations nécessaires je pense pour découvrir et appréhender au mieux notre métier. Enfin, il est nécessaire d’être mobile pour découvrir la gestion des divers stades, la plus grande des expériences s’acquiert sur le terrain.
Que faudrait-il, selon toi, pour mieux valoriser le travail des responsables de terrain dans le rugby ?
Une sensibilisation auprès des sportifs est tout d’abord nécessaire, je suis bien placé pour parler car j’ai évolué en tant que sportif sur le terrain que j’entretiens maintenant. Je ne me rendais pas compte de l’énorme travail qui est effectué toute l’année par l’équipe des jardiniers pour permettre au match du vendredi 19h de se dérouler. Malheureusement, c’est le cas dans la plupart des clubs et des sports. Le grand public doit être aussi conscient des travaux effectués pour permettre la faisabilité des matchs.
L’Association Nationale de Terrain de Rugby Élite (ANTRE) a été créée en 2018 dans le but de promouvoir le métier de jardinier des terrains de rugby professionnels. Nous nous retrouvons 2 fois par an durant des séminaires permettant de visiter les infrastructures de chaque club. Nous éprouvons souvent les mêmes problématiques entre collègues mais il est vrai que les fonctionnements sont différents entre clubs. La gestion privatisée des enceintes sportives prend elle aussi de plus en plus de place et peu de collectivités arrivent à suivre les exigences demandées par la Ligue Nationale de Rugby.