Mathieu Sevestre : laissez-nous traiter comme quand une personne est malade

Catégorie : Actualités

Dans cette deuxième partie de l’interview, Mathieu Sevestre, directeur du Golf de Roquebrune, nous dévoile comment les jardiniers ont dû changer leurs méthodes de travail pendant le confinement.

Comment s’est organisé le travail des jardiniers pendant le confinement ?

Nous avons pendant l’année deux périodes différentes qui sont importantes en ce qui concerne le travail d’entretien du parcours. D’avril à octobre, il s’agit de la période de haute saison où les jardiniers vont faire les opérations importantes comme la tonte, le travail mécanique et l’arrosage, mais très peu d’embellissement. Lors de cette période, nous tondons les greens tous les jours, les fairways et les départs le lundi, le mercredi et le vendredi et les roughs trois fois par semaine. Nous faisons également un entretien permanent de l’arrosage. Nos opérations d’embellissement s’effectuent de novembre à mars puisqu’il s’agit d’une période de faible activité et de pousse lente.

Lors du confinement, nous avions réduit le nombre de tontes. Nous nous sommes cependant concentrés sur les tontes, les opérations mécaniques nécessaires et la rénovation du système d’arrosage. La différence par rapport à notre travail classique d’entretien était donc la diminution des tontes mais nos jardiniers étaient plus efficaces en raison de la non-fréquentation du parcours par les joueurs et du manque d’obstacles comme les hampes, les marques des départs, les poubelles, les piquets et les cordes, etc. Cela leur a fait gagner 40% du temps de leur travail.

Quel type de substrat utilisez-vous sur le parcours ?

Nous avons la moitié des greens qui sont sur sable et l’autre moitié sur terre. Cela est dû à l’histoire du golf puisque nous avons un sol pauvre et rocailleux.

Comment les jardiniers gèrent-ils cela ?

La plus grande difficulté pour les jardiniers est d’uniformiser la roule et la vitesse de la balle sur nos greens. Les greens sur terre ont tendance à être plus lents que les greens sur sable. Les jardiniers vont donc augmenter les tontes et rouler les greens plus souvent.

Quel est votre regard sur la pratique du golf au sein de votre parcours ?

Nous avons 200 membres et 15 000 green-fees. Nous remarquons qu’il y a une évolution des mentalités. Les golfeurs doivent s’habituer à jouer sur des parcours moins verts que d’habitude avec des zones plus sèches. Il y a également la notion écologique qui commence à émerger dans la tête des golfeurs, ils y sont de plus en plus sensibles.

Faire du zéro phyto sur votre golf, est un mythe selon vous ?

Il est difficile de répondre à cette question. Nous essayons au maximum de ne pas recourir aux produits phytosanitaires mais aujourd’hui je pense qu’il est difficile de ne pas les utiliser. C’est un mythe dans le sens où il n’existe pas d’alternative aux produits que nous utilisons comme par exemple pour traiter les maladies telles que le dollar-spot ou la fusariose. Nous amplifions le nombre d’opérations mécaniques, c’est une certitude. Cela fait dix ans que l’on ne fait que du curatif et non du préventif. Nous sommes toujours sur le fil du rasoir puisque nous ne sommes pas protégés en cas d’attaque de maladie. Il y a certaines choses que l’on ne peut pas éviter donc lorsque nous sommes malades (sic), nous sommes obligés de nous soigner et cela passe par l’usage de ces produits. Je pense qu’il y a sans doute eu des erreurs dans le passé où les gens faisaient n’importe quoi mais aujourd’hui, je pense qu’ils l’ont bien compris : nous avons besoin de médicaments quand il y a une maladie. Nous demandons simplement l’autorisation de pouvoir faire le strict minimum : laissez-nous traiter comme quand une personne est malade.

A suivre…

Retrouvez la première partie de l’interview de Mathieu Sevestre en cliquant ici.

Héléna Assayag (avec Lucas Sanseverino)

Rédaction GSPH24

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