[Enquête] Entretien-maintenance des terrains de sport: l'enjeu de la performance – Episode 1

Catégorie : Pratiques

Quelle que soit la discipline, la pratique du sport professionnel implique des terrains durablement en bon état, autant pour offrir les meilleures conditions de sécurité aux utilisateurs que pour assurer le spectacle. Dès lors, l’entretien-maintenance revêt un enjeu stratégique. Pour répondre aux exigences du haut niveau, les propriétaires de terrains (publics ou privés) sont amenés à recourir aux services d’une société spécialisée. L’objectif de cette enquête est d’explorer les raisons d’un tel choix : externalisation des coûts, manque de moyens humains et matériels, considérations budgétaires… Cette semaine, première partie de cette enquête en trois volets.

Partie I : Les entreprises d’entretien-maintenance

Entretien et maintenance, quelle différence ?

Entretien et maintenance sont définis de manière plus ou moins nuancée selon les professionnels interrogés. Pour Patrice Therre, gérant du bureau d’études Novaréa, il n’y a « pas de différence fondamentale ». Ce que semble laisser entendre l’expert, c’est que les deux types de prestations renvoient au même type d’opérations : suivi de l’état sanitaire du gazon, tontes, opérations spécifiques telles qu’aération, décompactage, scalpage, etc.

Et en effet, à y regarder de plus près, la nuance se joue plus sur la périodicité des actions que sur leur nature même. Ainsi une même opération (tonte, défeutrage, sablage…) sera considérée comme faisant partie d’une intervention de maintenance ou d’entretien selon qu’il s’agisse d’une opération ponctuelle ou récurrente. On parlera d’entretien lorsque ces tâches sont accomplies de manière régulière par une équipe remplissant un contrat de longue durée, tandis que l’on évoquera plutôt des missions de maintenance à propos d’interventions ponctuelles. Les plus récurrentes des opérations de maintenance étant les régénérations, incluant scalpage puis replaquage ou semis, selon les cas, comme cela peut se produire classiquement, à chaque intersaison, mais également en cours de saison.

Quant à la mission d’exploitation, elle dépasse le simple cadre de l’état du gazon : l’exploitant est, comme son nom l’indique, l’entité qui gère toutes les activités génératrices de recettes tirées de l’exploitation de l’installation sportive considérée. On pense bien sûr aux manifestations extra-sportives dans les différents grands stades (stade Pierre-Mauroy à Lille, Stade de France à Saint-Denis, Stade Orange-Vélodrome à Marseille, etc.), mais pas seulement. Les hippodromes aussi sont de potentiels générateurs de recettes liées à des évènements extra-sportifs : organisation de colloques d’entreprises ou de cocktails au sein des tribunes VIP, service d’hébergement des chevaux (« Hipphôtel »), etc.

Les missions d’un spécialiste de l’entretien-maintenance

Plutôt que de passer en revue l’ensemble des tâches auxquelles renvoie la mission d’entretien, nous vous suggérons, le cas échéant, de vous (re)plonger dans le guide ad hoc édité par l’Unep, l’Union nationale des entreprises du paysage, intitulé « Travaux d’entretien de sols sportifs » et consacré aux terrains de sport engazonnés (terrains de grand jeu et golfs essentiellement, l’hippisme n’étant pas spécifiquement traité dans ce document).

Mais au-delà des opérations classiques (relatives au travail mécanique ainsi qu’au suivi sanitaire du gazon), de nouvelles prestations sont venues s’ajouter au travail des entreprises assurant l’entretien des terrains de grand jeu, telles que la luminothérapie et le chauffage. Avec quelques nuances toutefois concernant le chauffage, comme le précise Jean-Michel Hurlus, Directeur technique de Terenvi :

« Selon moi, en cours de période transitoire [pendant l’hiver], on peut être amené à maintenir la température du sol à un certain niveau, lorsque le terrain est équipé d’un système de chauffage intégré [circuit hydraulique ou électrique]. Cela devient donc une opération d’entretien, censée contribuer au maintien de la croissance racinaire. En revanche, une opération de soufflage d’air chaud sous bâche relève plutôt de l’intervention ponctuelle dans le cadre d’une mission d’ exploitation ».

Même son de cloche du côté de Sport International, groupement d’entreprises spécialisées dans l’entretien-maintenance ; François Leroux, Président du Directoire de Sport International, estime également que chauffage et luminothérapie font partie du « package » de tout contrat d’entretien qui se respecte. Package qu’il dénomme « full service », assuré par une équipe dédiée.

« Cela va des tontes – en fonction du niveau de jeu requis – aux traitements phytosanitaires, en passant par le travail mécanique (aérations, fentes de suintement…) le scalpage du feutre, le passage en revue des têtes d’arroseurs, la purge des drains, la gestion du plan de fertilisation… »

Avec donc du chauffage et de la luminothérapie éventuellement, selon les capacités financières du client.

Pour proposer ces prestations complémentaires aux opérations traditionnelles, les entreprises de maintenance peuvent recourir à des sous-traitants spécialisés : chez Iturf Management (qui assure notamment l’entretien du Stade de France), la sous-traitance est de mise pour les opérations annuelles de scalpage ; Maxime Giraud, chargé d’affaires « terrains et stades professionnels » chez Parcs&Sports indique pour sa part :

« Nous faisons appel à des prestataires extérieurs pour : les analyses foliaires, de sol, d’eau…, de même que pour l’entretien annuel du réseau d’arrosage et chauffage, ainsi que pour les matériels de luminothérapie. »

On ajoutera toutefois que, sous l’influence des pratiques des groundsmen d’outre-Manche, les méthodes de travail appliquées aux terrains de grand jeu de haut niveau (Ligue 1 et Ligue essentiellement) semblent évoluer dans l’hexagone :

« Nous avons désormais recours à de petites tondeuses rotatives pour aspirer les déchets d’après-match, afin de mieux prévenir les maladies, indique Jean-Michel Hurlus. Et ce depuis trois ans, sous l’impulsion des (intendants) Anglais, et suite à l’Euro 2016. Cette compétition nous a permis de faire des investissements, notamment dans du petit matériel dédié à la préparation d’avant-match et aux après-matches. »

…suite de l’enquête la semaine prochaine…

redactionateprofield.com (Idir Zebboudj)

Pour consulter la deuxième partie, c’est par ici.

Pour consulter la troisième partie, c’est par ici.

Rédaction GSPH24

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