Golf d'altitude : en quoi la conception et l'entretien est différent d'un parcours traditionnel ?

Catégorie : Pratiques

Lorsque l’on monte en altitude, le climat change et la densité de l’air s’atténue. La gestion et l’entretien d’un parcours de golf doivent faire face et s’adapter à des conditions très particulières. Mais comment bien se préparer tout au long de l’année ? 

Des conditions météorologiques particulières

Présents dans les Alpes, le Jura, les Pyrénées et le Massif Central, on compte pas loin de 90 parcours de golf perchés en altitude (certains entre 1000 et 2200 mètres) qui doivent faire face à des conditions météorologiques très spécifiques. La pression atmosphérique rend la présence de l’oxygène de plus en plus rare et la puissance des rayons du soleil augmente avec l’amplitude thermique jour-nuit. Le climat de montagne se caractérise par une pluviosité plus importante avec la présence de brume et de brouillard, ou encore des différences climatiques (microclimats) selon les versants, qui dépendent de l’exposition au soleil. L’azote présente dans la neige qui recouvre le parcours a un rôle protecteur et permet de garantir la beauté des fairways.

Les choix stratégiques d’une conception peu ordinaire

Encore plus important que pour les golfs traditionnels, le choix de la situation géographique du parcours est primordial pour la fidélisation des joueurs car la montagne n’est pas toujours facile d’accès et le permis de construire n’est pas toujours simple à obtenir dans des zones souvent protégées. L’architecte du golf aura un rôle de conseiller lors des démarches de permis de construire. Une fois l’emplacement du site choisi et attribué, il va s’intéresser fortement à la topographie du site, dont la prise en compte de la dénivellation qui doit s’inscrire dans un écart maximum de 60 mètres entre le point le plus haut et celui le plus bas. Pour rendre confortable la jouabilité des pratiquants, l’architecte va rechercher une topographie dont les dénivelés positifs ne se répètent pas lors du changement d’un trou à l’autre, mais plutôt en cours de jeu, car cela a la préférence des joueurs. Les trous les plus physiques seront favorisés en début de parcours.

Les joueurs vont privilégier le recours à la voiturette pour amoindrir la fatigue accumulée. Le tracé des chemins destinés à la circulation des voiturettes est souvent redouté par les architectes car il faut trouver un juste milieu pour qu’ils ne soient pas trop près des zones de jeu ni trop loins, tout en s’adaptant au paysage et à la topographie du site et se conformant à la sécurité des conducteurs – surtout pour les golfs d’altitude dont les parcours sont vallonnés. Cette donnée est primordiale pour les golfs d’altitude car elle représente un enjeu économique important.

Certaines opérations lors de la conception d’un parcours de golf en altitude seront favorisées à des périodes différentes de l’année. C’est le cas des terrassements. En effet, il est impossible d’effectuer cette tâche lorsque la neige fond et que les sols regorgent d’eau. La roche et les tourbières qui sont très présentes dans les sous-sols montagneux sont également un facteur à prendre en compte et il est indispensable de les identifier avant la conception du parcours. Une prospection -souvent onéreuse – à l’aide de carottages est nécessaire pour déterminer le choix du site.

Concernant la construction de greens, l’architecte va opter pour un site dont les pentes ne sont pas trop importantes et dont les versants sont exposés aux rayons du soleil. De plus, la présence importante de conifères va affecter la libre circulation de l’air et ombrager fortement le site, ce qui peut nuire à la qualité et l’entretien de greens. Ce manque d’oxygène peut également asphyxier les greens, le choix du substrat s’orientera donc vers une granulométrie le rendant plus ouvert et plus perméable .

Du côté des fairways, il faut tenir compte du fait qu’en altitude, la végétation a une durée de vie moins importante et pousse plus lentement. Les mottes ? mettront dont plus de temps à se reformer.
L’architecte va chercher le site le moins abrupt possible car un terrain en pente va augmenter le nombre de terrassements requis par les fairways. Concernant le choix des graminées, les agrostides seraient favorisées car elle résistent très bien aux faibles températures comme nous l’avions évoqué dans cet article.

Entretien

Les golfs d’altitude sont exposés au froid et cela peut provoquer un dessèchement. Concernant l’arrosage, des régulateurs de pressions et des surpresseurs sont nécessaires et il est conseillé de recourir à un système manuel en profondeur, hors-gel, dont le chargement va s’effectuer durant tout l’hiver. Pour lutter contre le dessèchement du gazon présent sur les pentes exposées trop fortement au soleil et qui souffrent de brûlures, le choix des graminées est primordial. Par exemple, les pâturins résistent plus à l’exposition au soleil que les fétuques. L’arrosage intégré permet de prévenir le dessèchement du gazon. A noter que plus les pentes sont raides, plus le dessèchement aura lieu.

La présence de roches dans les sous-sols comporte un risque d’érosion à prendre en compte. Pour y faire face, une méthode est très efficace mais onéreuse : celle du placage.

Enfin, pour protéger les pentes, le ravinement par ruissellement est très efficace lors de la conception du parcours. Pour amortir le ruissellement, on peut par exemple avoir recours à des panneaux, des bottes de paille stérile ou encore à l’opération dite de « mulching ».

Impacts sur le jeu

L’altitude a un impact sur la façon de jouer des pratiquants. La diminution de la densité de l’air va favoriser la distance de vol de la balle d’environ 10 % pour un parcours situé à 1500 mètres d’altitude : un gain de distance qui peut se mesurer jusqu’à 30 mètres pour un coup de drive. C’est un facteur important pour l’architecte qui a conçu le golf lors du positionnement des différents obstacles. Les joueurs vont également opter pour des clubs différents de ceux dont ils ont l’habitude sur des golfs classiques. La fatigue est également un facteur à prendre en compte car la condition physique d’un joueur est plus rapidement entamée en altitude, en raison de la rareté de l’oxygène et des parcours en général très vallonnés.

L’exemple du Golf deCrans-sur-Sierre

Situé à 1500 mètres d’altitude, le Golf de Crans-sur-Sierre est un parfait exemple concernant la gestion et l’entretien de ce prestigieux parcours qui accueille l’Omega European Masters. Ce reportage réalisé par Le Matinnous immisce dans les coulisses de l’équipe qui gère l’entretien du Golf de Crans-sur Sierre.

Par Philippe Brault et Jérôme Reynard – Le Matin Dimanche en partenariat avecOmega (Omega European Masters)

Sources : Inspiré d’un article d’Ecoumene Golf et du reportage réalisé par Le Matin

Rédaction GSPH24

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