Louis Vandenborre, greenkeeper au Golf de Bressuire : « Le regard vis-à-vis des "phytos" a changé »

Publié le 4 octobre 2019 à 07h51

Catégorie : Pratiques

Nous continuons notre série de tribunes « 0% phyto, 100% mytho? » avec la deuxième partie de l’interview de Louis Vandenborre, greenkeeper au Golf de Bressuire. 

Après nous avoir présenté leGolf de Bressuire : un parcours entretenu sans produits chimiques, Louis Vandenborre,greenkeeper au Golf de Bressuire, répond à nos questions concernant notre série de tribunes « 0% phyto, 100% mytho? ».

Selon vous, est-il possible de faire du « 0% phyto » en terrain de sport ? Et si oui, sous quelles conditions ?

Le problème est complexe car il y a tellement de facteurs à prendre en compte. Mais pour moi il serait possible de faire du « 0% phyto ». La qualité des produits mis à la disposition des intendants et la génétique des semences a tellement évolué que je pense nous pourrions y arriver. Les mentalités ont déjà changé chez les intendants et les compétences techniques aussi, lors de nos discussions entre collègues,il n’est pas rare d’entendre parler de la diminution des « phytos ».

Selon vous, les intendants de terrains de sport sont-ils soumis à une « phyto-dépendance » ? Si oui, pourquoi ? Et y a-t-il des disciplines (parmi les suivantes : golf, football, rugby et hippisme) qui y sont plus sujettes que d’autres ?

Nous ne sommes pas soumis à une dépendance. Le regard vis-à-vis des « phytos » a changé. Quand j’ai commencé dans le golf, les traitements préventifs prévalaient. Désormais, c’est l’approche curative qui est en vigueur. On observe même un certain degré de tolérance selon l’impact de la maladie,avant de déclencher un fongicide. Les produits de biocontrôle et les biostimulants ont permis de diminuer considérablement ces derniers.

Existe-t-il en l’état des solutions crédibles aux fongicides ? Les produits de biocontrôle leur sont-ils directement substituables ?

Pas encore pour les terrains sportifs, il y a des produits de biocontrôle très prometteurs en culture maraîchère qui pourraient se substituer à certains de nos fongicides pour la période hivernale. Reste encore aux firmes à s’intéresser au marché des gazons sportifs pour tester et surtout réussir à les homologuer, car la législation actuelle retarde ces dernières innovations.

Que vous inspire la situation en Belgique, où les intendants de terrains de sport ne peuvent théoriquement plus recourir aux « phytos » ?

C’est très compliqué pour ceux qui ne peuvent pas rénover leur infrastructure et qui ont des moyens budgétaires plus que limités. Il faut le dire, pour entretenir un parcours à vocation sans « phytos » tout en maintenant une bonne qualité de surface, le budget d’entretien doit être réévalué de 30% en moyenne par rapport à un entretien classique avec un ou deux jardiniers supplémentaires.

Comment jugez-vous l’évolution de la réglementation française ? La filière « terrains de sports » parvient-elle à faire valoir ses doléances ?

L’évolution est trop lente sur la réglementationdes produits bio alternatifs, voire même en légère régression sur la législation concernant les substances de base végétale naturelle car elle applique des recommandations européennes.

Quelles peuvent-être les solutions pour pallier le recours aux « phytos » (Arrosage ? Parcours mettant plus l’accent sur la prophylaxie ? Gestion affinée de l’arrosage ? Etc.) ?

L’affûtage des éléments de coupe, le sablage, les opérations mécaniques, le contrôle du temps d’arrosage et de l’humidité, le type et la fréquence de la nutrition et surtout l’analyse du substrat pour éviter les apports inutiles. L’ensemble de ces facteurs réduit considérablement le développement des pathogènes.

Comment les intendants peuvent se renseigner pour entreprendre une démarche visant à réduire leur utilisation en « phytos » et éviter les « margoulins » ?

En France c’est très compliqué. Nous n’avons pas de groupes de travail comme d’autres pays sur ce thème. Il faut sortir des sentiers battus et malheureusement se débrouiller seul et faire ces propres expériences soi-même.

redaction.gsph24atprofieldevents.com (Lucas Sanseverino)

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Rédaction GSPH24

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