L'évolution du greenkeeping selon Bruno Gardille
Publié le 18 février 2022 à 06h00
Catégorie : Pratiques
Bruno Gardille, l’intendant du Golf Grand Lyon Chassieu, nous donne son point de vue sur l’évolution du greenkeeping au cours de ses 25 ans de métier.
Pourriez-vous vous présenter?
Cela fait 25 ans que je suis intendant de terrain de golf mais aussi, partiellement, de terrains de sport. Je suis actuellement au Golf de Grand Lyon Chassieu. C’est le 8ème parcours de golf que j’entretiens. J’ai fait un passage par la Ligue 1 au Stade Gerland puis au Groupama Stadium lors de son ouverture.
Comment a évolué le métier en 25 ans?
Lors de ces 25 années, le métier a pris une évolution phénoménale. Premièrement, au niveau du matériel. On faisait du travail mécanique il y a 25 ans mais pas de la même manière qu’aujourd’hui. Le matériel a pris une évolution énorme lors de ces 10 dernières années par le fait que des sociétés qui importent du matériel du Royaume-Uni et des Etats-Unis et qui permettent de faire des opérations mécaniques que l’on ne faisait pas à l’époque. On fait beaucoup d’opérations mécaniques pour préparer le 0 phyto et les inversions de flore car il va falloir s’y mettre sérieusement. On a déjà commencé avec des regarnissages réguliers à disque, des verticuts, des aérations à pointes et à louchets, des sablages, des top dressing, etc. On va également revoir notre politique de fertilisation. Il y a 25 ans, les unités étaient très élevées, aujourd’hui elles ont été divisées par deux ou trois.
Le golfeur a changé, avant c’était de vrais passionnés. Il e an encore aujourd’hui mais se sont surtout des consommateurs. La relation avec les intendants a changé. Il y a un gros travail de communication à faire car la plupart se prennent également pour des intendants et cherchent la petite brèche pour remettre en cause notre travail.
Qu’est ce qu’un greenkeeper d’aujourd’hui a de plus qu’il y a 25 ans?
On a plusieurs éléments positifs à notre disposition. Par exemple, au niveau de la gestion de l’eau, nous n’étions pas assez précis et nous pouvions l’utiliser à souhait. Parfois, on apportait trop d’eau et cela pouvait nuire au gazon. Aujourd’hui, il faut la gérer et on apporte à la plante la quantité d’eau exacte grâce aux outils très précis comme les sondes par exemple.
Quelles sont les principales différences entre l’entretien d’un stade et d’un parcours de golf?
Déjà, pour un stade de Ligue 1, on est sur 9400 m2. Sur le golf ici, on est sur 70 hectares. Au foot ou rugby, on va travailler un petit espace qui est très technique au niveau du substrat qui se rapproche approximativement d’un green de golf même s’ils sont construits différemment. Cependant, les moyens pour entretenir un terrain de stade sont plus conséquents qu’un parcours de golf. Avec les droits tv, il y a une pression énorme sur la qualité de la surface. Les notes liées au championnat des pelouses mettent également une pression et une concurrence en plus.
Comment allez-vous dans le sens du Zéro phyto?
On va changer de graminées pour en utiliser qui s’adaptent au climat. Aujourd’hui on a des périodes longues d’humidité, de froid et de chaleur. Chez Bluegreen, on a un programme d’inversion de flore à suivre. C’est un travail d’un an sur les départs, les greens et les tours de green. On utiliserait plusieurs variétés d’agrostis et on pourrait également travailler avec des fétuques qui permettent de travailler sur des maladies et des stress qui n’existaient pas il y a 20 ans. On devrait mettre cette conversion de flore l’année prochaine. On a déjà commencé à faire des regarnissages croisés sur les greens pour voir un peu le développement des agrostis durant ces périodes très courtes pour ensemencer.
Une autre chose, très importantes que nous ne faisions pas avant, c’est la hauteur de tonte qui va changer. Il va falloir habituer les golfeurs à avoir des hauteurs de tontes plus hautes qu’ils n’ont jamais connues au niveau des green set des tours de greens auparavant. On les habitue tout au long de l’année en montant petit à petit les hauteurs de tontes. Le couvert végétal extérieur et le même au niveau racinaire. Plus on diminue le couvert végétal, plus on diminue le couvert racinaire et plus la plante est diminuée et faible. Donc à l’inverse, plus on va lui donner la possibilité de se en longueur et en profondeur, plus on va lui donner la chance d’avoir des résistances plus importantes. C’est un des paramètres à maitriser.
Pour conclure, le zéro phyto c’est possible?
J’ai du mal à croire que l’on arrivera réellement à 0 phyto un jour. Je pense qu’il y aura encore quelques traitements a faire parce qu’il y aura des maladies qui seront difficiles à maitriser malgré tous les efforts que l’on pourra mettre en place au niveau technique, biologique et mécanique. C’est aussi au niveau communication avec les joueurs, qui ne connaissent pas réellement cela, que l’on pourra leurs expliquer comment la transition va s’effectuer.
On a rencontré Robin Tissot, votre futur intendant, comment voyez-vous cette nouvelle génération?
Ils sont plus techniques et informatisés que nous. Aujourd’hui il y a plus de procédures et d’administratif que l’on ne faisait pas à l’époque. Nous, nous sommes plus des hommes de terrain. Toute la technique culturale sur les greens, ils l’ont grâce aux formations existantes. Je également tiens à ajouter qu’aujourd’hui il est difficile de recruter dans le monde des jardiniers et des intendants. Si vous avez un apprenti, je vous conseille de bien le garder et de le bichonner car on sera bientôt en manque de main d’œuvre dans la filière. Au niveau de la formation, je pense que les modules actuels sont bien et qu’il faut réfléchir à comment ramener plus d’acteurs extérieurs. Je pense qu’un alternant ne devrait pas rester sur la même structure. Il devrait découvrir également le paysagisme et les autres terrains de sports comme les stades et les hippodromes.
Dans un prochain article, on parlera du nouveau projet en cours sur le Golf de Grand Lyon Chassieu. Il s’agit de l’intégration du système du Top Tracer en cours depuis le 3 janvier.
redaction.gsph24profieldevents.com (Lucas Sanseverino)