[Débat d'idées] Joël Carol, greenkeeper du Golf de Falgos : « Le problème est avant tout un problème de comportement et de mentalité »
Publié le 19 juillet 2019 à 06h57
Catégorie : Paroles d’experts
Cette semaine c’est au tour de Joël Carol, greenkeeper du Golf de Falgos, de répondre à notre série de tribunes « 0% phyto, 100% mytho? ».
Selon vous, est-il possible de faire du 0% phyto en terrain de sport ?
Selon moi, c’est très compliqué. Je suis greenkeeper et membre de l’AGREF depuis longtemps, et d’après mes expériences, je trouve qu’il est compliqué de ne pas utiliser de produits phytosanitaires si l’on veut répondre à la demande. J’ose également ajouter que cette question du 0 phyto est notre problème à nous les greenkeeper, mais c’est un problème imposé en tant que professionnel, nous sommes plutôt dans le phénomène « du subir plutôt que du guérir ». Être pour ou contre n’est pas réellement le fondement de la question mais plutôt combien de choix disposons-nous pour faire autrement. Il faut peut-être un jour arriver à ne plus laisser le choix de faire ou de ne pas faire, essayer ou ne pas essayer, mais imposer. Je pense que les problèmes économiques engendrés vont encore laisser le temps au temps.
« J’ose également ajouter que cette question du 0 phyto est notre problème à nous les greenkeeper, mais c’est un problème imposé en tant que professionnel, nous sommes plutôt dans le phénomène du subir plutôt que du guérir« .
Sous quelles conditions mettre en place le zéro phyto ?
Si nous prenons l’exemple de l’être humain, si demain on supprime un médicament, on trouvera une autre solution pour le soigner. Dans notre secteur c’est encore plus grave car il y a des maladies que nous n’arrivons pas à soigner. C’est un problème général qui concerne tout le monde : aussi bien le propriétaire du parcours, son fabricant, celui qui l’entretient mais surtout celui qui est dans l’action du jeu de golf. Il doit accepter que le green soit malade, que sa balle risque de sauter à cause de la fusariose qui a creusé un peu partout dans le gazon. Le problème est avant tout un problème de comportement et de mentalité des golfeurs. Le jour où ils accepteront de jouer sur des parcours comportant du dollar spot ou de la fusariose alors le problème de cette question sera réglé. Les greens ne vont pas mourir avec ces maladies. En effet, si demain il y a une forte chaleur et si nous faisons des actions mécaniques (sablage, réduction d’eau, gestion de la fertilisation, etc.) la maladie va partir. Nous ne traitons pas 365 jours dans l’année, la maladie est là à un instant T car nous avons une pression de la maladie qui pénètre et qui va être forte à ce moment-là. C’est à nous de faire en sorte, lorsque les conditions sont réunies, de préparer le gazon. C’est-à-dire que nous devons recourir aux bonnes actions au bon moment. Pour terminer, le 0 phyto, aujourd’hui, c’est impossible pour les personnes qui n’accepteraient pas de voir un gazon malade ou encore de voir des pissenlits sur le fairway.
redactioneprofield.com (Lucas Sanseverino)
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