Eau : Le point sur le niveau des nappes d’eau souterraine
Publié le 21 février 2024 à 07h00
Catégorie : Actualités
Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a dressé le bilan de la situation des nappes phréatiques en France dans un communiqué de presse. La situation reste globalement satisfaisante mais a une légère tendance à se dégrader.
Début février, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a publié un communiqué de presse faisant le point sur la situation des nappes phréatiques en France. La BRGM est l’établissement public français pour les applications des sciences de la Terre. Au cœur de ses missions, nous retrouvons 4 objectifs : la compréhension des phénomènes géologiques et les risques associées, le développement de méthodologies et de techniques nouvelles, la production et la diffusion des données pour la gestion du sol, du sous-sol et des ressources, ainsi que la mise à disposition des outils nécessaires à la gestion du sol, du sous-sol et des ressources, à la prévention des risques et des pollutions, aux politiques de réponse au changement climatique.
L’eau souterraine figure ainsi dans le champ d’action du BRGM et chaque année, le bureau de recherche fait le point sur la situation des nappes d’eau souterraine en France. La situation reste globalement satisfaisante mais a une légère tendance à se dégrader.
Définitions
Nappes inertielles : craie, formations tertiaires et formations volcaniques, ont une cyclicité pluriannuelle. Leur inertie se caractérise par des écoulements lents qui leur permettent de conserver des niveaux peu dégradés à la sortie d’un hiver caractérisé par une recharge déficitaire.
Nappes réactives : alluvions, calcaires jurassiques et crétacés, grès triasiques et socle, ont une cyclicité annuelle et sont très sensibles au déficit de pluie efficace.
Etiage : baisse périodique des eaux ou plus bas niveau des eaux.
En janvier 2024, le niveau des nappes inertielles restent en hausse mais la recharge ralentit ou s’arrête sur de nombreuses nappes réactives. Grâce à un début de période de recharge arrosé, le niveau des nappes réactives est satisfaisant sur une grande partie du territoire. D’après le BRGM, « ce début de recharge hivernale permet d’espérer des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver sur une grande partie du territoire ». Toutefois, la situation pourrait bien se dégrader en cas de trop faibles précipitations en fin d’hiver et l’état des nappes réactives s’en retrouverait rapidement impacté, celui des nappes inertielles plus lentement. La situation des nappes du sud-est sera à surveiller en raison d’absence d’épisode de recharge notable et d’un étiage sévère.
La situation par rapport à 2023
En raison des pluies déficitaires, des températures élevées qui ont permis aux plantes d’être encore actives en début d’automne en 2023, la vidange des nappes s’est poursuivie tardivement. Leur recharge a débuté à partir d’octobre jusqu’à novembre et décembre.
En janvier 2024, les niveaux de 51 % des points d’observation étaient en hausse. La recharge ralentit puisqu’en décembre 2023 ce chiffre atteignait les 69 %.
Concernant les nappes inertielles et mixtes, elles restent en hausse en janvier 2024. Du fait de leur écoulement lent, leur recharge implique un temps d’infiltration des pluies à travers la zone non saturée sur plusieurs semaines. « Les hausse de niveaux observées en janvier sont donc la conséquence des pluies efficaces infiltrées courant novembre et décembre », explique le BRGM.
Difficile en revanche de dégager une tendance générale pour les nappes réactives puisqu’elles dépendent des cumuls pluviométriques enregistrés en janvier, et ces derniers varient fortement et fonction des zones. « Lorsque les volumes de pluie infiltrées ont été suffisants pour compenser la vidange naturelle des nappes vers leurs exutoires (sources, cours d’eau, mer, etc), la recharge a continué en janvier. Les niveaux sont ainsi restés en hausse ou stables notamment sur les nappes du Massif armoricain, sur les nappes du Grand-Est et sur les nappes du nord du Massif Central », précise le BRGM.
Situation des nappes
Entre fin octobre et décembre 2023, une recharge importante est survenue et a eu un effet notable sur la situation les niveaux des nappes qui étaient jusqu’alors sous les normales mensuelles. Si l’intensité de la recharge diminue depuis janvier, la situation reste satisfaisante selon le BRGM, et ce malgré une légère dégradation : 39 % des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 15 % sont comparables et 46 % sont au-dessus. A titre de comparaison, en janvier 2023, 60 % des niveaux étaient situées sous les normales. Toutefois, les nappes du Languedoc, du Roussillon et de Corse ont des niveaux plus bas qu’en 2023.
« L’état des nappes en janvier 2024 demeure hétérogène, avec des niveaux très bas à très hauts. Les niveaux sont satisfaisants, de modérément hauts à très hauts à l’ouest, du Cotentin à la Haute-Garonne et au nord-est, de l’Artois aux vallées alpines. Les niveaux sont de modérément bas à comparables aux normales mensuelles sur une bande centrale s’étendant de la Normandie à l’Auvergne. Enfin, les niveaux sont moins satisfaisants, de modérément bas à très bas sur le sud-est. Ces situations disparates s’expliquent essentiellement par l’intensité du début de la recharge 2023-2024 et par la réactivité de la nappe aux pluies », indique le BRGM.
Pour ce qui est des nappes réactives et mixtes, leur état est satisfaisant, allant de modérément haut à haut, voire très haut sur la nappe mixte de la craie du littoral d’Artois-Picardie. Les situations des nappes inertielles évoluent quant à elles très lentement. Depuis l’automne, leur état s’améliore à l’est de la France notamment. Dans le sud-est, les niveaux des nappes sont sous les normales en raison d’un déficit de début de recharge 2023-2024.
Quelles prévisions ?
Selon les précipitations observées et annoncées en février 2024, la recharge des nappes d’eau souterraine devrait se poursuivre sur une grande partie du territoire et l’état des nappes devrait donc s’améliorer. Avec un mois de janvier sec, les niveaux des nappes inertielles devraient toutefois se stabiliser voire diminuer.
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