Espagne : Le meilleur groundsman de l’année livre ses secrets

Publié le 22 février 2024 à 07h00

Catégorie : Pratiques

Récemment nommé meilleur groundsman d’Espagne par ses confrères, Antonio Blanco, responsable des pelouses du Real Valladolid, a livré une interview à l’Association des greenkeepers espagnols (AEG) dans laquelle il revient sur son prix, son métier et la filière dans son ensemble.

Source : AEG

Antonio Blanco a sans doute passé une bonne fin d’année 2023. Le groundsman du Real Valladolid, pensionnaire de la Liga la saison dernière et désormais en deuxième division espagnole, a été élu meilleur groundsman de l’année 2023, récompensant son travail et celui de son équipe sur la très belle pelouse du stade José-Zorilla. Dans une interview accordée à l’Association des Greenkeepers espagnols (AEG), le vainqueur du prix est revenu sur cet événement, sa carrière et son regard sur la filière espagnole.

Comme un signe, cette bonne nouvelle, Antonio Blanco l’a reçue en pleine réception de la sélection espagnole à Zorilla, la première sur cette pelouse. Les joueurs de la Roja n’avaient pas manqué de souligner la qualité du gazon, au plus grand bonheur de son groundsman : « Ce fut une belle conjonction, voir l’équipe nationale émerveillée par le terrain et à ce moment-là, annoncer que j’avais remporté le prix…, un grand moment professionnel que je garderai pour toujours dans ma mémoire », confie-t-il.

 

Un secteur en plein essor ?

D’après Antonio Blanco, le secteur de l’entretien des pelouses sportives est en plein essor et a connu de grands changements ces dernières années. Cette « révolution des terrains de jeu » a rendu le métier encore plus technique. « L’évolution du football ne concerne pas seulement les joueurs, elle concerne aussi le terrain. De nos jours, le joueur fait plus de passes, court plus loin, fait plus de sprints, etc., ce qui nécessite des terrains qui répondent à ces besoins et réduisent les risques de blessures. Fini les champs d’argile qui finissaient par devenir boueux, laissant la place aux champs de sable, dont la gestion et la construction deviennent multifactorielles et bien plus complexes », explique-t-il.

Une profession plus technique et encore plus importante aujourd’hui ? Pour le groundsman de Valladolid, c’est le cas. Le groundsman a un rôle essentiel et central dans un club professionnel : il est le garant de la qualité des terrains de jeux, il oriente le club vers les investissements optimaux dans la construction et l’entretien des surfaces de jeux. « Dans les championnats espagnols, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir à cet égard. Un travail doit être fait pour diffuser la profession », ajoute-t-il.

 

Les priorités d’Antonio Blanco

Interrogé sur ce qui était sa priorité dans son métier, Antonio Blanco a mis l’accent sur la conductivité hydraulique des terrains. « Un terrain qui a de l’eau à la surface pendant son utilisation est un terrain qui « se brisera ». Par conséquent, entretenir et construire en recherchant une bonne percolation est ma maxime. Avoir un profil avec une bonne conductivité hydraulique signifiera également que nous aurons un sol bien oxygéné pour les micro-organismes et les racines, et donc une plante plus saine et plus compétitive », explique-t-il. S’il érige la conductivité hydraulique comme un facteur fondamental pour avoir une pelouse de qualité, il ne néglige pas pour autant les autres aspects du terrain : couverture, densité, couleur, etc. « Du plus important au moins, je les veux tous ! », affirme-t-il.

Du côté des joueurs, Antonio Blanco estime que les priorités sont différentes. « D’après mon expérience, il n’y a qu’une chose qu’ils aiment et exigent : que le champ soit rapide, c’est-à-dire qu’il soit tondu le plus court possible et arrosé », précise-t-il.

 

La filière espagnole en avance en Europe ?

Tous les clubs de deuxième division espagnole n’ont pas un groundsman attitré. C’est là l’un des principaux axes d’amélioration de la filière espagnole. Cette dernière est, selon le groundsman de l’année 2023, en constante progression. La Liga a mis en place une section Qualité des terrains de jeu qui va dans ce sens. Comme en France avec la Licence Club de la LFP, la remise d’une certaine partie des revenus des droits TV est conditionnée à la qualité des terrains de jeu.

Pour Antonio Blanco, la filière espagnole se rapproche du leader anglais, numéro 1 de l’entretien des pelouses sportives en Europe. L’Espagnol, optimiste, place même l’entretien des pelouses espagnoles légèrement au-dessus des autres pays au vu de la qualité des terrains de la Liga et de certains clubs de seconde division.

 

Montrer pour attirer

La filière espagnole se professionnalise, mais, comme ailleurs en Europe, le recrutement est difficile et il est alors très important d’attirer de nouvelles générations. Antonio Blanco en est bien conscient et tente d’en montrer davantage sur le métier de groundsman sur les réseaux sociaux. « Je pense qu’il y a beaucoup d’ignorance de l’extérieur sur ce que nous faisons, ou sur la façon dont nous vivons notre vie quotidienne, et en même temps beaucoup d’intérêt si vous le montrez. Je pense que c’est une des manières de faire connaître et de créer de l’attractivité pour la profession auprès des jeunes et des moins jeunes, et il existe des manières très dynamiques et créatives de le montrer de manière « cool » », estime-t-il.

Corentin RICHARD

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