Euro 2024 : L’heure du bilan pour les pelouses

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L’Euro 2024 s’est achevé avec le sacre de l’Espagne. La qualité des pelouses durant la compétition à quelques fois fait couler de l’encre. Lukas Baar, membre du laboratoire LLS mandaté par la FIFA pour le contrôle des pelouses, est revenu sur les réussites et les couacs des pelouses de l’Euro 2024.

Voilà près d’un mois que l’Euro 2024 s’est achevé sur la victoire finale de l’Espagne. La compétition, qui s’est tenue en Allemagne a livré son verdict et l’heure est au bilan, notamment pour les pelouses. Certaines d’entre elles ont complètement tenu leur standing quand d’autres ont parfois fait couler de l’encre dans les médias. Avec des hauts et des bas, cette expérience s’est montrée très enrichissante et porteuse d’enseignements pour Lukas Baar, employé au Labor Lehmacher Schneider, le laboratoire chargé du suivi des pelouses de la compétition. Il livre son point de vue et ses explications sur ce qui a bien marché, et ce qui a moins bien fonctionné.

Les satisfactions

La compétition a été l’occasion pour de nombreuses équipes de terrain d’être en contacts quasiment quotidiens avec les sélections nationales présentes sur les camps de base. Les relations entre le personnel de terrain et les staffs sont importants dans la mesure où les gestionnaires des pelouses doivent rapidement cerner les attentes des équipes. Et sur ce point-là, la plupart des équipes a été satisfaite. « La première « rencontre » entre le personnel de terrain et les équipes s’est bien déroulée sur presque tous les sites – bien sûr, il a fallu quelques jours pour que les équipes sur place se familiarisent avec les exigences des équipes », a reconnu Lukas Baar. Globalement, les équipes ont été contentes de leur terrain d’entrainement.

Concernant les stades, ils ont pour la plupart bien performé. Nous pouvons notamment citer la pelouse de l’Allianz Arena, domicile du Bayern Munich, entretenu par Peter Klaus Sauer et son équipe, qui a bien tenu son rang. La pelouse du Signal Iduna Park (Borussia Dortmund) a également fait une démonstration de sa résilience lors de l’impressionnant orage qui a touché l’Allemagne le 29 juin 2024, à l’occasion du 8e de finale opposant le pays hôte au Danemark. « Nous avons eu 50 litres de pluie en 20 minutes à Dortmund et le terrain était en très bon état. Les différentes couches de sol sous-jacentes étaient bien construites », ajoute Lukas Baar.

Quelques couacs explicables

Malgré une satisfaction générale au niveau des terrains, certains couacs ont été très médiatisés. Certains camps de base ont fait l’objet d’un replacage juste avant la compétition. Ces terrains ont connu quelques problèmes, explicables. « En raison des fortes pluies et des mauvaises conditions météorologiques sur les parcs en gazon, la qualité du gazon n’était pas aussi bonne que prévue », explique l’Allemand. En effet, la récolte du gazon lors de pluies abondantes conduit à une baisse de la qualité.

Certaines équipes ont exprimé des inquiétudes quant à la qualité du gazon. Ce fut notamment le cas de la Suisse, qui s’entrainait à Stuttgart. « Le gazon livré pour Stuttgart n’était pas dans l’état que nous attendions. En raison des précipitations plus abondantes lors de la récolte, le gazon a été soumis à de fortes contraintes lors du transport et du placage. Le gazon de Stuttgart était un gazon 100 % Poa pratensis. Le Poa pratensis a besoin d’une récupération beaucoup plus longue que Lolium. La fenêtre de temps pour cette récupération et l’arrivée de l’équipe était tout simplement trop courte », explique Lukas Baar. L’UEFA et la société de construction ont réagi très rapidement pour offrir la meilleure qualité possible du terrain et le terrain a été remis en place dans un court laps de temps.

 

Le comportement des placages en 100 % Poa pratensis par rapport au lollium a été l’un des principaux enseignements de la compétition. « Maintenant, 4 semaines après le tournoi, les terrains en Poa pratensis sont en parfait état. Les terrains qui ont été gazonnés avec un gazon Lolium ont eu une récupération beaucoup plus rapide. Dans de bonnes conditions (suffisamment de lumière, de vent, d’eau et d’engrais), vous pourriez voir une amélioration heure par heure », ajoute Lukas Baar.

L’autre point noir de la compétition a été la qualité de la pelouse de Francfort, vivement critiquée. Celle-ci avait été changée plus tôt dans la saison en raison de le tenu d’un match de NFL en novembre. Les racines n’étaient pas assez profondes, ni assez fortes. Le rythme effréné du tournoi n’a pas aidé. Une compétition comme l’Euro est un stress lourd pour tous les terrains. Le gazon n’a pas beaucoup de temps pour récupérer. En moyenne, tous les 5 jours, il y avait un match sur les terrains. Aux matchs s’ajoutaient les entraînements et les échauffements. « Un entretien mécanique plus lourd pour réduire la matière organique, un topdressing ou des aérations plus profondes n’ont pas été possibles en raison de la courte période entre les jeux. Ces absences d’entretien mécanique entraînent des couches de base racinaires plus dures et compactes – les racines ne peuvent pas s’enfoncer plus profondément dans le sol. Une bonne récupération homogène est très difficile entre les matchs », explique Lukas Baar.

Autant d’enseignements qui seront utiles pour la suite de la carrière du jeune Allemand, qui n’a pas vraiment le temps de souffler, LLS étant impliqué dans plusieurs projets de rénovation de clubs de Bundesliga avant la reprise du championnat le 23 août.

Corentin RICHARD

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