Les principales différences entre un golf en France et un golf au Maroc

Publié le 20 juin 2020 à 05h00

Catégorie : Actualités

Eve Jary, directrice d’exploitation du Golf du Soleil à Agadir au Maroc, nous raconte dans cette interview quelles sont les principales différences entre un golf en France et un golf au Maroc.

Ancienne joueuse professionnelle, Eve Jary, directriced’exploitation du Golf du Soleil à Agadir au Maroc, est très intéressée et impliquée dans le métier du greenkeeping. Elle reconnaît qu’être une femme est difficile dans ce milieu, on attend beaucoup plus de la part des femmes qu’elles fassent leurs preuves.”

Nous lui avons demandé quelles étaient les principales différences entre un golf en France et un golf au Maroc :

La grande période d’activité sur les golfs au Maroc va du début du mois d’octobre à fin la fin du mois de mars. Mais il y a de plus en plus une perturbation climatique qui a un impact direct sur l’activité. Il fait beau de plus en plus longtemps et nous gagnons une dizaine de jours chaque année. De ce fait, nous avons une clientèle européenne très importante avec principalement des Français, des Allemands et des Belges, car à cette période les conditions sont beaucoup moins favorables dans leurs pays respectifs. Les Anglais, les Scandinaves et les Irlandais sont également de plus en plus nombreux car les lignes de transport aérien ont été créées. Nous sommes clairement tributaires du transport aérien. Par exemple, nous avons perdu une grande partie de notre clientèle venant d’Italie et de Suisse depuis que les liaisons aériennes ont fermé.

Quelles sont les différences entre les méthodes de travail des greenkeepers dans ces deux pays ?

La différence avec l’Europe concernant les travaux de rénovation réside déjà au niveau de la direction des golfs. Normalement, un directeur s’implique peu sur ces travaux car il y a des professionnels dédiés à ce domaine et qui font cela beaucoup mieux que nous. ici ce n’est pas le cas. La différence est également dans le jeu. La difficulté ici c’est que les greenkeepers ne sont pas joueurs. Ce n’est pas un métier de passionné ici mais c’est un métier de “tâches”. Il n’y a pas de jeu dans le cursus d’apprentissage. Les jardiniers savent réaliser une seule tâche et ils la font extrêmement bien. Mais il y a des limites, il faut qu’il y ait des jardiniers qui exercent les mêmes tâches car si il y en a un au repos ou en congé, cela devient vraiment difficile. C’est une vraie problématique.

Il y a également des différences au niveau du management des jardiniers, de leur profil, du rapport avec eux qui est très différent au niveau de la langue ou encore au niveau culturel et de la gestion de l’eau. Ici, l’eau n’est pas reconnue comme une ressource, contrairement à l’Europe qui la considère comme une véritable ressource au même titre que l’électricité. C’est donc un sujet extrêmement sensible. Ici, les intendants utilisent l’eau à outrance et j’essaye de les calmer car c’est très important pour moi. L’Etat fait le forcing pour que l’on utilise les eaux usées retraitées de la ville sauf qu’à l’époque, lorsqu’a été mis en place le système de traitements des eaux, il n’était pas destiné à l’entretien des golf. Le gazon sportif est très particulier car il mérite un entretien bien spécifique auquel je suis très sensible. L’eau est très riche en éléments nutritifs et cela est utile l’été en période culturale, mais compliqué l’hiver car je me retrouve avec des excès de pousse du gazon, de feutre, une teneur importante en ammonitrate alors qu’il y en a déjà beaucoup dans les produits que je suis obligée d’appliquer. Nous nous retrouvons avec trop d’apports dans chaque produit et une quantité d’eau trop importante. Du coup, quand mes intendants passent un coup de Simplex, ils sont obligés d’utiliser un bac et demi au lieu d’un demi-bac. Nous nous retrouvons alors avec beaucoup de feutre qui empêche la roule de la balles.

La gestion de l’eau n’est-elle pas plus difficile sous un tel climat, dans un pays du Maghreb?

L’entretien du gazon sportif est un vrai métier que je respecte vraiment car il nécessite une grande expertise. Le problème c’est que nous ne pouvons pas sur-consommer de l’eau alors que l’on nous annonce que les nappes se vident, qu’il ne pleut pas pendant des mois et que certaines personnes sont privées d’eau alors que nous, nous devons arroser car nous avons un business à faire tourner. Depuis les engagements pris en 2016 pour la COP22, il y a beaucoup plus de pression et de tensions. Nous devons vraiment bien gérer l’eau avec les restrictions mises en place pour que le gazon pousse bien et qu’il ne “crame” pas.

Quel est votre point de vue sur le niveau de formation des greenkeepers Marocains ?

Au Maroc, il n’existe pas d’écoles pour greenkeepers. De fait, les intendants Marocains n’ont aucune base agronomique. Néanmoins, les autorités marocaines souhaitent y remédier. Plutôt que d’importer des compétences, le Maroc souhaite désormais faire en sorte que ce soit en priorité des Marocains qui travaillent aujourd’hui.

Il faut également que les assistants du greenkeeper croient en lui afin qu’ils aient la main sur l’équipe et fassent ce que le greenkeeper exige. Ils peuvent avoir un véritable rôle clé d’accélérateur. Un seul greenkeeper sur 27 trous, c’est très compliqué, surtout pour l’irrigation. C’est l’un de mes principaux combats ici, réaliser une bonne maintenance du système d’irrigation, c’est vital.”

redaction.gsph24atprofieldevents.com (Lucas Sanseverino)

Rédaction GSPH24

Visitez nos
autres sites