Gaëtan Lits (Bois d’Arlon) : « Notre métier est devenu plus difficile »

Publié le 7 novembre 2024 à 07h00

Catégorie : Pratiques

Le greenkeeper du Golf du Bois d’Arlon en Belgique est nominé dans la catégorie Greenkeeper de l’année par le magazine néerlandais Greekeeper. Il revient sur son parcours et son rôle au sein d’un projet de grande envergure dans le Bénélux.

Gaëtan Lits connaît une fin d’année 2024 en trombe. Après avoir connu une belle expérience sur le parcours de l’Albatros au Golf National en tant que volontaire pour les Jeux Olympiques 2024, l’intendant du parcours du Golf de Bois d’Arlon en Belgique a été nominé par le magazine néerlandais Greenkeeper dans la catégorie greenkeeper de l’année. En poste dans un des projets golfiques les plus grands du Bénélux depuis janvier 2022, le Head Greenkeeper de 33 ans s’est confié sur son parcours et son quotidien au Bois d’Arlon dans Greenkeeper.

 

Le Golf du Bois d’Arlon, un projet d’envergure

C’est un projet dont Gazon Sport Pro H24 parlait depuis maintenant plusieurs années. Le Golf du Bois d’Arlon, situé en Belgique à quelques kilomètres de la frontière luxembourgeoise, a ouvert ses portes en 2024. Il est le fruit de l’entrepreneur Roby Schintgen, qui a investi pour construire deux parcours sur les 220 ha du site. Le parcours 9 trous a été conçu par Jonathan Davison tandis que le 18 trous a été conçu par Stuart Hallet. Ce golf, c’est avant tout le rêve de Roby Schintgen, qui avait acheté les 220 ha en 2011. « Il est présent presque tous les jours et a de nombreuses idées qu’il souhaite réaliser, mais heureusement, il a aussi confiance dans ce que nous faisons en tant que greenkeepers, confie Gaëtan Lits. Par exemple, nos greens sont actuellement tondus à 4 mm. L’année prochaine, je veux tondre plus court, mais ce n’est pas encore judicieux », reconnaît-il. Le propriétaire s’est donné le moyen de ses rêves et le golf resort jouit d’infrastructures neuves. Comme par exemple un immense hangar à machines.

Au niveau de l’irrigation, le golf bénéficie de 4 bassins d’une capacité totale de 120 000 mètres cubes sans forage. Tous les bassins sont reliés les uns aux autres. La station de pompage située sur le bassin central contrôle les 1600 arroseurs du golf. En 2024, année humide, le golf a utilisé 55 000 mètres cubes pour l’irrigation.

 

Une arrivée au Bois d’Arlon en pleine construction

Le jeune Belge arrive au Bois d’Arlon en 2021, la société de construction irlandaise Golf Link avait alors déjà posé les bases du parcours. Si la construction de ce golf reste un projet faramineux, il n’est toutefois pas dénué de bon sens. Les greens sont ainsi construits avec du sable qui vient du site même. Une partie du golf est majoritairement argileuse, l’autre sableuse. L’équilibre a été rétabli en prélevant ce qu’il fallait dans chaque partie. « Cela représentait un énorme travail de terrassement, mais cela nous a permis d’économiser beaucoup d’argent sur l’achat du root-zone », ajoute le Head Greenkeeper. Mais ce n’est pas sans conséquence : le sable utilisé contient trop d’argile fine et la surface des greens n’est pas suffisamment stable pour permettre à certaines machines de circuler. Pour pallier ce problème, l’équipe terrain effectue une aération à louchets de 18mm et remplit les trous avec du sable grossier avec une granulométrie de 0,3 à 1,6 mm.

S’il avait pour projet d’ouvrir en 2023, le Golf a revu ses ambitions à la baisse en raison de la sécheresse de 2022. Le parcours avait été semée en avril 2022. L’année suivante, la Belgique a connu de fortes précipitations. Le semis n’a pas eu des conditions optimales pour permettre une ouverture à temps. Le parcours a finalement ouvert aux membres et aux green-fees en juin 2024.

A seulement 33 ans, Gaëtan Lits a la responsabilité de l’entretien du parcours. Il peut s’appuyer sur une riche expérience malgré son jeune âge, avec des passages aux golfs de Louvain-la-Neuve, d’Hulencourt et quelques stages à l’étranger (Golf National, St Anne à Dublin). Le dernier en date, au Golf National pour les JO 2024, témoigne de l’envie d’apprendre et de tendre vers le meilleur sur le parcours du Bois d’Arlon en inculquant un sens du détail aiguisé.

Au Bois d’Arlon, Gaëtan est à la tête d’une équipe de 14 membres (dont 2 mécaniciens. Il est secondé par Olivier Campbell, et tous les deux sont les seuls de l’équipe à avoir déjà officié en tant que greenkeeper sur un golf. Le reste de l’équipe a dû être formé sur le terrain. Situé en Wallonie, le Golf du Bois d’Arlon est soumis à des restrictions concernant l’utilisation de produits pharmaceutiques. Pour Gaëtan Lits, le zéro-phyto est « l’avenir du greenkeeping ». Un avenir qui pousse la profession à se réinventer. « Nous n’avons pas le choix, mais cela signifie que notre métier est devenu plus difficile », admet-il.

Dans ce contexte, il faut actionner d’autres leviers comme la biostimulation. Afin de favoriser la vie dans la couche supérieure, le Head Greenkeeper utilise des Trichoderma et des Bacillus subtilis. Il faut aussi savoir s’entourer des bonnes personnes quand c’est nécessaire. « Quand j’ai commencé ici, j’ai dit au propriétaire : il y a beaucoup de choses que je peux faire et savoir, mais j’ai besoin d’un consultant pour me soutenir. C’est ce qu’est devenu Michel Poncelet. Il m’a apporté un accompagnement et des conseils hebdomadaires pendant toute la durée du chantier », confie Gaëtan Lits. Des méthodes dans l’ère du temps qui lui ont valu une nomination dans la catégorie greenkeeper de l’année. 

 

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Corentin RICHARD

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