Gazon synthétique : la filière se veut rassurante
Publié le 14 décembre 2017 à 07h00
Catégorie : Actualités
Plusieurs associations et fédérations directement concernées par l’utilisation de gazons synthétiques se veulent rassurantes en minimisant publiquement les éléments de l’enquête du magazine So Foot.
Difficile d’échapper à l’effervescence médiatique autour de la possible dangerosité des gazons synthétiques : a minima décriés par les joueurs professionnels pour les mauvaises conditions de jeu qu’ils offrent, ils présenteraient de surcroît un risque cancérigène.
Nos confrères du magazine So Foot ont publié dans leur numéro de novembre une enquête dans laquelle ils reviennent notamment sur l’émoi provoqué aux Pays-bas par une précédente enquête d’une chaîne néerlandaise, ainsi que sur les nombreux cas aux États-Unis de personnes atteintes de cancer (dont des cancers du sang) dans les rangs de footballeurs évoluant sur terrain synthétique (237 cas recensés selon le mensuel). Pour rappel, aux Pays-Bas, plus de quatre-vingt clubs de football – dont l’Ajax Amsterdam – ont décidé de tourner le dos aux gazons synthétiques suite à la diffusion de l’enquête télévisée.
Au cœur de l’enquête de So Foot (qui se prolonge sur le site internet du magazine) : la possible dangerosité des granulés présents dans les gazons synthétiques, réalisés à partir de débris de pneus usagés. Plusieurs études néerlandaises et américaine ont alerté sur la présence en leur sein de près de deux-cents substances classées comme toxiques ou cancérigènes.
Mais en France, hormis l’emballement médiatique, le statu quo est pour l’instant de rigueur. Le 17 novembre, Fedairsport, la fédération des acteurs des équipements de sport et de loisir, se fendait d’un communiqué de presse qui se veut rassurant, rappelant que « tous les systèmes proposés par les membres de Fedairsport répondent à toutes les normes en vigueur en France et en Europe ». Ce qui renvoie notamment à la norme NF P90-112 ainsi qu’à la réglementation Reach.
Le 13 décembre, Jacques Baillet, Président de Fedairsport, a réitéré le message dans un entretien accordé à Terrains de Sport, affirmant que « l’utilisation de ces terrains synthétiques [ceux se conformant au cadre réglementaire précité] est parfaitement sûre. »
Du côté de la Fédération Française de Football (FFF), qui, via son fonds d’aide dédié au football amateur, encourage financièrement la réalisation de terrains de sport en gazon synthétique – notamment pour la pratique du football à cinq – la donne est simple : aucune étude récente ne conduit à appliquer un quelconque principe de précaution. C’est en tout cas le message transmis par plusieurs membres officiels de la FFF, lors du dernier Salon des Maires et des Collectivités Locales, ainsi que lors des 48 H du Gazon Sport Pro. Il conviendrait, selon un représentant de la FFF, intervenant en marge d’une des tables rondes des 48H, de simplement adopter des « mesures de bon sens », en l’occurrence respecter les normes françaises et européennes et…se doucher après les matches !
Plus nuancée, l’Andes (Association nationale des élus en charge du sport) est également montée au créneau par voie de communiqué, indiquant avoir interpellé la Ministre des Sports Laura Flessel – qui pour l’heure n’a pas fait de déclaration officielle sur la question. Si elle estime également que « la prudence sur les risques sanitaires potentiels [des billes noires] semble être de rigueur », l’Andes indique toutefois que le Ministère des Sports a sollicité son homologue de la Santé pour faire un point sur les études réalisées au plan européen et devrait prendre prochainement position. Affaire à suivre…
crédit photo : Belrobotics.com