Jean-Marc Lecourt : « Je ne pensais pas que le temps passait si vite »
Publié le 31 janvier 2024 à 07h00
Catégorie : Actualités
Après 22 années passées à la présidence de la Société Française des Gazons (SFG), Jean-Marc Lecourt a passé le relais à Luc Bourigault. L’occasion de revenir avec lui sur son parcours au sein de l’association et sa vision sur la filière.
Vous quittez la présidence de la SFG mais avez été nommé président d’honneur, quels sentiments vous animent aujourd’hui ?
Je ne pensais pas que le temps passait si vite. C’est quand on se retourne qu’on prend conscience du chemin parcouru. Je ne ressens pas forcément le sentiment du devoir accompli car nous avons toujours un gout d’inachevé, des chantiers non-aboutis…
Quand avez-vous rejoint la SFG ?
J’ai quasiment toujours été membre de la SFG depuis sa création en 1984. J’ai ensuite été membre du conseil d’administration. Puis il y a 20 ans on m’a proposé de me présenter à la présidence, j’y ai été élu jusqu’à aujourd’hui. Ce fut une grande fierté, mais j’y ai toujours ressenti beaucoup d’humilité. C’est une belle association, sans but lucratif, je tiens à le rappeler.
Quel était le rôle de l’association au sein de la filière ?
Avant l’arrivée d’internet et des réseaux sociaux, la SFG était l’une des seules sources d’informations et de formation disponible pour les professionnels et les amateurs éclairés de gazon, et sans visée commerciale. C’était un véritable lieu d’échange et de partage, avec une vocation à publier puisqu’au départ il y a eu le livre fondateur et du Président Fondateur de la SFG, Robert Thomas, intitulé Les Gazons puis la fameuse Encyclopédie des Gazons. Nous avons aussi publié le CD-ROM HYMEGA 1.0 interactif des maladies des gazons, des cahiers techniques… Nous organisons des journées techniques et avons accueilli l’ETS (European Turf Society) et organisé ce rassemblement européen à Angers en 2010 .
Quel bilan tirez-vous de vos 22 ans de présidence ?
Je dirais que ce n’est pas à moi de tirer le bilan, mais plutôt à nos adhérents. J’espère juste qu’ils ne seront pas trop sévères ! (rires) Je n’ai pas véritablement de regret. Cela a été une expérience très enrichissante. Les échanges entre divers professionnels d’une même filière sont extrêmement riches, c’est important de prendre conscience des problématiques, contraintes et difficultés de chacun pour apporter des solutions de manière humble si possible. Nous ne pouvons pas rester isolé dans notre cocon sans s’ouvrir aux autres. Et la SFG est vraiment le lieu d’échanges pour tenter de trouver communément des solutions.
Quelles étaient vos principales missions en tant que président ?
Le principal défi a d’abord été de reprendre la succession de Jean-Paul et Nicole Guérin qui portaient l’association à bout de bras. Il a fallu structurer administrativement la SFG, en créant une véritable direction avec une directrice qui est toujours Bénédicte Ratel, ainsi qu’un secrétariat. L’objectif était de s’assurer que la SFG ne dépende de personne et que l’institution serait toujours plus importante que les personnes qui la composent. Je salue à cette occasion Jean-Jacques Perret, notre ancien secrétaire, qui n’est malheureusement plus de ce monde, ainsi que Eric Burie, Bernard Bourgoin et tant d’autres pour leur aide précieuse dans cette mission .
Une fois cette tâche accomplie, l’objectif a été de fédérer, de trouver des problématiques communes. Et elles sont nombreuses. Nous travaillons sur tous les gazons, du green de golf à la végétalisation d’espaces naturels, etc. L’un des rôles essentiels de la SFG est d’insister sur le rôle environnemental du gazon dans les cités. Les gazons stockent le carbone, réduisent la température, le bruit et la poussière. Le gazon est le premier végétal qui permet d’avoir de la nature en ville. Le problème n’est pas le gazon mais le type d’entretien qu’on lui dédie.
Quel regard portez-vous sur la filière de l’entretien des pelouses sportives ?
Il y a des enjeux et de plus en plus de contraintes. Je suis assez optimiste car j’ai confiance en la technicité de nos professionnels français et en leurs capacités à s’adapter aux nouvelles règles qui s’imposent. Il ne faut pas toujours les voir comme des contraintes mais plutôt comme des opportunités d’être plus créatif et de ne pas se reposer sur des solutions chimiques révolues. Il y a d’autres possibilités. Je suis confiant mais cela peut être compliqué, notamment pour les terrains d’élite qui sont des structures hors-sols, mais aussi pour les terrains communaux qui peuvent manquer de moyens financiers, humains et de formation pour ces derniers. La SFG s’était penchée sur ce problème de formation sans toutefois parvenir à trouver une solution. Cela fait partie des échecs de la SFG, que j’assume entièrement.
Il y a du savoir-faire dans notre pays. Aujourd’hui en France, la première technicité que nous possédons c’est l’humain. Nous avons des professionnels du gazon extrêmement compétents, c’est une richesse inestimable et il faut le faire savoir. C’est d’autant plus important de la faire savoir que nous avons besoin de renouveler la filière, d’attirer du monde et de trouver les professionnels de demain.
Vous avez été désigné président d’honneur de la SFG. Qu’est ce qui va changer pour vous ?
Je vais prendre du recul. C’est un titre honorifique. Si je peux humblement aider la SFG, quelle qu’en soit la forme, ce sera avec un grand plaisir. Mais il faut maintenant laisser la place aux personnes qui sont en poste maintenant, ne pas leur faire d’ombre. A eux de jouer maintenant, ils sont parfaitement compétents et ont l’expérience nécessaire. Je vais regarder cela attentivement, mais de loin, sans gêner personne.
Avez-vous un mot à adresser à votre successeur, Luc Bourigault ?
Je le félicite sincèrement pour son élection et le remercie pour son investissement passé, présent et futur au sein de notre association. Il reste épaulé par Bénédicte Ratel, et secondé pour son conseil d’administration et son bureau. J’espère qu’il m’invitera pour les 50 ans de la SFG !
Je tenais à remercier sincèrement les membres de la SFG, en premier lieu, Bénédicte Ratel. Je suis extrêmement reconnaissant envers nos anciens qui ont créé et développé la SFG.