JO 2024 : Le hockey sur gazon, une discipline qui tente de se mettre au sec

Catégorie : Actualités

Les Jeux Olympique Paris 2024 vont être l’occasion de mettre en lumière certaines disciplines peu connues en France. C’est notamment le cas du hockey sur gazon, dont les épreuves se disputeront au Stade Yves-du-Manoir à Colombes. La discipline, qui se pratique sur des pelouses artificielles mouillées, veut se mettre au sec. Ce ne sera pas encore pour Paris 2024, même si les choses semblent évoluer dans le bon sens. Explications.

Il n’y a pas que le football, le rugby et le golf qui se disputent sur gazon ! En effet, les Jeux Olympiques Paris 2024 vont être l’occasion de mettre en lumière un sport peu connu et peu pratiqué en France : le hockey sur gazon. La discipline compte 30 millions de joueurs dans le monde, avec une parité assez impressionnante (51 % de femmes, 49 % d’hommes). Les quelques 76 rencontres du tournoi masculin et du tournoi féminin se disputeront entre le 27 juillet et le 9 aout au Stade Yves-du-Manoir de Colombes. Ce dernier, rénové pour l’occasion (les travaux se sont achevés en décembre 2023), compte deux terrains synthétiques sur lesquels se joueront les matchs et un terrain d’échauffement.

Comme son nom l’indique, le hockey sur gazon se pratique sur…gazon. Un gazon initialement naturel, puis synthétique pour le très haut-niveau dès 1976. Mais depuis peu, la surface de jeu sur laquelle évoluent les joueurs fait débat en raison des considérations environnementales. En effet, le hockey sur gazon se pratiquait depuis de nombreuses années sur des sols mouillés afin d’accélérer le jeu et de coller la balle au sol. Consciente que le mouillage des terrains consomme beaucoup d’eau, la FIH (Fédération Internationale de Hockey) a lancé un défi à l’industrie du gazon synthétique en 2018 : fournir une surface de jeu cohérente pour la pratique du hockey sur gazon de haut niveau qui ne nécessite pas d’eau. Le challenge a été relevé, en partie, avec l’arrivée de produits innovants appelés « gazons secs Dry Turf (non mouillés) ». Les résultats ne sont toutefois pas encore assez satisfaisants pour se priver d’eau à Paris. Avant d’aborder plus en profondeur l’arrivée récente de cette nouvelle surface de jeu, un rappel général sur les surfaces de jeu du hockey sur gazon s’impose.

 

Le terrain de hockey sur gazon : attentes et dimensions

A l’instar du football, le hockey sur gazon se joue à 11 contre 11 avec un gardien de but dans chaque équipe. Un match est divisé en 4 quarts temps de 15 minutes. Contrairement aux autres sports collectifs se disputant sur gazon, la surface de jeu est en contact avec trois éléments : le joueur, sa crosse et la balle. La qualité des interactions entre ces trois éléments et le gazon détermine si la surface est bonne ou non. Le joueur doit ressentir un certain confort au niveau de ses appuis, comme dans les autres sports collectifs. La balle doit quant à elle rouler assez rapidement et coller au sol. Enfin, le joueur doit être capable de manier sa crosse de manière douce et confortable sur le gazon.

En 1976, la FIH décide que le hockey sur gazon de très haut-niveau devrait se disputer sur des gazons artificiels capables d’offrir une planimétrie parfaite. A l’époque, obtenir une pelouse naturelle parfaitement plate n’était pas chose aisée. Un terrain de hockey mesure 91,4 m de long et 55 m de large.

Depuis les Jeux Olympiques de Londres en 2012, il est courant de voir des gazons de couleur bleue. Ce choix se justifie par un meilleur contraste visuel entre le terrain, les lignes de jeu et la balle, aussi bien pour les joueurs, les arbitres, les diffuseurs, les spectateurs ou les photographes.

 

Pourquoi arrose-t-on la surface de jeu ?

La principale raison de l’arrosage des surfaces de jeu synthétiques au hockey sur gazon est de coller la balle au sol. En effet, l’arrosage permet deux choses : limiter la friction entre le sol et la balle, limiter les blessures des joueurs sur une surface très agressives pour la peau.

Par souci d’équité, le terrain doit être arrosé avant chaque match pour que toutes les équipes aient les mêmes conditions de jeu quel que soit l’heure du match. En fonction des conditions climatiques, le terrain peut même être arrosé entre les quarts-temps.

 

Des surfaces mouillées au « Dry Turf »

Parce qu’arroser ses surfaces de jeu avant chaque match n’est plus en adéquation avec les contraintes environnementales d’aujourd’hui, la FIH a fait le choix de se tourner vers une technologie de gazon synthétique sec appelé « Dry Turf ».

Le Dry Turf est un système de revêtement sportif comprenant un tapis artificiel et une couche de souplesse sous-jacente. Comme pour les terrains mouillés, il ne présente aucun matériau de remplissage.

Pour évaluer ces nouvelles surfaces, la FIH, grâce à une recherche indépendante qu’elle a commandée, va se calquer sur ce qu’offraient les gazons mouillés sur 4 exigences clés :

      • Vitesse de la balle : la balle doit rouler aussi vite que sur les gazons mouillés
      • Vitesse de rebond de la balle et angle de rebond : la balle doit aussi bien rebondir que sur les gazons mouillés
      • Frottement crosse-surface : capacité d’une crosse de hockey à glisser sur le gazon de manière douce, contrôlée et confortable
      • Rigidité de la surface en 3D : capacité de faire se soulever une balle de la surface et d’exécuter des jongleries aériennes (3D)

A partir de cette recherche, la FIH a mis en place de nouveaux tests et de nouvelles exigences de performance. A partir de ces tests, des mesures ont été réalisés sur des surfaces de hockey sur gazon existantes afin de déterminer leur performance. Sur la base de ces mesures, la Catégorie Innovation a été établie.

Cette Catégorie Innovation a pour objectif de garantir que les gazons secs Dry Turf ont les capacités de :

      • Reproduire les qualités de jeu des gazons de hockey mouillés dans la mesure du possible
      • Offrir des niveaux d’adhérence du pied satisfaisants
      • Offrir un certain confort de jeu aux joueurs
      • Avoir une durabilité acceptable

 

Un test grandeur nature lors de la Coupe du Monde à Oman

Leader sur le marché des gazons synthétiques pour le sport, Polytan, par l’intermédiaire de son directeur général Paul Kamphuis, a dirigé les discussions mondiales sur le sujet avec les fédérations du monde entier affiliées à la FIH. Polytan est le fournisseur officiel de la FIH pour les JO et les Coupes du monde, et son directeur général a notamment participé au développement des terrains olympiques de Pékin, Londres, Tokyo et Paris.

Avant le grand événement JO 2024, Polytan a pu profiter de la Coupe du monde de hockey à 5 qui se disputait à Oman en janvier 2024 pour tester sa surface de jeu non-irrigué « Poligras Paris GT zéro » (voir plus bas). Il s’agissait du premier événement international de hockey sur « surface sèche », et comme bon nombre de première mondiale, l’événement a essuyé quelques critiques. « Il y a malheureusement eu quelques blessures et, comme toujours, de nombreux facteurs sont en jeu. C’était probablement le plus grand éventail d’expériences et de condition physique des athlètes lors d’un événement d’élite que j’ai jamais vu et le Hockey5s est condensé et extrêmement intensif – le stress sur les joueurs était donc important. Aucun des joueurs ni le personnel médical n’a attribué les blessures au fait que le gazon n’était pas irrigué », a indiqué Paul Kamphuis. Cette technologie de terrain ne semble pas prête pour le hockey de haut niveau. Ou alors est-ce le hockey de haut niveau qui n’est pas encore prêt ?

 

Un gazon arrosé mais zéro carbone pour les JO 2024

Avec ce test, l’objectif de la FIH est de basculer vers un hockey sec, mais il faudra toutefois attendre. En effet, le gazon « Poligras Paris GT zéro » du Stade Yves-du-Manoir de Colombes sera arrosé lors de la compétition. « Même si nous consacrons beaucoup de temps et d’argent à la R&D, nous ne pouvions pas envisager que les JO de Paris se disputent sur terrains secs. Nous ne sommes pas encore prêts. Pour l’instant, les terrains secs n’atteignent pas le niveau de confort et de sureté des joueurs d’un terrain arrosé », reconnait Jean-Pierre Bailly, directeur commercial de Polytan France. La FIH a fixé comme objectif de disputer les JO 2028 de Los Angeles sur un terrain sec.

Bien qu’à Paris, la compétition soit jouée sur une surface arrosée, des efforts ont toutefois été faits pour réduire la consommation d’eau. En effet, le « Poligras Paris GT zéro » nécessite moins d’irrigation que les terrains synthétiques traditionnels. Les fibres qui composent le terrain contiennent un additif les rendant plus glissantes. Il faudra toutefois ajuster la quantité d’eau, en fonction des conditions hygrométriques, afin « d’avoir une balle qui colle au sol et qui aille vite » selon Jean-Pierre Bailly.

Malgré une irrigation indispensable encore aujourd’hui, le terrain « Paris GT zéro » présente l’avantage d’être le premier terrain de hockey sur gazon à zéro carbone, fabriqué à base de 80 % de canne à sucre et d’électricité verte. Un détail important aux vues de l’importance de la durabilité au sein de ces Jeux Olympiques.

 

Comment s’entretient une pelouse de hockey sur gazon ?

Contrairement aux terrains synthétiques pour le rugby ou le football, les terrains de hockey nécessitent peu d’entretien. La principale tâche consiste à assurer la propreté du terrain. En fonction de la pollution extérieure, le terrain doit être nettoyée en profondeur tous les 2-4 ans.

 

 

Corentin RICHARD

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