Joël Labbé sur la loi phytosanitaire et les dérogations
Publié le 2 décembre 2024 à 07h00
Catégorie : Actualités
Dans une interview accordée à Golf Planète, Joël Labbé revient sur les raisons de la loi qui porte son nom et s’exprime sur la liste dérogatoire prévue en cas d’impasse technique.
S’il y a bien une date cochée d’une croix rouge par tous les intendants de parcours de golf ou les gestionnaires de pelouse en France, c’est celle du 1er janvier 2025. Elle est synonyme d’application de la Loi Labbé, adoptée en 2014, qui vise à interdire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques sur les terrains de sport. Si la filière devrait bénéficier de davantage de temps pour trouver des alternatives grâce à une liste dérogatoire, l’épée de Damoclès plane toujours sur les pelouses sportives.
Le sénateur écologiste du Morbihan, Joël Labbé, aujourd’hui retraité, est à l’origine de cette loi. Il en explique les raisons dans une interview accordée à Golf Planète. « A l’origine, je voulais faire une loi qui soit un premier pas en avant. Un pied dans la porte. Une étape avant de se pencher sur le problème de l’agriculture », reconnaît-il. Le monde agricole n’est pas concerné par cette loi, mais l’ancien sénateur invite à se pencher sur le sujet et à réfléchir à des solutions.
Dans le texte de loi originel, une liste dérogatoire était prévue en cas d’impasse technique. Une situation dans laquelle se trouve la filière des pelouses sportives, en manque de solutions et de temps pour les trouver. « Si on ne peut pas faire autrement et si ça ne met pas en péril la biodiversité… Je ne suis pas un intégriste ! En cas d’impasse technique, il avait été convenu d’élaborer une liste de produits dérogatoires. Et il est vrai que pour certaines maladies, on n’a pas de produits équivalents de biocontrôle. N’étant plus sénateur, je ne vais pas pouvoir discuter de la liste dérogatoire. Mais j’avais trouvé mes interlocuteurs sportifs de bonne composition à l’époque », admet-il.
Interrogé sur l’idée que la densité du gazon et du feutre sur les greens de golf (où sont principalement utilisés les produits phytosanitaires) empêcherait l’infiltration des produits dans le sol et les eaux souterraines, Joël Labbé se montre assez catégorique. « Je ne crois pas à la dégradation spontanée de toutes les molécules chimiques présentes dans les produits phytosanitaires. Beaucoup de scientifiques contredisent cette version un peu fleur bleue avancée par certains gestionnaires de golf », lance-t-il.
L’ancien sénateur du Morbihan revient enfin sur l’évolution de la loi, adoptée en 2014. « Les ajustements ont été faits dès le début puisque les terrains de sport ont été écartés. Et pour les golfs, il y a la possibilité d’avoir des dérogations pour les départs, les fairways et les greens. Tout a été intégré petit à petit et ça a bien évolué. Mais le plus important c’est qu’on sent bien qu’on a dépassé le point de non-retour et on va maintenant continuer d’aller de l’avant. Vers du positif. Le grand chantier reste cependant le domaine agricole », ajoute-t-il. Mais il s’agira d’un autre combat, qui sera certainement encore plus épineux au vu des volumes plus importants utilisés dans le monde agricole.