L’airter, l’aération à air comprimé

Publié le 14 février 2025 à 07h00

Catégorie : Pratiques

Dans le spectre des nombreuses techniques d’aération disponibles, l’airter se distingue par l’injection d’air comprimé. Focus sur une opération de décompactage particulière.

Dans une perspective de réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques sur les terrains de sport, les opérations mécaniques sont de plus en plus importantes. Elles permettent de favoriser la bonne croissance du gazon et d’offrir des surfaces de jeu saines. Parmi elle, l’airter, exclusivement proposé par Façon Paysage, présente quelques particularités.

 

Qu’est-ce que l’airter ?

L’airter est un aérateur de sol pneumatique qui décompacte de façon homogène sur tout le profil, jusqu’à 22 cm de profondeur selon les pointes utilisées. Il est équipé de 14 buses qui permettent d’injecter de grandes quantités d’air dans les sols qui ont tendance à la compaction. La machine est capable d’injecter 1,2 M de litres d’air frais par hectare. La conception du système pneumatique permet une injection tridimensionnelle, la plus homogène possible sur toute la couche de végétation : l’air se propage horizontalement, verticalement et latéralement à travers les pores et fissures du sol. Cela crée un réseau de micro-fractures dans le sol qui permet de décompacter le sol.

 

Retour d’expérience de Sébastien Dabrinville, intendant du Golf de Mérignies

Sébastien Dabrinville, intendant du Golf de Mérignies, utilise cette technologie depuis plusieurs années sur 1,6 ha de green. Il la planifie généralement en milieu d’automne, après un calendrier de compétition chargé, en complément des opérations plus classiques.

Au Golf de Mérignies, les compétitions sont nombreuses, l’exigence quant au parcours est élevée. Avec les tontes et le roulage des greens répétés, le gazon est stressé. Cette opération permet à l’intendant de concilier différentes problématiques. « L’état d’oxygénation d’un sol permet à celui-ci de « fonctionner » de manière optimale donc de se défendre face aux différents stress environnementaux, notamment face aux maladies des gazons qui peuvent créer d’importants désagréments, une altération de la qualité des surfaces de putting. Sans trop entrer dans le détail, le niveau d’oxygénation, son potentiel d’oxydoréduction (potentiel redox) influe directement sur la prédominance des « formes » des éléments (oxydés ou réduits), la disponibilité et la mobilité des éléments dans le sol. Il influe également sur l’activité biologique, la prédominance de certaines souches bactériennes donc sur les antagonismes naturellement présents », explique-t-il. En d’autres termes, un sol mieux oxygéné sera en meilleur état sanitaire et donc plus résistant aux stress abiotiques.

Après plusieurs utilisation, Sébastien Dabrinville a observé plusieurs avantages à l’airter. En premier lieu, une réouverture au jeu rapide et dans des meilleures conditions, ce qui permet d’intégrer l’opération assez facilement au calendrier prévisionnel. L’injection d’air comprimé favorise le drainage de surface avec un ressuyage beaucoup plus rapide après de fortes précipitations à Mérignies. L’intendant a également observé un meilleur état sanitaire de son sol, moins sensible aux maladies, ainsi qu’une homogénéité du couvert végétal. L’airter lui a également permis de lutter naturellement contre les nuisibles des sols comme les larves. « Cette technologie permet de lutter efficacement contre la compaction de surfaces ultra sollicitées tout en préservant des conditions de jeu parfaites et compatibles avec les exigences des manifestations sportives les plus importantes. Elle ne permet toutefois pas de s’affranchir des autres opérations courantes qui s’avéreraient nécessaires : extraction du feutre, décompactage en profondeur, reconnexion à la couche drainante… », explique-t-il.

 

 Des bienfaits démontrés au pénétromètre

Afin de mesurer l’impact de l’injection à air comprimé, des essais ont été réalisés avant et après le passage de la machine. En théorie, une pression supérieure à 300 psi ne permet pas à la plante d’évoluer dans les meilleures conditions. Les gaz circulent moins bien, les racines y trouvent naturellement plus difficilement leurs places.

Avant le passage de l’airter, le sol du green test présente une couche compactée à environ -12 cm avec une pression de 800 psi qui ne permet pas de traverser cette couche.

Après le passage, la pression à -12 cm est passée à 400 psi. Le pénétromètre peut ainsi traverser cette couche jusqu’à atteindre -22 cm où se trouve une couche drainante.

Le passage de l’airter a permis de réduire la pression de moitié, passant de 800 psi à 400 psi sur le green.

En résumé, le passage du décompacteur à air comprimé permet d’avoir un effet immédiat sur la compaction du sol et son oxygénation sans pour autant rendre la surface de jeu injouable. Cette opération, aussi efficace soit-elle, doit être un complément des autres opérations mécaniques traditionnelles

Corentin RICHARD

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