Le gazon de sport « pro » à la loupe
Publié le 4 janvier 2018 à 16h05
Catégorie : Actualités
Lors de la première table ronde des 48H du Gazon Sport Pro, des représentants des quatre disciplines (football, golf, hippisme , rugby) ont évoqué les différents critères de qualité inhérents au sport de haut niveau : esthétisme, qualité de jeu et sécurité des pratiquants.
Qu’est ce qu’un bon gazon ? Cette question en forme de sujet de bac a été soumise à un panel taillé sur-mesure pour GSPH24, où les quatre disciplines – football, golf, hippisme , rugby – étaient représentées. Les panelistes ont eu le loisir de plancher sur la question pendant une bonne heure et demi.
Sans aller jusqu’à dire qu’il prime sur le reste, le rendu visuel fait partie des critères de qualité incontournables. Car une manifestation sportive est aussi – d’abord ? – un spectacle. Si les diffuseurs ont désormais droit de cité quant à la qualité des gazons (c’est notamment le cas en football, puisque les réalisateurs notent les terrains à l’issue de chaque rencontre de L1 et L2), la pression n’est pas seulement médiatique : « [En golf], ce sont surtout les joueurs qui exercent cette pression, ainsi que les propriétaires de parcours et les sponsors », indique Julien Xanthopoulos, membre de la Commission technique de la Fédération Française de Golf, ancien joueur professionnel et consultant pour Canal +. Même son de cloche de la part de Guillaume Gouze, responsable stades au sein de la Ligue Nationale de Rugby : « Le diffuseur est toujours attentif à la qualité des terrains, mais c’est une pression que nous nous mettons également. » Et d’indiquer que les diffuseurs ont été invités à intervenir lors du séminaire de la LNR sur les 48h du Gazon Sport Pro.
Un gazon de qualité assure le spectacle aussi parce qu’il offre de bonnes conditions de jeu : « L’intendant est la première personne avec laquelle je m’entretiens chaque matin, souligne Jean-Marc Furlan, entraîneur du Stade Brestois 29. Et chaque matin, les joueurs évoquent la qualité du terrain, notamment sa planimétrie, mais aussi la tonte, le substrat… » Si joueurs et entraîneurs se montrent exigeants, c’est qu’un terrain suffisamment ferme permet de donner de la vitesse au ballon. Tout comme en golf où la fermeté des greens garantit une bonne roule de la balle. À tel point qu’en foot et rugby, une qualité moindre de la pelouse permet à des équipes de niveau inférieur de rivaliser avec les meilleures. Bernard Dusfour, président de la commission médicale de la LNR, évoque cette anecdote : « Le club d’Oyonnax était réputé pour avoir un terrain difficile du fait des conditions météo, mais l’année où il s’est doté d’un terrain synthétique, le club a été relégué en division inférieure ! Car les équipes visiteuses avaient de meilleures conditions pour développer leur jeu… »
Cette fermeté des gazons est aussi garante de la santé et de la sécurité physique des joueurs. C’est d’ailleurs le champ qu’explore Philippe Rouch, Directeur de l’institut de biomécanique humaine Georges Charpak à L’École Nationale Supérieure des Arts & Métiers… L’expert effectue notamment des travaux visant à comparer l’impact des propriétés mécaniques (fermeté) des différents types de gazons (naturel, renforcé, synthétique), ainsi que l’importance du choix des crampons sur la traumatologie articulaire des joueurs de football et de rugby : « Une pelouse trop souple a un impact négatif sur la vitesse, indique-t-il. D’autant qu’un terrain ferme peut tout aussi bien être amortissant [de façon à ménager les articulations des joueurs sur leurs prises d’appui]. Quant au choix des crampons, il peut y avoir une différence de facteur 2 entre deux modèles de chaussures dans leur transmission des efforts des joueurs… »
La météo aussi a bien sûr un impact sur la qualité des gazons et sur la sécurité de jeu : un terrain boueux rend les appuis beaucoup plus incertains et augmente les risques de déchirures musculaires. Mais paradoxalement, une vitesse de jeu accrue s’avérerait aussi être un facteur de risque. Car en parallèle, les capacités athlétiques des sportifs de haut niveau ont aussi considérablement évolué. C’est patent en rugby, où l’augmentation de la vitesse des joueurs serait corrélée à une augmentation du nombre de commotions : « Il faut que l’on se penche sur cette hypothèse, admet Bernard Dusfour, car il s’avère que les pics de blessures surviennent par beau temps et non par temps de pluie… » En hippisme, c’est d’ailleurs ce qui pousse les intendants à arroser les pistes lors des courses d’obstacles : « Ce sont les épreuves qui génèrent le plus d’accidents, précise Nathalie Crevier-Denoix, Directrice d’unité de recherche à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort. L’arrosage est accru à dessein pour afin d’alourdir la piste et ainsi réduire la vitesse des chevaux aux abords des obstacles. »