Le mois de juin chargé de l’Hippodrome de Chantilly

Catégorie : Pratiques

Entre le Qatar Prix du Jockey Club et le Prix de Diane Longines, l’Hippodrome de Chantilly a connu un mois de juin chargé. Il a fallu composer avec des conditions météorologiques difficiles pour préparer ces deux grands rendez-vous. Explications avec le responsable de l’hippodrome, Marin Le Cour Grandmaison.

Comme chaque année, le mois de juin est animé à l’Hippodrome de Chantilly. Entre le Qatar Prix du Jockey Club qui se tenait le dimanche 2 juin et le Prix de Diane Longines le 16 juin, les équipes d’entretien des pistes ont vécu des semaines intenses. Ils ont en plus de cela dû composer avec une météo changeante et incertaine qui a donné peu de visibilité au responsable de l’Hippodrome de Chantilly et du centre d’entrainement, Marin Le Cour Grandmaison.

 

Un contexte climatique incertain

Peu de soleil et beaucoup de pluie. La situation climatique de Chantilly ne diffère pas des tendances climatiques du pays tout entier. Un facteur qui rend l’entretien des pistes bien plus compliqué dans un mois de juin marqué par la préparation de deux grosses réunions de courses. « Le plus gros souci que nous avons, c’est que la météo est imprédictible. Nous avons besoin d’avoir un peu de prévisions pour réguler l’arrosage. Nous n’arrosons pas seulement pour que les pistes soient vertes, mais pour qu’elles soient souples pour les chevaux », explique Marin Le Cour Grandmaison. Pour des raisons de sécurité et de bien-être animal, les pistes hippiques doivent en effet être plus ou moins souples. Ainsi, cette météo peut également avoir un impact du côté des propriétaires et des jockeys. Certains chevaux ont vocation à courir sur des pistes plus ou moins dures. Leur engagement sur certaines courses peut dépendre de l’état de la piste.

Difficile de se plaindre toutefois aux vues des précédents étés endurés. Plus particulièrement l’été 2022, où l’eau s’est faite très rare. Le responsable de l’hippodrome le reconnait, cette pluie est une bonne chose pour la nature, une moins bonne pour le personnel de terrain. « Depuis novembre 2023, nous avons de la pluie en quantité. C’est une excellente chose pour la nature. C’est en revanche un peu plus difficile pour nous qui travaillons en extérieur sur les pistes. Les terrains sont très assouplis. Les pluies n’empêchent pas les chevaux de courir, mais les dégâts sur les pistes sont exacerbés », reconnait-il. Pour préserver les pistes au maximum, la lice est régulièrement changée, ce qui permet de remettre en état les zones endommagées, reboucher les trous, etc. Le gazon est laissé au repos quelques jours afin de favoriser son enracinement après le rebouchage de pas.

Les basse-températures viennent également apporter des difficultés en plus de la pluie. « Nous avons eu des matinées à 3-4°C avec des journées à 10°C avec de la bruine. Ce n’était pas favorable à la pousse mais très favorable à la prolifération de maladies », ajoute Marin Le Cour Grandmaison. Les pistes ont d’ailleurs eu quelques départs de rouille et d’helminthosporiose.

 

Un Qatar Prix sur une piste collante, une rareté

Dans ce contexte particulier et pour une période aussi riche en événements, les 12 personnes qui composent habituellement l’équipe d’entretien des pistes renforcées par deux nouveaux éléments, ne sont pas de trop aux vues des taches à effectuer, aussi bien en amont qu’en aval des courses.

Le Prix Qatar du Jockey Club, compte tenu des conditions pluvieuses, a été couru sur une piste collante, c’est-à-dire avec des mesures au pénétromètre comprises entre 4,2 et 4,5. Une rareté : cela faisait plus de 20 ans qu’aucune course n’avait eu lieu sur ce type de piste à Chantilly en juin. La qualité de la piste a été plus que satisfaisante. L’excellent enracinement lui a permis de résister aux 10 courses qui se sont enchainées.

La fin du Qatar Prix du Jockey Club marquait immédiatement le début des préparatifs pour le Prix de Diane Longines qui se tenait deux semaines plus tard. Les 120 partants du 2 juin ont naturellement causé des dégâts importants sur la piste, qu’il a fallu réparer dans la foulée. Là non plus, Marin Le Cour Grandmaison et son équipe n’ont pas été aidés par la météo, toujours aussi floue.

« Les équipes ont très bien travaillé. Nous avons d’abord rebouché les trous puis repris la planimétrie en roulant la piste avec des rouleaux de fonte », indique-t-il. S’en est suivi des décompactages à lames afin de favoriser l’enracinement et le drainage en cas de nouvelles pluies mais également pour aérer le gazon après le passage des rouleaux. Dans le but de renforcer le gazon, les pistes ont été tondues quotidiennement à 9 cm puis, progressivement, à 11 cm jusqu’aux courses. Ce travail intensif en l’espace de 14 jours a porté ses fruits : la piste BON SOUPLE (entre 3,3 et 3,4 au pénétromètre) a donné entière satisfaction pour le Prix de Diane. De quoi offrir un joli spectacle aux quelques 21 500 spectateurs.

La saison des courses s’achève le 14 juillet à Chantilly. Elle reprendra début septembre, ce qui va laisser le temps aux équipes de réaliser les travaux estivaux sur les pistes. Les hauteurs de tonte vont être baissées. Les pistes vont être défeutrer grâce notamment aux passages de herse, puis décompactées avant le sursemis. L’arrosage va être réduit afin de plonger la plante dans un stress hydrique, obligeant ses racines à se développer pour aller chercher de l’eau en profondeur. Dès lors, il sera temps pour les pistes cantiliennes d’êtres foulées à nouveau.

 

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Corentin RICHARD

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