Les 40 travaux de Paul Burgess à Chelsea
Publié le 6 décembre 2024 à 07h00
Catégorie : Pratiques
Arrivé à Chelsea en 2023 après avoir fait le bonheur de Blackpool, Arsenal, du Real Madrid et de Monaco, le très expérimenté Paul Burgess se retrouve Directeur des surfaces sportives et de l’aménagement paysager du club londonien. Il doit gérer 40 pelouses avec une gestion totalement internalisée.
A Chelsea, les gros transferts ne concernent pas que les joueurs. A l’été 2023, le club londonien frappe un grand coup en s’offrant les services de Paul Burgess, un groundsman qu’on ne présente plus. Ce dernier arrive en tant que Directeur des surfaces sportives et de l’aménagement paysager, un poste à responsabilité qui l’amène à gérer et entretenir 40 terrains au total !
Paul Burgess, groundsman de renom au parcours européen
Dans le monde de l’entretien des pelouses sportives, la réputation de Paul Burgess n’est plus à faire. Le groundsman anglais a fréquenté plusieurs grands clubs européens, mais sa carrière a démarré en juillet 1995 à Blackpool, où il occupe le poste de groundsman assistant durant un an. Avant de rejoindre Arsenal pour se former jusqu’à devenir le Head Groundsman des Gunners en 1999. Une étape clé dans sa carrière, où il a notamment pu apporter sa pierre à l’édifice de l’Emirates Stadium. « A Arsenal, j’ai participé au projet de conception de l’Emirates Stadium car ils accordaient une grande importance à la qualité du terrain. J’ai eu mon mot à dire sur la forme du bol, le design du toit, l’emplacement des grands écrans, l’accès au terrain, le stockage pour l’équipe du terrain et, bien sûr, les lampes de culture », se souvient-il dans une interview accordée à SGL.
Durant son expérience à Arsenal, Paul Burgess glane 5 titres de Groundsman de l’année en Premier League. Des distinctions qui font rapidement de lui une référence mondiale qui attire les convoitises des plus grands clubs comme le Real Madrid, qu’il rejoint en 2009, initialement en tant que Grounds Manager puis en tant que Directeur des terrains et de l’environnement. A Madrid, en plus de la pelouse de Santiago Bernabeu, l’Anglais doit gérer les 12 terrains d’entrainement des Merengues et les 120 000 m² d’espaces verts. Il doit aussi s’adapter à un climat diamétralement opposé de ce qu’il a connu, ce qui nécessite d’utiliser des graminées différentes. « En Angleterre, on vit 4 saisons en une journée ce qui rend la planification un peu plus difficile que sous le soleil de Madrid. J’ai transformé le terrain du Santiago Bernabeu en l’un des meilleurs d’Europe et du monde, tout en élevant le centre d’entrainement à un niveau très élevé », se satisfait-il.
Plus de onze années après son arrivée à Madrid, Paul Burgess prend la direction de Monaco en 2021 où il supervise la construction et la planification du nouveau centre de performance du club de la Principauté. Avant de retourner, dès avril 2023, dans son Angleterre natale en rejoignant Chelsea.
40 pelouses sous sa responsabilité
Arrivé à Chelsea en tant que Directeur des surfaces sportives et de l’aménagement paysager, Paul Burgess doit faire face à un défi de taille : entretenir et gérer les pelouses de Stamford Bridge, de Kingsmeadow (domicile des féminines et des U21 de Chelsea) ainsi que les 38 terrains du Cobham Training Center, plus grand centre d’entrainement d’Europe.
Il a donc fallu s’adapter en apportant quelques changements : fini les sous-traitants, tout sera désormais géré en interne. « Cela signifie que nous avons dû embaucher 21 personnes supplémentaires, portant notre effectif à 46. Nous avons également investi dans des machines et des équipements et formé tout notre personnel, mais, au final, nous économisons de l’argent », explique-t-il à SGL.
La période des rénovations s’apparente à un véritable casse-tête au vu du nombre de terrains à gérer. « Le premier grand test a eu lieu en mars, avril et mai 2024, lorsque nous avons dû effectuer nous-mêmes toutes les rénovations des terrains. Cela concernait les 38 terrains d’entrainement et les deux terrains du stade. La planification était essentielle car les séances d’entrainement devaient se poursuivre pendant que nous rénovions. Rénover des terrains est une tâche courante, mais le faire à une si grande échelle ajoute un tout autre niveau de complexité », reconnait-il.
Sa vision de l’avenir de la profession
Lors de ses différentes expériences, Paul Burgess a su se montrer novateur. En Angleterre, en 2004 à Arsenal, il est le premier à traiter un terrain entier avec la luminothérapie. Vingt ans plus tard, à Chelsea, il est le premier à traiter tout un terrain avec des rampes de luminothérapie LED. En France, son passage à Monaco a inspiré plusieurs groundsmen sur le choix des variétés pour lutter face aux maladies. « Je cuisine toujours dans ma tête et je cherche sans cesse des moyens d’améliorer les choses. Je suis toujours à la recherche de la perfection, mais la vraie perfection n’existe pas », avoue-t-il.
Selon lui, l’avenir de la filière s’inscrit dans l’innovation. « Je pense que nous assisterons à une augmentation significative de la technologie robotique et que le rôle des données deviendra encore plus crucial. Les données nous aident à prendre des décisions plus éclairées et les gens veulent justifier chaque euro dépensé, ce qui va donc être bénéfique. Cependant, le rôle du groundsman sera toujours important car c’est lui qui prend des décisions en fin de compte. Un pilote, par exemple, s’appuie sur les instruments pendant le vol mais prend le contrôle à l’approche finale de l’atterrissage », argumente-t-il.
L’Anglais a également un regard avisé sur l’avenir environnemental avec l’interdiction des pesticides qui rend la recherche d’alternatives primordiale et la gestion de l’eau qui sera un enjeu primordial. « Je pense que nous devrions nous efforcer d’adopter un modèle plus durable et circulaire. A l’heure actuelle, nous gaspillons beaucoup d’eau au lieu de la capter. Il serait bénéfique de récupérer des nutriments du drainage, même si cela présente certains défis ».
D’après Paul Burgess, les stades seront de plus en plus polyvalents et accueilleront des événements lucratifs, il y aura ainsi davantage de pelouses hybrides et rétractables, ce qui ne serait pas sans conséquences. « L’augmentation du nombre d’événements pourrait potentiellement entrainer une légère baisse de la qualité des terrains. En tant que groundsman, je ne voudrais pas cela, mais si je peux maintenir une qualité de 90 % au lieu de 95 % tout en économisant beaucoup d’argent, ce sera une décision facile pour les propriétaires », estime-t-il. Il s’attend également à ce que les stades accueillent de plus en plus les équipes féminines, une « grande avancée qui comporte également ses propres défis ».