Entretien avec Pierrick Maneo, l'intendant du parcours du Golf du Domaine de Massane

Publié le 7 février 2022 à 06h00

Catégorie : Pratiques

Pierrick Maneo, l’intendant du parcours, répond aux différentes problématiques propres au Golf du Domaine de Massane mais également à celles auxquelles il a été confronté tout au long de sa carrière.

La semaine dernière, dans une interview de Julien Deleplancque, le directeur du Golf du Domaine de Massane nous présentait les stratégies écologiques et les ambitions qui sont et qui seront mises en place pour répondre au climat local pour réduire les maladies et l’utilisation de certains produits.

Aujourd’hui, Pierrick Maneo, l’intendant du parcours, répond aux différentes problématiques propres au Golf du Domaine de Massane mais également à celles auxquelles il a été confronté tout au long de sa carrière. Il termine par donner sa vision du futur de la profession.

Pourriez-vous vous présenter ?

Je suis devenu intendant de parcours au début des années 90. Je suis originaire de Bretagne et j’ai fait mes classes au Golf de Savenay puis au Golf de Caen Normandie et je suis venu m’installer dans le Sud il y a 17 ans maintenant pour travailler ici au Golf du Domaine de Massane. En ce qui concerne mon équipe, en temps normal, nous sommes 10 avec les saisonniers. Actuellement, nous sommes 7. Il est compliqué de recruter des saisonniers car les greenkeepers dans le golf se font de plus en plus rares car ils se dirigent dans les stades de foot et de rugby ou sur les hippodromes. De plus, nous avons un temps de formation très court. Sortir des gens des espaces verts et les mettre sur un golf est compliqué car il faut déjà un mois pour repérer le parcours et les spécificités de chaque trou. Mais cette année, nous allons embaucher deux personnes en CDI et on arrêtera avec les saisonniers.

Quelle est la spécificité du parcours ?

Il s’agit d’un 18 trous et d’un compact de 9 trous. On a un très gros practice à entretenir et cela prend beaucoup de temps. Les départs en herbe sont énormes, on a une zone importante pour l’académie. Ce qui prend beaucoup de temps à tondre et à nettoyer. On a une autre problématique, c’est la nuisance sonore. Il y a 9 trous qui se trouvent à proximité de maisons et pour l’entretien du parcours, c’est compliqué notamment au niveau des tontes. Si l’on doit tondre un matin pour un shootgun, c’est très problématique.

Quelles principales différences avez-vous identifié dans l’entretien de parcours de golf tout au long de votre carrière ?

Avant, j’étais chez Formule Golf où les moyens humains, matériels ou budgétaire étaient moins importants que maintenant. On tournait sur 27 trous avec des équipes de 6 greenkeepers maximum. Les moyens étaient vraiment limités mais, à l’époque, les parcours étaient neufs puisque l’on récupérait des terrains de sortie de construction. C’était le grand boom des années 90. D’importants moyens étaient mis au début mais d’année en année, cela se rétrogradait. Perte de budget, non renouvellement de matériels, on n’avait pas le choix au niveau des engrais, c’était la chaîne qui choisissait la couleur du parcours selon ce qu’ils avaient vu à la télé… On peut encore retrouver cela aujourd’hui dans certains golfs ou certaines chaînes.

Vous avez entretenu des parcours de golf sur des zones géographique différentes, quelles sont les principales différences ?

On peut dire qu’à chaque fois que l’on passe d’un golf d’une région à l’autre on exerce un métier différent. Par exemple ici, la saison hivernale est plus longue. On arrête de tondre au mois de décembre et cela pendant deux voire trois mois même si on fait des tontes de propreté. C’est complètement différent au point de vue météorologique. Ensuite, ces différences s’appliquent au niveau des maladies ou encore des graminées. On n’a pas vraiment de graminées indésirables à part le pâturin annuel. Le paspalum et l’éleusine sont les deux graminées qui posent problème ici. L’éleusine ne se tond pas, c’est comme du chanvre, elle forme des fibres quand la machine passe dessus. 2024 zéro phyto ? Je me demande bien qu’est-ce que l’on va vraiment pouvoir faire avec ces graminées ? Déjà qu’aujourd’hui, il n’y a rien pour le gérer correctement, que va-t-on faire demain. C’est la grosse problématique. Il faut ressemer le gazon, qu’il prenne le maximum de place pour qu’il se densifie et qu’il laisse très peu de place aux graminées invasives. Pour lutter contre ces invasions, on traite tâche par tâche.

Pour vous le zéro phyto n’est donc pas possible ?

En vue de l’exigence qu’il existe envers la qualité des parcours de golf, cela va être compliqué de garder certains standards. Et si on réduit cette exigence, vu les maladies que l’on a ici, comme le dollar-spot qui attaque toutes les trois semaines en moyenne, on risque de perdre notre clientèle qui ira jouer ailleurs dans d’autres pays comme en Espagne qui a le droit de traiter. On a très bien vu ce qu’il s’est passé en Belgique, tous les clients sont allés jouer dans la partie du pays qui autorisait les produits phytos…

Rédaction GSPH24

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