Prévention : gare à la pyriculariose [1/2]

Publié le 7 mai 2018 à 19h42

Catégorie : Pratiques

L’intersaison approche, les opérations de renouvellement des gazons de ligue 1 et ligue 2 également. L’occasion de faire un point de prévention sur une maladie de plus en plus recensée : la pyriculariose.

Rappelez-vous, il en était question dans l’un de nos précédents articles : un cas de pyriculariose avait été mis en évidence au Stade de la Mosson l’été dernier. L’agent pathogène responsable de cette maladie – Pyricularia grisae – a fait l’objet de plusieurs recensements en France métropolitaine depuis l’Euro 2016. Ainsi, un bulletin du réseau d’épidémio-surveillance Ecoumène faisait état en janvier dernier de nombreux cas de pyriculariose : à Montpellier donc, mais aussi à Gerland (Lyon), ainsi qu’au Stadium de Toulouse et à Geoffroy-Guichard (Saint-Etienne). Un an auparavant, Ecoumène signalait un cas de pyriculariose sur un terrain « à vocation sportive » (sic) de la Principauté de Monaco…

Au-delà de ces recensements – relativement récents – de pyricularia grisae sur les terrains de L1, le champignon n’est pas un inconnu des spécialistes : « La pyriculariose n’est pas une nouveauté en soi, confirme l’expert Hervé Cochard, dès le début des années 90 cette maladie était déjà présente dans les zones de production des graminées, ainsi que dans les zones de production céréalières. »

Graminée très fréquemment utilisée sur les terrains de sport (en football notamment) ainsi que sur les parcours de golf, le ray-grass est une espèce particulièrement vulnérable à Pyricularia grisae. Mais si les gazons de football sont le terrain d’élection du champignon, c’est par la conjonction d’un certain nombre de conditions défavorables : outre l’emploi de ray-grass, la période de semis – lors des intersaisons – correspond aux périodes les plus chaudes. S’ajoute à cela les arrosages abondants accompagnant la levée des semis. Les fortes doses d’azote appliquées lors de ces phases de semis n’arrangent rien à l’affaire : « Il arrive qu’on dépasse alors les 500 unités d’azote – et en Angleterre, cela peut monter jusqu’à 800, voire 1000 unités, note Hervé Cochard. Avec de telles quantités, on nourrit d’autant l’agent pathogène… Du ray-grass boosté à l’azote, qui plus est arrosé trois voire quatre fois par jour, le tout dans une enceinte confinée, offre toutes les conditions pour l’explosion de foyers infectieux.»

Pour l’expert, plusieurs mesures peuvent être prises pour prévenir la survenue de pyriculariose. À commencer par le recours à d’autres espèces de graminées, moins vulnérables que le ray-grass. « Pourquoi pas du pâturin des prés ? Certes il met plus de temps à lever, mais il pourrait être plaqué plutôt que semé. » Si pour ce dernier un semis est préférable à un plaquage, nécessité fait loi : un plaquage de pâturin des prés est un moyen de s’adapter aux conditions défavorables des rénovations d’intersaison. En complément, Hervé Cochard préconise l’emploi préventif de fongicides, de manière ponctuelle et raisonnée, à la manière d’un vaccin.

Comme le font certains intendants (comme au Vélodrome de Marseille, à l’Allianz Riviera de Nice ou au Stadium de Toulouse), l’emploi de ventilateurs pour pallier le confinement des stades et dissiper en partie l’humidité des gazons contribue à prévenir la maladie. L’emploi de biostimulants également, une fois le système racinaire bien développé.

Crédit photo : Hervé Cochard

Rédaction GSPH24

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