Rencontre avec Didier Poncet, l'intendant du Golf de la Tour de Salvagny
Publié le 29 mai 2019 à 06h23
Catégorie : Pratiques
Nous avons rencontré, Didier Poncet, l’intendant qui a participé à la création du Golf de la Tour de Salvagny il y a presque 30 ans et Olivier Goure, son adjoint. Ils nous dévoilent tout sur l’entretien de ce parcours très appréciés des golfeurs.
Didier Poncet, intendant duGolf de la Tour de Salvagnyrevient sur son parcours personnel « J’ai d’abord fait une école de paysage qui s’appelait à l’époque BTAO Jardins Espaces Verts puis j’ai enchaîné avec un Brevet de Technicien Agricole option Espaces Verts. J’ai ensuite intégré l’Ecole de Neuvic qui était la seule école de Greenkeepers en France à l’époque enCorrèze. J’ai réaliséun mois de stage àDivonne-les-Bains et un an de contrat au golf deSaint-Germain-en-Layeet depuis juin 1987 je travaille ici au Golf de la Tour de Salvagny dont j’ai participé à la création. »
Avez-vous participé à la totalité du projet ? Comment cela s’est-ildéroulé?
Oui, j’ai participé a la totalité du projet. Avec le fondateur, nous avons embauchéjusqu’à19 salariés. Il y a eu trois ans de chantier etnous avons tout créé nous-mêmes :génie civile, shaping, travail du sol, engazonnement, réseau d’arrosage automatique,installationde la station de pompage, système de décodeur, etc. en ne faisantappel àaucune entrepriseextérieure.
Comme nous le disons souvent avec Michel Gonnet, l’ancien PDG, ce golf est notre bébé, toutes les corrections que l’on peut apporter 25 ou 30 ans après, nous les faisons avec plaisir. Nous avons envie d’élever le niveau d’entretien et de prestation générale de ce golf, et ce, depuis 2008-2011 avec le président actuel. Nous avons de très bons retours de la part des joueurs.
Puis c’est au tour d’Olivier Goure, l’adjointdeDidier Poncet, de se présenter :J’ai fait une formation auLycée Agricole de Dunkerqueen 2015 pour devenirintendant de parcours de golf. Pendant la formation, j’ai travaillé auSuperflu Golf Clubqui est un parcours de golf 9 trous situé dans la Loire. Puis j’ai travaillé pendant troisans en tant qu’intendant dans un Golf 9 trous en Corse. J’ai intégréen octobre le Golf de la Tour de Salvagny car j’avais envie d’évoluer et c’était une très bonne opportunité pour moi. Je souhaitesuccéderà Didier pour devenir le futur intendant de ce parcours.
Quel substratest utilisé sur votre parcours ?
Sur le green, il s’agit d’un substrat 100% sable dans lequel nous allons apporter en surface 8 kg de matières organiques évoluées qui est un support très utilisé pour la semence que l’on va y apporter. Les matières organiques sont incorporées à l’aide d’un travail mécanique sur les 15 premiers cm du top sol du sable pour s’approcher d’une terre végétale. Là-dessus on va apporter entre 8 et 10 grammes au m2 d’agrostide stolonifère qui peut être tondue au bout de trois semaines si elle est positionnée à une bonne période de l’année. Nous avons longtemps utilisé la graminée Penneagle(qui a disparu dur marché) et maintenant nous utilisons Cobra Nova.
Comment s’organise votre plan de fertilisation ?
Avec l’habitude, nous n’en faisons plus, nous savons ce dont la plante a besoin et ce que le sol peut nous réserver. Nous faisons tout de même des analyses de temps en temps pour voir si nous sommes toujours dans le vrai. C’est le rythme des compétitions qui va nous faire plutôt passer en granulés ou plutôt en fertilisation liquide à certains moments de l’année. Si l’on fertilise à la mauvaise période, nous risquons de faire démarrer des maladies telle que la fusariose froide. Il faut se méfier des apports d’azote sur les greens pour éviter l’apparition de cette maladie. Nous en avions avant, il y a 25-30 ans, mais depuis une dizaine d’années, nous faisons un apport de charbon micronisé fin novembre qui permet d’absorber l’humidité de surface soit « X » fois son volume en eau. Ce qui empêche le développement et la prolifération du Microdochium Nivale, le champignon de la fusariose hivernale.
Avez-vous été récemment confronté à une maladie ?
Tous les étés nous sommes confrontés au dollar-spot lors de périodes chaudes et humides. Cette maladie touche la majorité des golfs de la planète entière !
Ces maladies se développent-elles plus facilement avec leschangements de réglementation sur l’utilisation des produits phytosanitaires mais aussi avec le réchauffement climatique ? Avez-vous développé de nouvelles méthodes pour y faire face ? Pensez-vous que cela va impacter le métier d’intendant ?
Effectivement, avec les changements climatiques, les maladies se propagent plus facilement. Nous essayons de mettre en place cette année un système faisant appel à des bactéries issues de notre propre sol. Ces bactéries vont être multipliées en laboratoire et adaptées à notre sol ainsi qu’à nos particularités (épaisseur de feutre, problèmes fongiques). Ensuite, le laboratoire nous les renverra et nous les apporterons en pulvérisation afin de lutter de façon biologique et d’anticiper certaines maladies telles que le dollar-spot notamment. Concernant le réchauffement climatique et les changements du métier d’intendant, chaque été ou presque nous avons des problèmes de canicule, notre métier est en train de changer mais nous devons adapter notre façon de travailler. C’est pour cela que nous misons sur l’avenir avec Olivier car il a fait des formations récentes où il a appris de nouvelles méthodes de travail avec de nouvelles technologies. Il a un regard nouveau sur la pratique.
Pourriez-vous nous présenter vos équipements qui vous permettent d’entretenir le parcours ? Comment entretenez vous votre parc matériels ?
Nous avons deux tondeuses à green Toro, deux tondeuses à départ et entretien spécifique verticut Spyke de marque Jacobsen, deux tondeuses à fairway Jacobsen, une tondeuse à rough Toro, cinq transporteurs parmis les marques John Deere, Toro, Club Car et Jacobsen, des tondeuses frontales Kubota, une simplex a green Ransomes, un râteau à bunker Jacobsen, des tracteurs Kubota de 23 à 64 chevaux, un broyeur à broussaille Sherpa asmotor 940 pour faire tous les talus des digues . Il dispose d’un système breveté dans son plateau qui fait qu’il a une lame pour la tonte classique et une lame qu’on appelle gyrobroyeur. C’est un appareil très intéressant. Nous avons également une déplaqueuse, un fer à repasser ou lisseuse de green pour améliorer la vitesse de green ainsi que du petit matériel telqu’une pilonneuse, des débroussailleuses, des taille-haies, des tronçonneuses, des souffleurs, etc.
Nous travaillons avec un mécanicien de chez Proturf qui vient une fois par semaine pour maintenir le parc matériel en état.
Comment s’organise votre travail mécanique ?
Nous faisons une aération à louchet creux de 12 mm de diamètre sur les greens lors de la dernière semaine de juillet, des verticuts ou défeutrages une fois par mois avec un top dressing derrière, un petit sablage léger de l’ordre de 1 demi litre au m2 avec un sable fin 200-500 microns et derrière le carottage, nous passons un sable 400-800 microns de l’ordre de 3l au m2.
Qu’avez-vous fait cette semaine ?
Hier nous avons plaqué 250 m2 de gazon de placage provenant de Sitoflor (Le Barp).
Quels sont les futurs projets d’investissement ? Comment sont prises les décisions ?
Il s’agit d’un verticut Maredo porté 3 points d’1m90 de large permettant de défeutrer le semi-rough, les bavettes de green, l’entourage de green et les départs. En ce qui concerne la prise de décisions, nous en parlons en équipe, puis nous faisons des essais avec les sociétés respectives et nous déterminons la marque qui nous convient le mieux. Puis nous le présentons au Conseil d’administration, qui accepte ou non ces investissements.
Comment s’organise l’arrosage de votre parcours et l’entretien de vos étangs?
Nous disposons d’un arrosage centralisé intégré qui a été rénové en 2008-2009 pour 650 000 euros. Nous avons 950 arroseurs tous équipés d’électrovannes incorporées avec un système à décodeur qui permet au logiciel Lynx de gérer des zones très restreintes. Chaque arroseur peut être commandé et dosé individuellement.
Concernant les étangs, nous avons deux compresseurs d’un demi-cheval chacun, qui alimente en oxygène six bulleurs disposés en fond d’étang. Ils vont créer des remous « h24 » afin de limiter l’eutrophisation de l’eau.
Disposez-vous d’une station météo ?
Nous avons une station météo qui nous donne l’ETP (évapotranspiration) et qui nous aide à programmer de façon optimale la dose d’arrosage pour la nuit suivante. Nous apportons entre 60-80% de cette ETP du jour sur les fairways et les départs et 100% sur les greens.
redaction.gsph24profieldevents.com (Lucas Sanseverino)