Rugby : Quels vont être les impacts futurs du changement climatique ?
Publié le 17 juin 2024 à 07h00
Catégorie : Actualités
World Rugby a publié un rapport présentant les impacts attendus du changement climatique sur la pratique du rugby dans le but de sensibiliser le public. Naturellement, les pelouses devraient être impactée, leur entretien aussi.
« Pour agir, nous devons d’abord comprendre. » Cette phrase, prononcée par le président de World Rugby, Sir Bill Beaumont, illustre tout l’enjeu du rapport publié par l’organisme internationale qui gère le rugby à XV et à VII. En effet, World Rugby s’est penchée sur les impacts attendus du changement climatique sur la pratique du rugby. Son objectif ? Sensibiliser l’écosystème du rugby concernant la relation complexe entre changement climatique et rugby et permettre aux parties prenantes de s’adapter pour préserver le sport.
« Le rapport que nous publions grâce à la participation de plusieurs fédérations et d’experts dans la lignée de notre Stratégie Environnementales 2030 vise à répondre à certaines des grandes questions concernant le changement climatique et notre sport. Il extrapole les données probantes disponibles et les études validées par la communauté scientifique en les appliquant au contexte de la pratique du rugby », explique Sir Bill Beaumont.
Le rapport nous plonge dans un monde à +2°C (et à +3°C) et met en avant les impacts de cette situation sur 10 nations du rugby grâce aux données présentes dans les rapports du GIEC et les travaux d’experts du climat et du sport, mais également grâce aux chiffres compilés par les fédérations membres.
Les enseignements du rapport
« Cette étude porte sur six risques climatiques principaux qui ont un impact direct et indirect sur le sport, ses athlètes, ses spectateurs, ses infrastructures et ses terrains, afin d’évaluer les implications probables pour le rugby », indique World Rugby.
Les 6 enseignements climatiques :
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- Augmentation du nombre de jours de chaleur extrême (>35°C) par an
- Augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses pour la moitié des pays étudiés
- Augmentation de l’occurrence et de la gravité des fortes précipitations et des crues soudaines pour 80 % des pays analysés.
- 1 grand stade sur 10 (parmi ceux de l’étude) sera exposé à un risque de submersion
- 1/3 des stades sur les 111 étudiés se trouvent dans des zones cycloniques et verront une augmentation de l’activité des vents et des cyclones
- Une majeure partie des régions climatiques étudiées seront soumises à des périodes d’humidité accrue, entrainant des souffrances supplémentaires aussi bien pour les athlètes, les officiels et les spectateurs.
L’étude démontre que les conséquences de ces aléas climatiques sur la pratique du rugby seront significatives et tendent à s’aggraver au fil des décennies. Joueurs et joueuses seront touchés par davantage de vagues de chaleur et verront leurs performances être impactés tandis que la santé des spectateurs sera également affectée.
Du côté des stades, ces derniers vont contribuer à la formation d’ilots de chaleur ou le devenir. Ils seront touchés par des phénomènes météorologiques extrêmes (cyclones, inondations, retrait et gonflement des sols argileux). Concernant les pelouses, leur gestion et leur entretien seront affectés par la chaleur extrême, des vagues de chaleur, des sécheresses, la disponibilité des ressources en eau, l’augmentation des couts, les nouvelles réglementations… Les fortes chaleurs et le taux d’humidité élevé vont davantage favoriser le développement de pathologies sur les gazons. Les terrains seront en plus affectés par la salinisation des sols (submersion marine).
En dehors des infrastructures, ce sont la santé et la performance des sportifs et sportives ainsi que l’image du sport qui vont être impactées. Tout l’écosystème sportif devra s’adapter et changer son modèle économique et apporter les modifications nécessaires à ses règles et règlements.
Quelles projections pour la France ?
World Rugby s’est penchée sur 10 grandes nations du rugby. Parmi elles figure la France. La FFR rapporte que sur la saison 2022-2023, 350 matchs ont été annulés ou reportés en raison des conditions climatiques. A en croire le rapport, ce chiffre pourrait augmenter étant donné que la France va connaitre une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses et une augmentation de la fréquence des fortes pluies et des inondations.
Dans le rapport, les projections climatiques de la France sont divisées en deux régions climatiques : Europe centrale et occidentale (comprend 6 stades majeurs dont ceux de Paris, La Rochelle, Nantes, Bordeaux) et Méditerranée (comprend 8 stades majeurs dont ceux de Toulouse, Pau, Toulon). Les chiffres sont comparés à ceux de la période 1995-2014.
Pour la zone Europe centrale et occidentale, les projections prévoient :
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- Scénario à +2°C : 5 jours de grande chaleur (>35°C) en plus, 10 % des matchs par saison auraient lieu dans une période avec un nombre accru de jours chauds
- Scénario à +3°C : 10 jours de grande chaleur en plus, 25 % des matchs par saison auraient lieu dans une période avec un nombre accru de jours chauds
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Selon les données utilisées, il n’y a pas de risque de submersion spécifique pour les six stades du Top 14 dans cette région climatique. Le rapport prévoit avec un haut niveau de confiance que la fréquence et l’intensité des précipitations vont augmenter.
Pour la zone Méditerranée :
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- Scénario +2°C : 10 jours de grande chaleur en plus, 30 % des matchs par saison auraient lieu dans une période avec un nombre accru de jours chauds
- Scénario +3°C : 20 jours de grande chaleur en plus, 30 % des matchs par saison auraient lieu dans une période avec un nombre accru de jours chauds
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Selon les données utilisées, il n’y a pas de risque de submersion spécifique pour les huit équipes du Top 14 qui se situent dans cette région. En revanche, région sera confrontée à une fréquence et une intensité accrue de sécheresses. Cette région sera confrontée à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des fortes précipitations et des crues éclair selon des prévisions de confiance moyenne.
Des recommandations pour renforcer la résilience du rugby au changement climatique
World Rugby conclut son rapport par 6 recommandations afin de renforcer la résilience du rugby au changement climatique. La première consiste à l’élaboration et la mise en œuvre de plans visant à réduire l’impact du rugby sur l’environnement par toutes les parties prenantes du rugby (clubs, organisateurs). Les fédérations peuvent notamment s’inspirer de la Stratégie environnementale 2030 de World Rugby, traduite en 4 langues. La deuxième consiste à intégrer toutes les projections climatiques dans les prises de décisions politiques et commerciales dans le but de se préparer aux impacts climatiques attendus et évolutifs.
World Rugby recommande également de développer, adopter et partager des outils de gestion afin de soutenir les actions décidées pour anticiper les effets du changement climatique sur le rugby. La fédération internationale encourage la mise en place d’un mécanisme de financement solidaire afin de venir en aide aux plus vulnérables et à ceux ayant subis des pertes et des dommages en raison du changement climatique. La cinquième recommandation est d’approfondir les recherches sur l’adaptation et la modification des pratiques, des lois, des règlements et des spécifications des événements de rugby. Enfin, la dernière recommandation consiste à promouvoir et soutenir les stratégies locales d’adaptation et d’atténuation du changement climatique pour le rugby.
Pour consulter le rapport dans son ensemble, CLIQUEZ ICI.