Stade de France : Olivier Emond revient sur une année 2024 mouvementée

Publié le 1 novembre 2024 à 07h00

Catégorie : Pratiques

Après une année 2023 marquée par la Coupe du Monde de Rugby, le Stade de France a accueilli en 2024 les Jeux Olympiques. L’année a été chargée, comme le confie Olivier Emond, Head Groundsman du Stade de France, qui revient sur les différentes tâches menées par son équipe et lui pour que cette année 2024 se déroule parfaitement.

Après une année aussi riche et mouvementée au Stade de France, comment vous sentez-vous ?

Entre l’accueil de la Coupe du Monde de rugby en septembre 2023 et celui des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, l’année a été particulièrement intense. Nous sommes fiers et satisfaits d’avoir réussi à livrer une pelouse de grande qualité pour ces deux évènements majeurs. Nous avons effectué un travail important avec les organisateurs en amont des compétitions ; le niveau d’exigence quant à la qualité du terrain était très élevé et il a fallu également permettre la bonne tenue des différentes cérémonies sur le terrain (ouverture/clôture de la Coupe du Monde de rugby, clôture des Jeux Olympiques, clôture des Jeux Paralympiques). Je tiens vraiment à féliciter mon équipe pour tout le travail effectué durant cette période.

 

Pouvez-vous revenir sur les principaux événements qui ont eu lieu cette saison au Stade de France ?

Nous avons accueilli 10 matches de la Coupe du Monde de rugby (8 septembre 2023 au 28 octobre 2023), notamment le match d’ouverture, les deux demi-finales et la finale. En ce qui concerne les Jeux Olympiques de Paris 2024, les tournois de rugby à 7 masculin et féminin se sont tenus au Stade à partir du 30 juillet 2024, puis les épreuves d’athlétisme et la cérémonie de clôture. Ce sont ensuite les épreuves de para-athlétisme qui ont pris le relais et enfin la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques le 8 septembre 2024.

 

Quelles ont été les modifications apportées à la pelouse en vue des olympiades ?

Il n’y a pas eu de travaux importants sur la surface de jeu pour l’accueil des Jeux Olympiques. Nous sortions de la Coupe du Monde de rugby et le terrain était aux normes de World Rugby ; qui était également l’instance en charge de l’organisation sportive du tournoi olympique de rugby à 7. Seul un scalpage et un nouveau semis début 2024 ont été réalisés suite à la Coupe du Monde de rugby.

 

Quelles sont les exigences pour une pelouse de Rugby à VII ? Quelle graminée/technologie/substrat ont été mis en place ?

Les exigences en termes de performance du terrain et de sécurité des joueurs sont relativement similaires entre le rugby à 7 et le rugby à 15. Nous avons cependant agi sur le renvoi d’énergie et la réactivité aux changements d’appuis qui sont plus nombreux au rugby à 7. Nous avions par ailleurs particulièrement travaillé les bandes de tontes pour donner aux joueurs des repères dans la longueur du terrain.

La pelouse a été semée début 2024 sur notre substrat sableux et fibré à 18cm de profondeur, celui sur lequel s’était déroulé la Coupe du Monde de rugby. J’avais sélectionné du Ray Grass anglais.

 

Quelles sont les exigences pour une pelouse d’athlétisme ? Était-ce la même que celle du Rugby à VII ?

Il n’y avait pas réellement d’attentes en termes de performance du terrain pour les épreuves d’athlétisme puisque la pelouse n’était utilisée que pour les lancers (javelot, poids, disque, marteau etc). Notre attention s’est en revanche portée sur la présentation du terrain et les aspects esthétiques pour que le rendu télévisuel et pour les spectateurs soit de grande qualité, ce qui a été le cas.

 

A quelles problématiques avez-vous dû faire face durant la compétition ?

Le vrai challenge dans ce type d’évènement internationaux est la coactivité avec l’ensemble des parties prenantes responsables de l’organisation. En dehors des épreuves, le terrain a été sollicité lors des répétitions des cérémonies, des opérations média etc. Notre travail quotidien consistait à programmer et effectuer les opérations de maintenance du terrain en fonction de l’état du gazon, des conditions climatiques et des besoins propres de l’organisateur. Cela demande notamment une grande capacité d’adaptation car tout cela évolue constamment.

 

En termes d’équipes, combien de forces-vives étaient mobilisées durant la compétition ? Quelles étaient les tâches quotidiennes à effectuer sur la pelouse ?

Nous étions 4 personnes à temps plein pour réaliser la maintenance quotidienne, la préparation match et la remise en état du terrain post match. Les tâches quotidiennes étaient majoritairement de la tonte, divoting, traçage mais également des aérations, du brossage ou encore des opérations de fertilisation.

 

Qu’est-ce que ça fait de vivre tout cela de l’intérieur et d’avoir un rôle déterminant ?

Il y a bien sûr une grosse pression sur nos épaules, ces évènements sont diffusés dans le monde entier et nous nous devons d’être à la hauteur. Une fois l’évènement passé, nous ressentons tout d’abord une énorme satisfaction pour le travail accompli mais aussi une immense fierté d’avoir participé à la réussite du plus grand événement mondial. Avant le début de l’évènement, j’ai demandé à mon équipe de faire évidemment preuve de la plus grande attention ; mais nous avons également collectivement essayé de prendre quelques instants pour en profiter. Travailler sur des Jeux Olympiques, cela n’arrive bien souvent qu’une fois dans une carrière ; et certains de mes confrères n’auront peut-être jamais cette chance. Je peux désormais dire : « j’y étais » !

 

Comment avez-vous géré les cérémonies d’ouverture et de clôture ? quels ont été leur impact sur la pelouse ?

Nous avons effectué un gros travail de planification opérationnelle avec les équipes d’organisation et la coordination a été de grande qualité. Tout le monde a été à l’écoute des problématiques et contraintes des uns et des autres et l’ensemble des intervenants était sensibilisé à nos demandes visant à préserver la pelouse.

Le travail réalisé en amont a permis de mettre en place des process pour les accès et le montage/démontage des différents éléments scéniques en fonction de leurs caractéristiques techniques et de l’impact potentiel sur le terrain.

L’impact le plus important a été suite à la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques car le gazon a été recouvert pendant plus de 30 heures durant lesquelles nous avons également rencontré de fortes chaleurs. Quelques zones en sont ressorties endommagées et ont nécessité un suivi et des travaux spécifiques afin que la surface de jeu soit homogène pour les Jeux Paralympiques.

 

La pelouse a-t-elle été utilisée pour les paralympiques ? Les exigences vis-à-vis de la pelouse changent-elles ?

La pelouse a été utilisé pour les épreuves de para-athlétisme, pour les épreuves de lancers. Les besoins des organisateurs étaient similaires à celles des Jeux Olympiques.

 

Quelle est la suite pour la pelouse du Stade de France ?

La pelouse a été remise en état suite aux trois concerts de Mylène Farmer fin septembre ; nous sommes heureux de retrouver trois matches de l’équipe de France de rugby et un match de l’équipe de France de football au mois de novembre. On ne s’ennuie jamais au stade de France !

Corentin RICHARD

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