Sécheresse et gestion de l’eau : Comment la filière s’est adaptée aux restrictions
Publié le 5 septembre 2022 à 05h00
Catégorie : Actualités
L’été 2022 est particulièrement « mouvementé » pour les intendants de terrains sportifs professionnels. Alors qu’une sécheresse historique sévit en France, tous les projecteurs sont braqués sur l’utilisation de l’eau pour l’arrosage des terrains sportifs. Si les terrains amateurs ont été mis au régime « sec », les gazons sportifs professionnels ont généralement eu droit à des dérogations pour pouvoir maintenir en vie les pelouses. Ce qui a déclenché une tempête médiatique sans précédent. GSPH24 a donc contacté les principales instances de la filière Gazon Sport Pro pour avoir leurs réactions.
S’il y a eu la trêve estivale pour le football et le rugby, il n’y en a pas eu pour le golf ou les hippodromes. Et les championnats de football ont repris début août alors que les rugbymen attendent les prochains week-ends pour faire leur rentrée. Tous ont des calendriers particuliers, des exigences et des contraintes différentes. Pourtant, tous sont confrontés à des problématiques similaires en matière de gestion de l’eau.
Quel régime de restriction pour les terrains de sport ?
En juin dernier, le ministère de la Transition écologique a adressé un « Guide de mise en œuvre des mesures de restriction des usages de l’eau en période de sécheresse » aux services chargés de leurs prescriptions :
Dans les zones en état d’alerte, l’arrosage des terrains de sport (football, rugby et hippodromes) est interdit entre 11 h et 18 h.
Dans les zones en crise, seul l’arrosage des terrains d’entrainement ou de compétition à enjeu national ou international est permis, sauf en cas de pénurie en eau potable, et il doit être réduit au maximum.
Dans un communiqué, la Ligue de Football Professionnelle (LFP) a invité « les clubs de Ligue 1 Uber Eats et Ligue 2 BKT et les Préfectures, qui sont les seules décisionnaires en la matière, à se rapprocher pour étudier localement si un arrosage le plus raisonné possible peut être mis en place ». La majeure partie des clubs professionnels a pu arroser ses pelouses. La LFP indique ne pas avoir sollicité les pouvoirs publics pour que les clubs obtiennent des dérogations, les discussions ayant eu lieu localement. Ce sont les clubs ou les propriétaires d’équipement qui, en justifiant des impératifs d’arrosage en quantités raisonnées, sont parvenus à obtenir des dérogations sous certaines conditions. La majorité des pelouses de football au niveau professionnel poussent sur un substrat sableux, ce qui nécessite un arrosage maitrisé et limité en quantité pour ne pas risquer le développement de maladies. La Ligue Nationale de Rugby a, quant à elle, relayé ce guide sécheresse à tous les clubs. Son expert terrain, Christophe Gestain, a directement échangé avec certains clubs pour les conseiller sur la gestion de l’eau durant cette période. Pour certains hippodromes, les restrictions ont eu raison de la fin de la saison. C’est notamment le cas de l’hippodrome de Saint-Malo, soumis à une interdiction totale d’arroser en Ille-et-Vilaine.
Un accord-cadre détaillant des mesures spécifiques pour les golfs
Pour le golf, la règlementation est différente. Les échanges sur la gestion de l’eau entre la filière golfique (FFG,GFGA, GEGF) et les trois ministères concernés (le ministère de la Transition écologique, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et celui des Sports) ont débuté il y a longtemps et ont abouti à la signature en 2019 de l’accord-cadre « Golf et Environnement » 2019-2024. Un accord-cadre golf et environnement a été signé pour la période 2019-2024. Mais les premiers échanges concernant la gestion de l’eau sont antérieurs. « Au sein de cet accord, au niveau de l’eau, nous sommes tenus de respecter un certain nombre de règles en fonction des niveaux d’alerte », indique Gérard Rougier, directeur Territoire, Equipement et Environnement à la FFG. « Nous avons toujours été très clairs : du moment qu’il y a tension sur la consommation d’eau potable par la population nous nous sommes toujours dit que nous réduirions au maximum voire, si on était contraint en cas de danger sanitaire, que nous arrêterions d’arroser. En crise nous arrosons que les greens mais avec seulement 30 % de la ressource nécessaire. L’ensemble des 18 greens d’un golf n’a besoin que d’une quantité d’eau de l’ordre de 60 m3 par jour pour que les graminées restent en vie », poursuit Gérard Rougier.
Voici les contraintes imposées aux golfs en fonction du niveau d’alerte d’après le guide sécheresse (qui reprend les engagements détaillés dans l’Annexe 1 de l’accord-cadre) :
En plus de ces mesures d’exception en cas de sècheresse, la filière golfique s’est également engagée à réduire globalement la consommation d’eau dans les golfs d’année en année pour essayer de n’utiliser que les ressources nécessaires.
…mais pas toujours appliqué
Malgré l’existence de cet accord-cadre, son application reste soumise à l’autorité des préfectures et il n’est ainsi pas toujours applicable en fonction des régions. « Dans une vingtaine de départements, les préfets n’ont pas suivi l’accord-cadre et ont interdit l’arrosage des golfs, y compris des greens. Toutefois, dans leurs arrêtés-cadre, les préfets stipulent qu’il est possible de demander une dérogation. Les golfs ont donc dû passer par des demandes de dérogations dans les départements qui n’ont pas accepté d’appliquer l’accord-cadre national », précise Gérard Rougier.
Dans ces départements, la FFG a joué le rôle de tampon entre les préfectures et les golfs. « Nous avons des échanges permanents avec nos golfs, nous avons été en discussion avec toutes les Directions Départementales de Territoire et des Equipements (DDTE). On a tenté d’aider les golfs à faire des demandes de dérogation pour pouvoir être traités comme leurs voisins des départements qui respectaient l’accord-cadre. A certains endroits les préfets ont accepté, à d’autres non. Globalement, ils ont refusé où il y avait un seuil de sécheresse extrême. Les choses se sont plutôt bien passées, à l’exception de quelques cas particuliers pour lesquels c’est encore très compliqué », ajoute-t-il.
Dès la rentrée, des échanges auront lieu entre la FFgolf et les ministères. « La FFgolf et les acteurs de la filière travaillent sans relâche avec les ministères et les pouvoirs publics dans le but de renforcer la portée de nos accords-cadres conclus avec les ministères des Sports, de la Transition Ecologique et de l’Agriculture », conclut Gérard Rougier.