[vidéo] Le « Zéro phyto » en débat
Publié le 15 mai 2020 à 05h00
Catégorie : Actualités
Cette semaine, retour sur la table-ronde des 48h du Gazon Sport Pro consacrée au « zéro phyto », en compagnie de Frédéric Cahay, Alain Dehaye, Rémy Dorbeau et Julien Garbino.
0% phyto = 100% mytho ? Dans une série de tribunes tout au long de l’année 2019, de nombreux témoins et observateurs ont apporté leur éclairage sur la question de l’utilisation (ou la non-utilisation) des produits phytosanitaires en terrain de sport professionnel. Cette table-ronde organisée dans le cadre des48h du Gazon Sport Pro, constituait une sorte de point d’orgue à cette série d’articles. Le sujet est pourtant loin d’être clos ! Les quatre témoins de cette table-ronde vont le démontrer tour à tour.
Pour Alain Dehaye, expert indépendant, fondateur des Ateliers du Golf, il est clair que les méthodes de travail des intendants doivent changer pour tendre à une diminution du recours aux produits « phyto », mais rappelle dans le même temps qu’il n’est pas tenable de maintenir un même niveau d’exigence sur un terrain toute l’année. D’autant plus que les solutions de substitution ne sont pas légion : les produits de biocontrôle auraient ainsi un niveau d’efficacité plafonnant à 70%…
Frédéric Cahay, superintendant du golf de Naxhelet et groundsman en chef du centre de Tubize, emboîte le pas à Alain Dehaye, à plus forte raison que la Wallonie est déjà soumise réglementairement au « zéro phyto » : les intendants d’Outre-Quiévrain doivent désormais actionner tous les leviers possibles : l’humidité, l’aération, la vie microbienne des sols, les biostimulants, la résistance des plantes aux pathogènes, les conversions de flore… Frédéric Cahay reconnaît avec humilité que ses confrères belges rencontrent « des succès mais aussi des échecs » et en appelle à un échange de bonnes pratiques entre professionnels, malgré la concurrence qui existe de fait entre les golfs…
D’ailleurs, pour Rémy Dorbeau, directeur du golf de Chantilly et vice-président de l’Agref, monter en épingle des « succès » localisés et épisodiques serait un leurre. La priorité serait plutôt de consentir de gros efforts de R&D dans le domaine du gazon sportif, regrettant au passage que la recherche soit encore trop peu soutenue en France, notamment par manque de coordination entre les instances représentatives des différentes disciplines sportives sur gazon (même si, de ce côté, des choses se mettent en place…)
Car des solutions nouvelles et bénéficiant d’un recul suffisant sont nécessaires pour que tous les intendants soient en mesure de jouer le jeu du « zéro phyto ». Les municipalités, qui ont dû se conformer à la Loi Labbé pour l’entretien de leurs espaces verts, ont pu trouver des solutions palliatives appliquées à leurs terrains de sport professionnel. Mais, comme le redoute Julien Garbino, responsable du service des espaces verts de la ville d’Agen et co-président de l’Antre (Association nationale des terrains de rugby Elite), il n’est pas sûr que toutes les communes jouent le jeu et n’écarte pas la possibilité que certaines possèdent encore dans leurs armoires des produits d’ores et déjà interdits ! Alain Dehaye agite également le chiffon rouge des produits biocides, qui créent plus de dégâts qu’ils n’en résolvent !
Pour ce dernier, il s’agit donc de s’interdire de dépasser certaines limites, tout en restant pragmatique : il ne sera pas possible de changer de système sans formation, sans anticipation (donc sans outils permettant d’évaluer la situation), sans produits de nouvelle génération et sans de nouvelles stratégies (donnant la part belle aux travaux mécaniques notamment). Mais il se veut optimiste, estimant que les professionnels pourront à terme faire du « zéro phyto » si « tout le monde va dans le même sens. »
redaction.gsph24profieldevents.com (Idir Zebboudj)